JACQUES MAJORELLE (FRANCAIS, 1886-1962)
COLLECTION PARTICULIERE, SUD-OUEST DE LA FRANCE
JACQUES MAJORELLE (FRANCAIS, 1886-1962)

Le Souk El Khémis

Details
JACQUES MAJORELLE (FRANCAIS, 1886-1962)
Le Souk El Khémis
signé et situé 'J. Majorelle Marrakech' (en bas à droite)
gouache rehaussée d'or et d'argent sur papier noir
56,6 x 71,1 cm. (22¼ x 28 in.)
Further details
THE EL KHEMIS SOUK, GOUACHE HEIGHTENED WITH SILVER AND GOLD ON BLACK PAPER, SIGNED BY JACQUES MAJORELLE

Brought to you by

Caroline Lescure
Caroline Lescure

Check the condition report or get in touch for additional information about this

If you wish to view the condition report of this lot, please sign in to your account.

Sign in
View condition report

Lot Essay

" Et dans ces souks éclaboussant de vie féconde et heureuse où j'ai travaillé l'autre jour au milieu d'une foule indifférente toute à son activité marchande, bourdonnant comme une ruche d'abeilles [...], l'oeil s'enfonce voluptueusement [...]. Celui qui vend des laines et des soies brillantes que le soleil zèbre de taches étincelantes est-il plus beau que cet autre avec ses cuirs pourpres [...] ? Non. Ce sont des dieux magnifiques, des magiciens sublimes devant lesquels l'extase seule est permise ".
Jacques Majorelle, lettre à Etienne Cournault, 27 novembre 1917.



" A Marrakech, le cinquième jour de la semaine (Khémis), était jour de marché ", raconte Félix Marcilhac (La Vie et l'OEuvre de Jacques Majorelle, p. 52). " Une foule nombreuse se pressait aux abords des murs de la ville, à l'extérieur des remparts. Les paysans des montagnes, les cultivateurs des plaines et les artisans de tous les villages environnants venaient y présenter leurs produits. Les femmes voilées y proposaient les couvertures qu'elles avaient tissées elles-mêmes sur le sol de leur maison de prisé. Devant Bab el Khémis, l'une des portes de la ville, les gens se tenaient debout ". Cette perspective unique, donnant sur l'une des seules portes de Marrakech dont les remparts crénelés soient encore aujourd'hui parfaitement conservés, a éveillé l'imagination de Jacques Majorelle dès son arrivée au Maroc en 1917 et l'a accompagnée jusqu'en 1960, deux ans avant sa mort.

Bien plus que ses qualités d'ordre topographique, le souk el Khémis réunit un ensemble d'éléments ne pouvant que séduire le peintre : la cohabitation des marchands de tapis et de couvertures avec ceux des chameaux et des moutons, l'aspect éternellement renouvelé de ce marché hebdomadaire, si différent de celui des commerçants 'sédentaires' de la médina, et surtout ces femmes venues de bien plus loin que l'oued Issil, ne laissant apparaître que leurs yeux à travers les longs tissus qui les habillent. Leur élégance statuesque, leurs gestes lents et gracieux habitent Majorelle au point qu'elles vont passer du rang de simples figurantes à celui de modèles principaux, apparaissant colossales au premier rang des compositions.

La série des Souk el Khémis que Jacques Majorelle peindra tout au long de sa carrière nous permet de suivre l'évolution de son procédé créatif, dont les changements cruciaux surviendront dans les années 1920. Passant d'une touche presque impressionniste, d'une palette très chaude caractéristique de la période 1922-1924, il expérimente les épais contours noirs rappelant la technique du vitrail pour tenter une simplification extrêmement stylisée du trait et un grand réalisme des couleurs et finir, au début des années 1930, par incorporer des rehauts d'or et d'argent sur la gouache, comme en témoigne la version présentée ici. D'abord utilisés sur papier noir avec un but purement décoratif, ceux-ci vont très vite acquérir un rôle primordial, comme en témoigne Robert Boutet : " A la base de ce nouveau procédé se trouve l'emploi des métaux or et argent qui donnaient aux premières oeuvres une apparence décorative rappelant parfois les précieux travaux de l'art persan []. A force d'étude et de persévérance, Majorelle est parvenu au but qu'il recherchait. Il a dépouillé les métaux de l'influence décorative qu'ils apportaient fatalement dans l'oeuvre et il a réussi ce véritable miracle de leur faire jouer, dans l'ensemble, le rôle de couleurs " (Les Kasbahs de l'Atlas peintes par Majorelle, La Vigie Marocaine, avril 1929).

More from Tableaux Orientalistes et Art Moderne Arabe et Iranien

View All
View All