Lot Essay
Etienne-Maurice Falconet (1716-1791) présente au Salon de 1757 une figure en marbre représentant une baigneuse alors intitulée 'Nymphe qui descend au bain' et vendue à François Thiroux d'Epersenne (ou d'Espersennes), avocat au Parlement et amateur de sculptures contemporaines. Cette figure y rencontre un franc succès, si bien que Mme du Barry, favorite de Louis XV, commande une réplique en marbre à Falconet qu'elle expose au château de Louveciennes aux côtés d'une baigneuse sortant du bain sculptée par Christophe-Gabriel Allegrain (1710-1795). La réplique fait aujourd'hui partie des collections du musée du Louvre (M.R. 1846). On connait ainsi plusieurs sculptures de la 'Baigneuse' réalisées par Falconet lui-même et présentant parfois une légère variante, comme celle conservée au Victoria & Albert Museum (inv. 1131-1882) décorée d'une fleur dans les cheveux. Cette même année 1757, Falconet est chargé de la direction des travaux de sculpture à la manufacture de Sèvres sur recommandation de Mme du Barry, fonction qu'il assurera jusqu'en 1766.
Il fait alors éditer en biscuit la 'Baigneuse' avec le détail de la rose piquée dans les cheveux. Ce modèle suscite un grand intérêt et est abondamment reproduit: ["la Baigneuse et Pygmalion furent] si favorablement accueillis du public, que l'on vit les mouleurs, profitant de l'empressement que chacun mettait à se les procurer, les multiplier à l'infini par des contrefaçons" (Robin, loc. cit.); "Tout le monde voulut jouir de cet agréable morceau, et on le vit multiplié par le moule dans tous les appartemens de Paris" (Levesque, loc. cit.) (Sèvres, loc. cit., p.94). Pour éditer ces biscuits, Falconet devait réaliser un modèle en terre crue. En effet, une figure en biscuit de Sèvres est obtenue par estampage de la porcelaine crue dans des moules en plâtre, eux-mêmes réalisés à partir du modèle en terre fourni par le sculpteur. Une fois ces opérations menées à bien, le modèle en terre crue est cuit pour être conservé. Falconet a ainsi créé une soixantaine de modèles en terre différents pour la Manufacture, dont il n'en subsiste aujourd'hui qu'une vingtaine. Ces modèles ont été conservés notamment grâce à de grands collectionneurs français du XVIIIème siècle, désireux de posséder des esquisses en terre cuite considérées comme les reflets de la pensée créatrice et du style de l'artiste. Certains de ces modèles figurent encore dans les collections de la Manufacture nationale de Sèvres ou du Musée national de la céramique. En 1922, Louis Réau indique que le modèle de la Baigneuse ici présent est conservé dans la collection A. Veil-Picard (Réau, loc. cit.).
Pour cette oeuvre, Falconet s'inspire de la Baigneuse peinte en 1724 par François Lemoyne (1688-1737) conservée au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, qui montre le moment avant le bain, se démarquant ainsi des autres artistes représentant majoritairement la sortie du bain. En effet, la jeune fille se dévêt de sa chemise et avance la pointe de son pied pour évaluer la température de l'eau. Avec cette figure, Falconet définit un nouveau canon féminin que l'on retrouvera dans ses oeuvres postérieures et qui influencera ses contemporains. Le corps est gracile et allongé, les hanches se font étroites, les épaules légèrement tombantes et la poitrine menue. Les lignes sont pures et doucement ondulées, la pose gracieuse et animée par un léger contrapposto. La coiffure inspirée de l'antique présentant des cheveux lissés séparés en une raie médiane prend place sur un fin visage ovale se terminant en triangle. Falconet a su infléchir son art, auquel il attribue un but moral, pour s'adapter au goût de commanditaires sensibles à des oeuvres plus décoratives. De nombreux artistes se plaisent à reproduire cette sculpture dans divers matériaux dès la seconde moitié du XVIIIème siècle et cela jusqu'à nos jours, preuve de la pérennité du succès de cette oeuvre. On peut ainsi citer la Baigneuse en marbre que réalise Jean-Pierre Antoine Tassaert (1727-1788), un artiste appelé à devenir premier sculpteur du roi de Prusse en 1774.
Il fait alors éditer en biscuit la 'Baigneuse' avec le détail de la rose piquée dans les cheveux. Ce modèle suscite un grand intérêt et est abondamment reproduit: ["la Baigneuse et Pygmalion furent] si favorablement accueillis du public, que l'on vit les mouleurs, profitant de l'empressement que chacun mettait à se les procurer, les multiplier à l'infini par des contrefaçons" (Robin, loc. cit.); "Tout le monde voulut jouir de cet agréable morceau, et on le vit multiplié par le moule dans tous les appartemens de Paris" (Levesque, loc. cit.) (Sèvres, loc. cit., p.94). Pour éditer ces biscuits, Falconet devait réaliser un modèle en terre crue. En effet, une figure en biscuit de Sèvres est obtenue par estampage de la porcelaine crue dans des moules en plâtre, eux-mêmes réalisés à partir du modèle en terre fourni par le sculpteur. Une fois ces opérations menées à bien, le modèle en terre crue est cuit pour être conservé. Falconet a ainsi créé une soixantaine de modèles en terre différents pour la Manufacture, dont il n'en subsiste aujourd'hui qu'une vingtaine. Ces modèles ont été conservés notamment grâce à de grands collectionneurs français du XVIIIème siècle, désireux de posséder des esquisses en terre cuite considérées comme les reflets de la pensée créatrice et du style de l'artiste. Certains de ces modèles figurent encore dans les collections de la Manufacture nationale de Sèvres ou du Musée national de la céramique. En 1922, Louis Réau indique que le modèle de la Baigneuse ici présent est conservé dans la collection A. Veil-Picard (Réau, loc. cit.).
Pour cette oeuvre, Falconet s'inspire de la Baigneuse peinte en 1724 par François Lemoyne (1688-1737) conservée au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, qui montre le moment avant le bain, se démarquant ainsi des autres artistes représentant majoritairement la sortie du bain. En effet, la jeune fille se dévêt de sa chemise et avance la pointe de son pied pour évaluer la température de l'eau. Avec cette figure, Falconet définit un nouveau canon féminin que l'on retrouvera dans ses oeuvres postérieures et qui influencera ses contemporains. Le corps est gracile et allongé, les hanches se font étroites, les épaules légèrement tombantes et la poitrine menue. Les lignes sont pures et doucement ondulées, la pose gracieuse et animée par un léger contrapposto. La coiffure inspirée de l'antique présentant des cheveux lissés séparés en une raie médiane prend place sur un fin visage ovale se terminant en triangle. Falconet a su infléchir son art, auquel il attribue un but moral, pour s'adapter au goût de commanditaires sensibles à des oeuvres plus décoratives. De nombreux artistes se plaisent à reproduire cette sculpture dans divers matériaux dès la seconde moitié du XVIIIème siècle et cela jusqu'à nos jours, preuve de la pérennité du succès de cette oeuvre. On peut ainsi citer la Baigneuse en marbre que réalise Jean-Pierre Antoine Tassaert (1727-1788), un artiste appelé à devenir premier sculpteur du roi de Prusse en 1774.