Lot Essay
Ce bureau, datant du début du style Louis XVI, est estampillé par Léonard Boudin (1735 - vers 1804) qui devint maître-ébéniste en 1761. D'origine modeste, il connut rapidement un véritable succès commercial ; après avoir au début de sa carrière exécuté des meubles pour des marchands-ébénistes que ces derniers vendaient, Boudin s'installa lui-même comme marchand entre 1772 et 1775 en ouvrant une boutique rue Froidmanteau. Il fit alors travailler des ébénistes tels que Gilbert, Foullet, Bayer, Topino, Cordié et Evalde, dont on trouve l'estampille auprès de celle de Boudin sur des pièces qu'il vendait dans sa boutique (Alexandre Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p. 271). La plupart des pièces néo-classiques portant l'estampille de Boudin ne sont donc pas considérées comme ayant été réalisées par lui.
Néanmoins, ce bureau a quasi certainement été exécuté par Léonard Boudin. On peut le comparer au bureau plat dans le style de Montigny ou de Dubois que Boudin vendit à l'ébéniste du roi Gilles Joubert qui, en 1771, le livra au Comte de Provence à Compiègne. La même année, Joubert livra une commode à la grecque dans le style de Roger Vandercruse, également pour le Comte de Provence, mais pour Fontainebleau. On retrouve sur cette commode l'estampille de Boudin à qui la commode fut certainement sous-traitée. Cette commode figura dans la vente de la collection de Madame Robert Tritton à Godmersham Park, Christie's 6 au 9 juin 1983, lot 315 (Hugh Roberts, 'Gilles Joubert as subcontractor: some recent discoveries', Furniture History Society 21 (1985), p. 34 fig. 4). Boudin démontre sa capacité à pouvoir exécuter des meubles dans n'importe quel style requis.
LA MARQUE JG
Le présent bureau est estampillé à deux reprises d'une marque constituée de trois croix -les armes de la ville d'Amsterdam-, surmontées par une couronne et encadrées par les lettres J et G de la guilde des ébénistes. L'usage de cette estampille est documenté en 1771. Cette année là, la ville d'Amsterdam promulgua un décret interdisant l'importation de mobilier étranger. En effet, les ébénistes locaux se plaignaient du succès croissant du mobilier en provenance de France et d'autres pays et des conséquences dramatiques de ces importations pour leurs affaires. Les marchands qui avaient alors en stock des meubles "d'importation" se plaignirent de l'interdiction qui leur était faite de vendre les meubles déja achetés. Il fut alors décidé de les autoriser, dans un délai de trois mois, à vendre des meubles "d'importation" à condition que ceux-ci soient estampillés par la guilde. Un certain nombre de meubles français portant cette estampille ont été identifés ; ceux-ci devaient donc être sur le marché à Amsterdam en 1771 (Reinier Baarsen, 'French furniture in Amsterdam in 1771', Furniture History Society 29 (1993), pp. 114-128). La plupart de ces meubles,
tant des oeuvres d'ébénistes que de menuisiers, sont realiés dans le style Transition. Parmi les pièces identifiées on trouve un secrétaire à abattant en marqueterie par Nicolas Petit. Totalement néo-classique, il est décoré en marqueterie avec un trophée musical et des vases d'après Maurice Jacques (Baarsen, fig. 11). Le présent bureau illustre combien les amateurs avertis d'Amsterdam suivaient les dernières tendances parisiennes et étaient demandeurs de pièces illustrant la toute dernière mode. La présence de cette marque d'importation d'Amsterdam permet une datation précise de ce bureau ; en aucune façon il ne peut être postérieur à 1771.
Soulignons que cette marque JG se trouve sur ce bureau en deux illustrations disctinctes: l'une inscrite dans un écusson et l'autre inscrite directement dans le bois. Ces deux versions sont connues (Baarsen, figs. 1 et 2), mais elles n'avaient jamais été trouvées toutes les deux sur une même pièce.
