Lot Essay
Impressionnant avec sa riche ornementation de bronze, élégant par sa ligne et sa taille magistrale, ce bureau se rattache à la production de l’un des plus grands ébénistes sous Louis XV, Jean-Pierre Latz (vers 1691 – 1754). La qualité remarquable de ses œuvres est à mettre en parallèle avec celle d’un autre très grand ébéniste de la même période, Bernard II Van Risen Burgh (reçu à la maîtrise vers 1735 et mort vers 1765).
Actif dès 1719, Jean-Pierre Latz devient ébéniste privilégié du roi avant 1741 et s’installe sous l’enseigne Saint-Esprit rue du Faubourg-Saint-Antoine. L’essentiel de la production de Latz réside dans la construction d’élégants boîtiers de pendule aussi bien de cartels d’applique ou sur gaine que de régulateurs comme celui estampillé et daté 1774, conservé au musée de Cleveland (John R. Severance Fund), présentant une marqueterie Boulle d’écaille de tortue et laiton (illustré dans A. Pradère op. cit., p. 154, fig. 127). Grâce à l’inventaire réalisé le 9 août 1754 après son décès par Charles Cressent et Gilles Joubert, on sait que sont sortis également de son atelier des commodes, des encoignures ou encore des bureaux.
Bien que l’obligation d’estampiller pour les ébénistes et menuisiers soit à nouveau rappelée en 1743, Latz estampille très peu de meubles. Aujourd’hui, son estampille n’a été retrouvée que sur trois régulateurs (le premier au musée de Cleveland, cité précédemment ; le deuxième appartenant au prince Louis-Ferdinand de Prusse à Charlottenburg ; le troisième à Waddesdon), six commodes (dont une conservée au palais du Quirinal, Rome) et une paire d’encoignures (coll. privée, avec la marque du château d’Eu).
Jusqu’à la vente Ader Picard Tajan, hôtel George V, 8 juin 1990, nous ne connaissions aucun bureau signé de Latz. En effet, figurant sous le lot 134, un riche bureau plat présente une grande signature accompagnée d’une date à l’encre au revers du plateau: « MDCCXLIV / LATZ . FECIT. ». En marqueterie Boulle d’écaille de tortue et laiton soulignée de riches bronzes dorés, ce bureau est une découverte majeure permettant ainsi de relier ce talentueux travail d’ébénisterie, de marqueterie et de bronze au nom de Jean-Pierre Latz. Ce bureau (ancienne coll. parisienne) réalisé en 1744 a également pour particularité – et pas des moindres en l’espèce – de présenter des chutes rocailles constituées d’agrafes de feuillage similaires à celles ornant notre bureau.
Avant cette découverte, Henry Hawley, à travers son étude approfondie sur l’ébéniste en 1970, attribuait à Latz la paternité de huit bureaux impressionnants tant par leur qualité d’exécution que par le décor de placage ou marqueté et de bronze. Parmi ceux-ci, figure celui de l’ancienne collection Dutasta qu’il pense réalisé aux alentours de 1750 et où l’on retrouve les mêmes chutes en bronze doré, tout comme un autre bureau plat en placage de bois de violette, conservé quant à lui à la Wallace Collection (inv. F112, ill. dans The Wallace Collection. Catalogue of Furniture II, p. 1050-1054 et dans H. Hawley, op. cit., p. 240, ill. 32). Signalons par ailleurs, un autre bureau plat en marqueterie florale présentant des chutes également similaires vendu Sotheby’s, Monaco, 25 juin 1984, lot 3236.
D’autres bureaux, cette fois à caissons, sont rehaussés de ces mêmes chutes, citons celui du duc de Bedford de Woburn Abbey (ill. dans H. Hawley, op. cit., p. 238, ill. 29) ou encore un bureau disparu depuis la Seconde Guerre Mondiale, anciennement collection Ball (ill. dans H. Hawley, op. cit., p. 239, ill. 31).
L’attribution à Jean-Pierre Latz de meubles via l’ornementation de bronze se justifie par la réalisation de bronzes d’ornement au sein même de l’atelier de Latz – production de bronzes allant alors à l’encontre des règles strictes régissant le système de corporations mises en place sous l’Ancien Régime ; ces bronzes étant exclusivement destinés à ornés les meubles de l’ébéniste.
La saisie le 2 décembre 1749 dans son atelier, à la demande des fondeurs, fait état de 2 288 modèles et éléments de bronze. Un peu plus tard, son inventaire après décès réalisé en 1754 décrit quant à lui trois établis de ciseleurs, 63 figures « servant de modèles pour garnir des pendules bureaux serre-papiers et autres meubles … 940 L », des « fonte et cuivre servant de modèles, et surmoulez, à usage … et pour servir à ornement des pendules, commodes, encoignures, secrétaires et autres ouvrages d’ébénisterie … 3 636 L ».
Cependant, l’utilisation exclusive de ses propres bronzes d’ornement doit être nuancée puisque son inventaire après décès retranscrit de nombreuses créances auprès des fondeurs Chibou, Javois, Vidi, des ciseleurs Boulle, Defforges, Déon, Gavie, Fennetaux et des doreurs Bathélemy Autin et Louis-François Gobert.
La qualité des meubles de l’ébéniste est le corolaire, et inversement, du prestige de la clientèle de Jean-Pierre Latz. A dominante étrangère, on compte parmi elle le roi de Prusse Frédéric II, l’Electeur de Saxe et roi de Pologne Auguste III, le conte de Brühl, Elisabeth de France, fille de Louis XV et épouse du duc de Parme et probablement la famille Bourbon-Condé.
