Lot Essay
Nous remercions Madame Emilie Beck Saiello, spécialiste de l'artiste et auteur de Le Chevalier Volaire un peintre français à Naples au XVIIIème siècle, Naples, 2004, d'avoir confirmé l'attribution après examen du tableau. Madame Beck Saiello nous a aimablement communiqué la notice suivante.
Né en 1729 à Toulon dans une famille d'artistes - son père, Jacques, était peintre officiel de la ville et son grand-père, Jean, 'maître peintre dans le port' - Pierre Jacques Volaire reçoit une formation de peintre de marine (C. Ginoux, Le chevalier Volaire et les autres peintres toulonnais de ce nom (1660-1831), 1893, pp. 263-267). En 1754, Joseph Vernet, chargé par Louis XV de réaliser la série des Ports de France, s'attache le jeune artiste qui deviendra son assistant jusqu'en 1762. En 1763, Volaire part en Italie. A Rome, il continue de peindre des marines et des paysages dans le goût de Vernet et obtient, probablement l'année suivante, le titre de chevalier comme l'atteste l'Incendie d'un palais à Rome, signé 'LE CHE PJ VOLAIRE FECIT IN ROMA 1764' (collection particulière). A partir de 1767, il est à Naples, où il s'installe définitivement en 1769, jusqu'à sa mort, survenue le 19 septembre 1799. Fasciné par le Vésuve, alors en pleine activité, Volaire trouve un sujet qui révèle son talent, lui permet de s'émanciper du maître et de devenir, devant Hackert, Fabris ou encore Wütky et Lacroix de Marseille, le spécialiste incontesté des éruptions du volcan. 'No painter ever excelled Volaire in water, fire and moonlight scenes. Many have attempted to paint eruptions of Mount Vesuvius ; but unless they are present at the time of an eruption, such paintings must be very imperfect'. Ainsi s'exprime Henry Blundell (An Account of the Statues, Busts...and Paintings at Ince. Collected by H. B. Liverpool, 1803, pp. 227-228), l'un de ces nombreux voyageurs du 'Grand Tour' qui se sont rendus à Naples dans la seconde moitié du XVIIIème siècle et ont compté parmi les clients du peintre.
Volaire répresente le Vésuve selon trois formules que l'acheteur choisit en fonction de son budget, de son goût, ou encore de l'éruption à laquelle il a assisté : vue depuis la rive du golfe de Naples, probablement depuis son appartement du quartier de Chiaia (cf. M. Torcia, Relazione dell'ultima eruzione del Vesuvio, accaduta nel mese di agosto di questo anno 1779, Naples, 1779, pp. 58-59) ; vue depuis la sortie orientale de la ville, avec le pont de la Madeleine (un schéma de composition adopté dès le XVIIème siècle par les peintres napolitains à l'occasion de l'éruption de 1631 et popularisé par la gravure de Sandrart) ; ou enfin, comme ici, vue depuis l' Atrio del Cavallo, c'est-à-dire la partie septentrionale de l'actuelle Valle del Gigante entre le Vésuve et la Somma, qui tire son nom de sa forme en fer à cheval. Cette dernière déclinaison, de loin la plus impressionnante avec sa vision rapprochée du cratère, était probablement la formule préférée des voyageurs qui avaient fait l'ascension du mont : le parcours sur les flancs du volcan, objet de nombreux récits de voyage, est ici décrit avec précision par le peintre, qui introduit de discrets portraits parmi les figures du premier plan. Ce fut cette version que retint également l'Abbé de Saint-Non pour son Voyage pittoresque de Naples et de Sicile (I, pl. 32). L'efficacité de la représentation et son caractère spectaculaire résident essentiellement dans l'habilité du peintre à rendre les contrastes: le jaune orangé de la lave incandescente et le bleu violacé du ciel, la lumière argentée de la lune, ses reflets dans les eaux du golfe et les nuées rougeoyantes, l'aspect visqueux de la lave rendu par des empâtements, la matière plus fluide et plus lisse du ciel et des rochers, enfin la masse imposante du volcan et les fragiles silhouettes des spectateurs qui, admiratifs, curieux ou effrayés, s'agitent au premier plan.
L'éruption peinte ici par Volaire est probablement celle de 1771 (comme le pense Giovanni P. Ricciardi de l'Osservatorio Vesuviano). D'ailleurs, le tableau ressemble, par sa composition, à celui de l'Art Institute de Chicago ainsi qu'à d'autres versions signées et datées du 14 mai 1771, soit quelques jours après l'éruption qui dura du 1er au 11 mai (E. Beck Saiello, op. cit., Naples 2004, p. 103). Toutefois, l'exécution de la toile peut très bien être postérieure. On sait en effet, par exemple, qu'en 1777, Charles Townley passa commande à Volaire de deux tableaux représentant une éruption survenue dix ans plus tôt. Faute de pouvoir donner à ce tableau une datation précise, nous pouvons néanmoins considérer qu'il appartient à la pleine maturité de l'artiste, c'est-à-dire aux années 1770 ou à la première moitié des années 1780.
