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Details
STAËL, Germaine Necker, dite madame de (1766-1817). Lettre autographe à Benjamin Constant. "Londres Ce 1er avril 1814". 3 pp. in-8 à l'encre sur un double feuillet de papier filigrané "Ivy Mill 1813". Adresse "Monsieur Benjamin Constant de /Rebecque. Chevalier de l'Etoile Polaire. Chez Mr Dubois Banquier à Liège Pays Bas" en suscription autographe au dos du second feuillet. Légère déchirure causée par la rupture du cachet de cire noire.
BELLE LETTRE AUTOGRAPHE À BENJAMIN CONSTANT : "C'EST VOUS QUI AVEZ PERDU NOS VIES PAR L'INSTABILITÉ DE VOTRE CARACTÈRE."
Madame de Staël a écrit cette lettre, depuis Londres, où elle s'est installée en 1813, en attendant de pouvoir rentrer en France, après dix ans d'exil. Elle a reçu de Benjamin Constant un mémoire qu'elle a transmis à l'ambassade d'Autriche à Londres et lui communique le jugement qui en a été fait: "Ils disent qu'il y a beaucoup d'esprit mais qu'ils ne conçoivent pas très bien comment on pourrait ôter le père en gardant le fils - en effet c'est le moyen d'exécution qui manque." Ce passage fait probablement allusion à un projet de Benjamin Constant suggérant l'abdication de Napoléon en faveur de l'Aiglon, son fils.
Puis elle donne son propre jugement politique sur une restauration qui se profile: "l'ancien régime sera rétabli. C'est peut-être meilleur mais c'est triste". Dans la perspective d'une éventuelle visite de Constant, elle rassure ce dernier sur l'accueil que pourrait lui faire son second mari, le jeune suisse Albert de Rocca qu'elle a épousé en 1811: "Ce que je puis vous affirmer, c'est que Mr de Rocca se conduira avec vous comme avec Mr de Montmorenci. Notre affection mutuelle est fondée pour la vie. Il m'a soutenue dans mes malheurs avec une générosité et une tendresse de coeur que je n'oublierai jamais. Il est devenu tout autre et vous ne reconnaitriez ni ses manières ni sa conversation -- ne songez donc pas à lui comme obstacle mais faites pour vous ce que votre coeur vous inspirera." Elle répond à des questions sur Albertine, une des deux filles de son premier mariage avec le baron de Staël-Holstein, mais qu'elle a en réalité eue de Benjamin Constant, au début de leur relation et au passage lui adresse quelques reproches: "L'instabilité de vos résolutions est si grande -- vous êtes bien trop sûr de mon accueil -- vous me demandez pourquoi Albertine n'aime pas l'Angleterre ? En vérité la société est si nombreuse et si silencieuse parmi les jeunes gens que je conçois son ennui -- d'ailleurs il n'y a ici que de l'amour ou rien et jusqu'à présent c'est rien -- elle préfère l'Allemagne."
Même si Benjamin Constant entretient, à cette époque, une liaison malheureuse avec Madame Récamier, et que Germaine de Staël dit à propos de son propre couple "Notre affection mutuelle est fondée pour la vie", on sent encore dans cette belle lettre, toute la force de la passion et des déchirements nés de leur relation commencée vingt ans auparavant. Ainsi, elle accuse Benjamin Constant d'être responsable de l'échec de leur couple "c'est vous qui avez perdu nos vies par l'instabilité de votre caractère -- nous serions unis ici et appuyés l'un sur l'autre si vous n'aviez pas tout déchainé contre moi". Deux ans avant la publication d'Adolphe elle résume en une seule phrase les hésitations, repentirs et faiblesses de Benjamin Constant, qui s'est lui-même décrit sans complaisance dans son roman. BELLE LETTRE OÙ MADAME DE STAËL MONTRE SA PERSPICACITÉ EN POLITIQUE ET L'AMOUR QU'ELLE PORTE TOUJOURS À BENJAMIN CONSTANT.
BELLE LETTRE AUTOGRAPHE À BENJAMIN CONSTANT : "C'EST VOUS QUI AVEZ PERDU NOS VIES PAR L'INSTABILITÉ DE VOTRE CARACTÈRE."
Madame de Staël a écrit cette lettre, depuis Londres, où elle s'est installée en 1813, en attendant de pouvoir rentrer en France, après dix ans d'exil. Elle a reçu de Benjamin Constant un mémoire qu'elle a transmis à l'ambassade d'Autriche à Londres et lui communique le jugement qui en a été fait: "Ils disent qu'il y a beaucoup d'esprit mais qu'ils ne conçoivent pas très bien comment on pourrait ôter le père en gardant le fils - en effet c'est le moyen d'exécution qui manque." Ce passage fait probablement allusion à un projet de Benjamin Constant suggérant l'abdication de Napoléon en faveur de l'Aiglon, son fils.
Puis elle donne son propre jugement politique sur une restauration qui se profile: "l'ancien régime sera rétabli. C'est peut-être meilleur mais c'est triste". Dans la perspective d'une éventuelle visite de Constant, elle rassure ce dernier sur l'accueil que pourrait lui faire son second mari, le jeune suisse Albert de Rocca qu'elle a épousé en 1811: "Ce que je puis vous affirmer, c'est que Mr de Rocca se conduira avec vous comme avec Mr de Montmorenci. Notre affection mutuelle est fondée pour la vie. Il m'a soutenue dans mes malheurs avec une générosité et une tendresse de coeur que je n'oublierai jamais. Il est devenu tout autre et vous ne reconnaitriez ni ses manières ni sa conversation -- ne songez donc pas à lui comme obstacle mais faites pour vous ce que votre coeur vous inspirera." Elle répond à des questions sur Albertine, une des deux filles de son premier mariage avec le baron de Staël-Holstein, mais qu'elle a en réalité eue de Benjamin Constant, au début de leur relation et au passage lui adresse quelques reproches: "L'instabilité de vos résolutions est si grande -- vous êtes bien trop sûr de mon accueil -- vous me demandez pourquoi Albertine n'aime pas l'Angleterre ? En vérité la société est si nombreuse et si silencieuse parmi les jeunes gens que je conçois son ennui -- d'ailleurs il n'y a ici que de l'amour ou rien et jusqu'à présent c'est rien -- elle préfère l'Allemagne."
Même si Benjamin Constant entretient, à cette époque, une liaison malheureuse avec Madame Récamier, et que Germaine de Staël dit à propos de son propre couple "Notre affection mutuelle est fondée pour la vie", on sent encore dans cette belle lettre, toute la force de la passion et des déchirements nés de leur relation commencée vingt ans auparavant. Ainsi, elle accuse Benjamin Constant d'être responsable de l'échec de leur couple "c'est vous qui avez perdu nos vies par l'instabilité de votre caractère -- nous serions unis ici et appuyés l'un sur l'autre si vous n'aviez pas tout déchainé contre moi". Deux ans avant la publication d'Adolphe elle résume en une seule phrase les hésitations, repentirs et faiblesses de Benjamin Constant, qui s'est lui-même décrit sans complaisance dans son roman. BELLE LETTRE OÙ MADAME DE STAËL MONTRE SA PERSPICACITÉ EN POLITIQUE ET L'AMOUR QU'ELLE PORTE TOUJOURS À BENJAMIN CONSTANT.
Brought to you by
Clémentine Robert