TAPISSERIE ROYALE "APOLLON ET CLYTIE" DE LA TENTURE "LES AMOURS DES DIEUX" D'EPOQUE LOUIS XV
Collection Maurice Fenaille. Lots 141-142. Collectionneur, historien de l'art, érudit, philanthrope, auteur d'ouvrages de référence, mécène, voyageur... autant de qualificatifs pour évoquer Maurice Fenaille (1855-1937) dont l'intérêt et l'amour de l'art se portent très tôt aussi bien sur la gravure que la peinture, le pastel, la porcelaine, le mobilier, la sculpture ou encore la tapisserie. L'Art tient une place majeure au sein de sa famille ; comment ne pas citer son grand-oncle, le chimiste Michel-Eugène Chevreul (1786-1889), qui fût directeur des Gobelins de 1824 à 1884 ? Pour son château de Neuilly, Maurice Fenaille fait appel aux talents de Jean-Charles Moreux, de Jules Chéret, ou encore à ceux de son ami Auguste Rodin. Fenaille collectionne aussi bien les oeuvres des artistes qu'il côtoie que celles des artistes des siècles passés qu'il acquiert chez les antiquaires. Il est très implanté dans le monde artistique contemporain et dans celui des musées. Membre du comité directeur de la Société des Amis du Louvre, vice-président de l'Union des Arts Décoratifs, membre de la commission du musée de Lyon, il multiplie les dons, souvent anonymes, aux musées français. Deux dessins de Jean-François Millet partent ainsi au Louvre, une série de huit études de Rodin pour la Porte de l'Enfer gagnent le musée des Arts Décoratifs de Paris. Parallèlement, il participe financièrement à l'acquisition de la collection d'objets d'art médiévaux de la collection de Victor Gay, du Bain Turc d'Ingres et de trente-huit dessins du Lorrain par le Louvre. Mais Fenaille est également un mécène incontournable des Gobelins et un collectionneur de tapisseries. Sa passion pour l'art des lissiers le rapproche de Jules Guiffrey - administrateur des Gobelins de 1893 à sa mort en 1918 - qui le soutient dans son projet de rédaction d'un ouvrage monumental : Etat général des Tapisseries de la Manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours. 1600-1900. Les cinq volumes de son étude restent, encore aujourd'hui, un ouvrage aussi incontournable que respecté. En parallèle, Fenaille publie en 1925 une étude sur François Boucher et son rôle au sein des Manufactures de Beauvais et des Gobelins. Il connaît particulièrement son oeuvre puisqu'il possède un certain nombre de pièces de Beauvais d'après des cartons de l'artiste dont notamment les deux tapisseries présentées ci-après, à l'exemple d'Apollon et Clytie.
TAPISSERIE ROYALE "APOLLON ET CLYTIE" DE LA TENTURE "LES AMOURS DES DIEUX" D'EPOQUE LOUIS XV

BEAUVAIS, 1750-1772, D'APRES FRANCOIS BOUCHER

Details
TAPISSERIE ROYALE "APOLLON ET CLYTIE" DE LA TENTURE "LES AMOURS DES DIEUX" D'EPOQUE LOUIS XV
BEAUVAIS, 1750-1772, D'APRES FRANCOIS BOUCHER
En laine et soie, représentant la nymphe Clytie abondonnée par Apollon, avant sa métamorphose en tournesol, la bordure ornée de feuilles d'acanthe présentant dans sa partie supérieure les armes de France et de Navarre timbrées de la couronne royale fleurdelisée fermée d'or, avec une étiquette au revers 'EXPOSITION DE L'ART FRANçAIS 1935' ; nombreuses usures, accidents à la trame, repliée de 22 cm. (8¾ in.) en bas
339 x 316 cm. (133½ x 124½ in.)
Literature
Cat. expo., L'Art Français au XVIIIe Siècle, Copenhague, 1935, p. 229.

Bibliographie comparative :
Candace J. Adelson, European Tapestry in The Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis, 1994, pp. 343-354.
Exhibited
"Exposition de l'art français au XVIIIe siècle", Palais de Charlottenburg, Copenhague, 25 août - 6 octobre 1935, no. 821.
Further details
A LOUIS XV WOOL AND SILK ROYAL TAPESTRY DEPICTING 'APOLLO AND CLYTIE' FROM THE 'AMOURS DES DIEUX', BEAUVAIS, 1750-1772, AFTER FRANCOIS BOUCHER

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Margaux Zoi
Margaux Zoi

Lot Essay

Tirée des Métamorphoses d'Ovide, l'histoire d'Apollon et Clytie évoque l'amour entre le dieu soleil et la belle nymphe, fille du dieu océan. Supplantée par sa jeune soeur Leucothoé dans le coeur d'Apollon, terriblement jalouse, elle dénonce cette liaison à son père. Informé de cet affront, fou de rage, il enterre vive sa fille cadette. Malgré ses efforts Apollon ne parvient pas à la secourir. Trahi, il abandonne Clytie qui se laisse dépérir, observant tous les jours la course du char du soleil. Emu, Apollon la métamorphose en tournesol lui permettant ainsi de toujours être tournée vers le soleil.

La tenture des Amours des Dieux, comptant neuf tapisseries, évoque avec grâce le goût du roi Louis XV et de Madame de Pompadour en ce milieu de XVIIIe siècle. Fondée en 1664 par Jean-Baptiste Colbert, afin de concurrencer les tapisseries des Flandres, la manufacture de Beauvais parvient à réaliser des oeuvres d'une qualité exceptionnelle, proche de celle des Gobelins. Sous la direction de Jean-Baptiste Oudry, Beauvais demande au peintre François Boucher, favori de Madame de Pompadour, de lui fournir des cartons. Celui-ci s'exécute en livrant l'histoire des Amours des dieux dès 1747.
Loin de la solennité louis-quatorzienne, Boucher y présente des oeuvres d'un grand raffinement, dans une atmosphère de scène galante, les dieux s'adonnant à un libertinage courtois. Les naïades dénudées, évoquent le modèle des figures des jeunes parisiennes que le peintre expose dans ses nombreuses toiles. Tandis que derrière le visage de Clytie pourrait se cacher celui de madame Boucher.
La tenture des Amours des dieux devint alors l'une des plus populaires de la manufacture, André-Charlemagne Charron réalisant huit livraisons de celle-ci.
Le présent lot, ainsi qu'un écran en tapisserie signé Neilson et deux oeuvres de François Boucher, furent prêtés par Maurice Fenaille pour l'exposition de l'Art Français au XVIIIe Siècle organisée à Copenhague en 1935 (au Comité d'Honneur de laquelle figurait le collectionneur).

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