Né en 1729 à Toulon dans une famille d'artistes - son père, Jacques, était peintre officiel de la ville et son grand-père, Jean, 'maître peintre dans le port' - Pierre Jacques Volaire reçoit une formation de peintre de marine (C. Ginoux, Le chevalier Volaire et les autres peintres toulonnais de ce nom (1660-1831), 1893, pp. 263-267). En 1754, Joseph Vernet, chargé par Louis XV de réaliser la série des Ports de France, s'attache le jeune artiste qui deviendra son assistant jusqu'en 1762. En 1763, Volaire part en Italie. A Rome, il continue de peindre des marines et des paysages dans le goût de Vernet et obtient, probablement l'année suivante, le titre de chevalier comme l'atteste l'Incendie d'un palais à Rome, signé 'LE CHE PJ VOLAIRE FECIT IN ROMA 1764' (collection particulière). A partir de 1767, il est à Naples, où il s'installe définitivement en 1769, jusqu'à sa mort, survenue le 19 septembre 1799. Fasciné par le Vésuve, alors en pleine activité, Volaire trouve un sujet qui révèle son talent, lui permet de s'émanciper du maître et de devenir, devant Hackert, Fabris ou encore Wütky et Lacroix de Marseille, le spécialiste incontesté des éruptions du volcan. 'No painter ever excelled Volaire in water, fire and moonlight scenes. Many have attempted to paint eruptions of Mount Vesuvius ; but unless they are present at the time of an eruption, such paintings must be very imperfect'. Ainsi s'exprime Henry Blundell (An Account of the Statues, Busts...and Paintings at Ince. Collected by H. B. Liverpool, 1803, pp. 227-228), l'un de ces nombreux voyageurs du 'Grand Tour' qui se sont rendus à Naples dans la seconde moitié du XVIIIème siècle et ont compté parmi les clients du peintre.
Volaire répresente le Vésuve selon trois formules que l'acheteur choisit en fonction de son budget, de son goût, ou encore de l'éruption à laquelle il a assisté : vue depuis la rive du golfe de Naples, probablement depuis son appartement du quartier de Chiaia (cf. M. Torcia, Relazione dell'ultima eruzione del Vesuvio, accaduta nel mese di agosto di questo anno 1779, Naples, 1779, pp. 58-59) ; vue depuis la sortie orientale de la ville, avec le pont de la Madeleine (un schéma de composition adopté dès le XVIIème siècle par les peintres napolitains à l'occasion de l'éruption de 1631 et popularisé par la gravure de Sandrart) ; ou enfin, comme ici, vue depuis l' Atrio del Cavallo, c'est-à-dire la partie septentrionale de l'actuelle Valle del Gigante entre le Vésuve et la Somma, qui tire son nom de sa forme en fer à cheval. Cette dernière déclinaison, de loin la plus impressionnante avec sa vision rapprochée du cratère, était probablement la formule préférée des voyageurs qui avaient fait l'ascension du mont : le parcours sur les flancs du volcan, objet de nombreux récits de voyage, est ici décrit avec précision par le peintre, qui introduit de discrets portraits parmi les figures du premier plan. Ce fut cette version que retint également l'Abbé de Saint-Non pour son Voyage pittoresque de Naples et de Sicile (I, pl. 32). L'efficacité de la représentation et son caractère spectaculaire résident essentiellement dans l'habilité du peintre à rendre les contrastes: le jaune orangé de la lave incandescente et le bleu violacé du ciel, la lumière argentée de la lune, ses reflets dans les eaux du golfe et les nuées rougeoyantes, l'aspect visqueux de la lave rendu par des empâtements, la matière plus fluide et plus lisse du ciel et des rochers, enfin la masse imposante du volcan et les fragiles silhouettes des spectateurs qui, admiratifs, curieux ou effrayés, s'agitent au premier plan.
L'éruption peinte ici par Volaire est probablement celle de 1771 (comme le pense Giovanni P. Ricciardi de l'Osservatorio Vesuviano). D'ailleurs, le tableau ressemble, par sa composition, à celui de l'Art Institute de Chicago ainsi qu'à d'autres versions signées et datées du 14 mai 1771, soit quelques jours après l'éruption qui dura du 1er au 11 mai (E. Beck Saiello, op. cit., Naples 2004, p. 103). Toutefois, l'exécution de la toile peut très bien être postérieure. On sait en effet, par exemple, qu'en 1777, Charles Townley passa commande à Volaire de deux tableaux représentant une éruption survenue dix ans plus tôt. Faute de pouvoir donner à ce tableau une datation précise, nous pouvons néanmoins considérer qu'il appartient à la pleine maturité de l'artiste, c'est-à-dire aux années 1770 ou à la première moitié des années 1780.