Le présent bureau a meublé l’une des pièces de Yester House, élégante propriété située en Ecosse et appartenant aux marquis de Tweeddale depuis le XIIIe siècle.
Actif dès 1719, Jean-Pierre Latz devient ébéniste privilégié du roi avant 1741 et s’installe sous l’enseigne Saint-Esprit rue du Faubourg-Saint-Antoine. L’essentiel de la production de Latz réside dans la construction d’élégants boîtiers de pendule aussi bien de cartels d’applique ou sur gaine que de régulateurs comme celui estampillé et daté 1774, conservé au musée de Cleveland (John R. Severance Fund), présentant une marqueterie Boulle d’écaille de tortue et laiton (illustré dans A. Pradère op. cit., p. 154, fig. 127). Grâce à l’inventaire réalisé le 9 août 1754 après son décès par Charles Cressent et Gilles Joubert, on sait que sont sortis également de son atelier des commodes, des encoignures ou encore des bureaux.
Bien que l’obligation d’estampiller pour les ébénistes et menuisiers soit à nouveau rappelée en 1743, Latz estampille très peu de meubles. Aujourd’hui, son estampille n’a été retrouvée que sur trois régulateurs (le premier au musée de Cleveland, cité précédemment ; le deuxième appartenant au prince Louis-Ferdinand de Prusse à Charlottenburg ; le troisième à Waddesdon), six commodes (dont une conservée au palais du Quirinal, Rome) et une paire d’encoignures (coll. privée, avec la marque du château d’Eu).
Jusqu’à la vente Ader Picard Tajan, hôtel George V, 8 juin 1990, nous ne connaissions aucun bureau signé de Latz. En effet, figurant sous le lot 134, un riche bureau plat présente une grande signature accompagnée d’une date à l’encre au revers du plateau: « MDCCXLIV / LATZ . FECIT. ». En marqueterie Boulle d’écaille de tortue et laiton soulignée de riches bronzes dorés, ce bureau est une découverte majeure permettant ainsi de relier ce talentueux travail d’ébénisterie, de marqueterie et de bronze au nom de Jean-Pierre Latz. Ce bureau (ancienne coll. parisienne) réalisé en 1744 a également pour particularité – et pas des moindres en l’espèce – de présenter des chutes rocailles constituées d’agrafes de feuillage similaires à celles ornant notre bureau.
Avant cette découverte, Henry Hawley, à travers son étude approfondie sur l’ébéniste en 1970, attribuait à Latz la paternité de huit bureaux impressionnants tant par leur qualité d’exécution que par le décor de placage ou marqueté et de bronze. Parmi ceux-ci, figure celui de l’ancienne collection Dutasta qu’il pense réalisé aux alentours de 1750 et où l’on retrouve les mêmes chutes en bronze doré, tout comme un autre bureau plat en placage de bois de violette, conservé quant à lui à la Wallace Collection (inv. F112, ill. dans The Wallace Collection. Catalogue of Furniture II, p. 1050-1054 et dans H. Hawley, op. cit., p. 240, ill. 32). Signalons par ailleurs, un autre bureau plat en marqueterie florale présentant des chutes également similaires vendu Sotheby’s, Monaco, 25 juin 1984, lot 3236.
D’autres bureaux, cette fois à caissons, sont rehaussés de ces mêmes chutes, citons celui du duc de Bedford de Woburn Abbey (ill. dans H. Hawley, op. cit., p. 238, ill. 29) ou encore un bureau disparu depuis la Seconde Guerre Mondiale, anciennement collection Ball (ill. dans H. Hawley, op. cit., p. 239, ill. 31).
L’attribution à Jean-Pierre Latz de meubles via l’ornementation de bronze se justifie par la réalisation de bronzes d’ornement au sein même de l’atelier de Latz – production de bronzes allant alors à l’encontre des règles strictes régissant le système de corporations mises en place sous l’Ancien Régime ; ces bronzes étant exclusivement destinés à ornés les meubles de l’ébéniste.
La saisie le 2 décembre 1749 dans son atelier, à la demande des fondeurs, fait état de 2 288 modèles et éléments de bronze. Un peu plus tard, son inventaire après décès réalisé en 1754 décrit quant à lui trois établis de ciseleurs, 63 figures « servant de modèles pour garnir des pendules bureaux serre-papiers et autres meubles … 940 L », des « fonte et cuivre servant de modèles, et surmoulez, à usage … et pour servir à ornement des pendules, commodes, encoignures, secrétaires et autres ouvrages d’ébénisterie … 3 636 L ».
Cependant, l’utilisation exclusive de ses propres bronzes d’ornement doit être nuancée puisque son inventaire après décès retranscrit de nombreuses créances auprès des fondeurs Chibou, Javois, Vidi, des ciseleurs Boulle, Defforges, Déon, Gavie, Fennetaux et des doreurs Bathélemy Autin et Louis-François Gobert.
La qualité des meubles de l’ébéniste est le corolaire, et inversement, du prestige de la clientèle de Jean-Pierre Latz. A dominante étrangère, on compte parmi elle le roi de Prusse Frédéric II, l’Electeur de Saxe et roi de Pologne Auguste III, le conte de Brühl, Elisabeth de France, fille de Louis XV et épouse du duc de Parme et probablement la famille Bourbon-Condé.
Le présent bureau a meublé l’une des pièces de Yester House, élégante propriété située en Ecosse et appartenant aux marquis de Tweeddale depuis le XIIIe siècle.