CHARLES MOREAU (RIMAUCOURT 1760-?)
CHARLES MOREAU (RIMAUCOURT 1760-?)

La mort de Virginie

Details
CHARLES MOREAU (RIMAUCOURT 1760-?)
La mort de Virginie
signé et daté 'Ces Moreau Pxit 1808' (en bas à droite)
huile sur toile
181 x 280 cm.
Provenance
collection privée du sud-ouest de la France, sans doute depuis la première moitié du XIXème siècle.
Literature
E. Delécluze, David, son école et son temps, Paris, 1855, pp. 24-28.
E. de Maintenant, 'La mort de Virginie : redécouverte d'une oeuvre néo-classique du peintre méconnu Charles Moreau', dans L'Estampille-Objet d'Art, juin 2011.
Exhibited
Salon de 1827.
Further details
THE DEATH OF VIRGINIA, OIL ON CANVAS, SIGNED AND DATED 1808, BY CHARLES MOREAU

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Caroline Lescure
Caroline Lescure

Lot Essay

Avant la récente réapparation de cette oeuvre, Charles Moreau n'était plus connu que par de nombreux documents d'archives le mentionnant ainsi que par quelques dessins et gravures. Il fut pourtant un élève apprécié de David, comme en témoigne la biographie du chef de file du néo-classicisme écrite par Etienne Delécluze : dès 1796, David commentait, dans l'atelier qu'il avait prêté à Charles Moreau, sa Mort de Virginie. Sa critique fut globalement positive, mais il encourageait Moreau à se défaire d'une certaine raideur dans les personnages. Celle-ci était sans doute dûe au fait que Moreau avait bénéficié d'une double formation : d'abord d'architecte, puis de peintre. Moreau remporta même en 1785 le premier prix de Rome d'architecture, puis, après un séjour de quatre ans en Italie, gagna en 1792 le second prix en peinture. C'est alors qu'il intégra l'atelier de David.
Le tableau, daté de 1808, ne fut exposé qu'au Salon de 1827, alors que le néo-classicisme était passé de mode, et à l'apogée du règne du plus légitimiste des monarques du XIXème siècle, Charles X, alors même que le sujet, qui invitait ouvertement le peuple à la révolte lorsque celle-ci est légitime, était "d'esprit révolutionnaire". Il y reçut des critiques plutôt négatives, ce qui ne peut surprendre aujourd'hui. Mais il constitue sans doute le "grand oeuvre" d'un peintre dont la carrière reste par ailleurs largement inconnue.
"C'est par ce sang innocent que je voue ta tête aux dieux infernaux", tels furent les propos tenus par le Romain Virginius, contraint de sacrifier sa propre fille (avec l'accord de celle-ci) pour la soustraire au désir du tribun Appius Claudius. L'épisode, rapporté par Tite-Live, conduisit la plèbe romaine à renverser le tyran Appius Claudius, avec succès. Le sujet, héroïque et moralisateur, avait été mis à la mode par un grand tableau de Gabriel Doyen, très admiré au salon de 1759. En 1795, Guillaume Guillon dit Lethière, un autre émule de David, présenta lui aussi au Salon une mort de Virginie, mais qui n'était alors qu'un dessin. Tout comme Moreau, Guillon-Lethière n'exposa son tableau que de longues années plus tard, en 1831 seulement (dès 1828, Guillon-Lethière avait exposé à l'Egyptian Hall à Londres son tableau, mais il n'avait pas osé, étant donné le contexte politique, le dévoiler à Paris). Les deux tableaux, celui de Moreau et celui de Guillon-Lethière, ont de nombreux points communs, ne serait-ce que leurs dimensions et leur "durée d'exécution" exceptionnelles, mais l'oeuvre de Moreau est encore plus néoclassique, par son caractère en frise, ses couleurs primaires et la clarté des expressions décrites, que celle de son condisciple.

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