Si les importations d'oeuvres d'art françaises de la plus haute qualité furent très importantes au XVIIIe siècle, la plupart de ces pièces quittèrent le pays aux XIXe et XXe siècles et peu sont aujourd'hui susceptibles d'être identifées. Parmi les exemples d'oeuvres françaises majeures que l'on vit aux Etats-Unis, on trouve la remarquable pendule en bronze doré de Pierre le Roy vendue par Rudolph Louis Cresp d'Amsterdam, provenant de la collection Wernher, Christie's, Londres, 5 juillet 2000, lot 71.
Nous remercions Docteur Reinier Baarsen pour son aide dans l'élaboration de cette note.
Néanmoins, ce bureau a quasi certainement été exécuté par Léonard Boudin. On peut le comparer au bureau plat dans le style de Montigny ou de Dubois que Boudin vendit à l'ébéniste du roi Gilles Joubert qui, en 1771, le livra au Comte de Provence à Compiègne. La même année, Joubert livra une commode à la grecque dans le style de Roger Vandercruse, également pour le Comte de Provence, mais pour Fontainebleau. On retrouve sur cette commode l'estampille de Boudin à qui la commode fut certainement sous-traitée. Cette commode figura dans la vente de la collection de Madame Robert Tritton à Godmersham Park, Christie's 6 au 9 juin 1983, lot 315 (Hugh Roberts, 'Gilles Joubert as subcontractor: some recent discoveries', Furniture History Society 21 (1985), p. 34 fig. 4). Boudin démontre sa capacité à pouvoir exécuter des meubles dans n'importe quel style requis.
LA MARQUE JG
Le présent bureau est estampillé à deux reprises d'une marque constituée de trois croix -les armes de la ville d'Amsterdam-, surmontées par une couronne et encadrées par les lettres J et G de la guilde des ébénistes. L'usage de cette estampille est documenté en 1771. Cette année là, la ville d'Amsterdam promulgua un décret interdisant l'importation de mobilier étranger. En effet, les ébénistes locaux se plaignaient du succès croissant du mobilier en provenance de France et d'autres pays et des conséquences dramatiques de ces importations pour leurs affaires. Les marchands qui avaient alors en stock des meubles "d'importation" se plaignirent de l'interdiction qui leur était faite de vendre les meubles déja achetés. Il fut alors décidé de les autoriser, dans un délai de trois mois, à vendre des meubles "d'importation" à condition que ceux-ci soient estampillés par la guilde. Un certain nombre de meubles français portant cette estampille ont été identifés ; ceux-ci devaient donc être sur le marché à Amsterdam en 1771 (Reinier Baarsen, 'French furniture in Amsterdam in 1771', Furniture History Society 29 (1993), pp. 114-128). La plupart de ces meubles,
tant des oeuvres d'ébénistes que de menuisiers, sont realiés dans le style Transition. Parmi les pièces identifiées on trouve un secrétaire à abattant en marqueterie par Nicolas Petit. Totalement néo-classique, il est décoré en marqueterie avec un trophée musical et des vases d'après Maurice Jacques (Baarsen, fig. 11). Le présent bureau illustre combien les amateurs avertis d'Amsterdam suivaient les dernières tendances parisiennes et étaient demandeurs de pièces illustrant la toute dernière mode. La présence de cette marque d'importation d'Amsterdam permet une datation précise de ce bureau ; en aucune façon il ne peut être postérieur à 1771.
Soulignons que cette marque JG se trouve sur ce bureau en deux illustrations disctinctes: l'une inscrite dans un écusson et l'autre inscrite directement dans le bois. Ces deux versions sont connues (Baarsen, figs. 1 et 2), mais elles n'avaient jamais été trouvées toutes les deux sur une même pièce.
Si les importations d'oeuvres d'art françaises de la plus haute qualité furent très importantes au XVIIIe siècle, la plupart de ces pièces quittèrent le pays aux XIXe et XXe siècles et peu sont aujourd'hui susceptibles d'être identifées. Parmi les exemples d'oeuvres françaises majeures que l'on vit aux Etats-Unis, on trouve la remarquable pendule en bronze doré de Pierre le Roy vendue par Rudolph Louis Cresp d'Amsterdam, provenant de la collection Wernher, Christie's, Londres, 5 juillet 2000, lot 71.
Nous remercions Docteur Reinier Baarsen pour son aide dans l'élaboration de cette note.