Pablo Picasso (1881-1973)
Ancienne collection André LevelAndré Level et la Peau de l'Ours: un tournant décisif pour l'Art Moderne«Il y avait là une hardiesse et une jeunesse tranchant sur la monotonie et l’absence d’imprévu des grands Salons annuels. Les bons artistes – et de vraiment jeunes – n’étaient pas noyés dans une médiocrité générale. Ce fut un succès que je ressentis très vivement.[…] J’ai vu là des toiles qui m’apparaissent, sans que j’en fusse effleuré d’un doute, comme l’art authentique de notre époque et de son plus proche avenir. J’y croyais, j’avais la foi.»A. Level lors de la visite du Salon d’Automne, novembre 1903, cité in Souvenirs d’un collectionneur, Paris, 1959, p. 17.«C’était la première fois que l’on voyait en vente publique un ensemble aussi complet d’œuvres modernes, des œuvres tout à fait d’avant-garde, et dont les auteurs appartiennent ou appartenaient il y a très peu d’années, à ces "fous" dont les foules vont rire au Salon des Indépendants.»A. Warnod cité in Comædia, 3 mars 1914."La vente commença hier à deux heures sous la direction de Me Henri Baudoin, qui présida les débats, sec, précis et nerveux: il y avait beaucoup de monde, et du monde qu'on n'a pas coutume de voir à l'Hôtel Drouot. Les marchands de tableaux et les amateurs étaient nombreux. La jeune peinture intéresse bien plus qu'on ne croit. Il y avait aussi un grand nombre d'artistes; ceux qu'on vendait, leurs camarades et leurs amis; des cubistes, Gleizes et Metzinger, La Fresnaye; des poètes, Mario Meunier, Alfred Lombard, d'une élégance de dandy, qui est grimpé sur la banquette et se cramponne à la barre d'appui, Max Jacob, vêtu d'une houppelande rouge; André Salmon suit attentivement la vente et prend des notes ; des journalistes, des curieux."A. Warnod cité in Comædia, 3 mars 1914. «Je les avais acquises parce que je les aimais.»A. Level, cité in op.cit, p. 77. «Je crois que la gloire redeviendra plus que le soleil des morts et que, le divorce s’accentuant entre le public et le goût de quelque uns, on devra s’habituer à aimer presque seul certaines œuvres. Elles n’en auront peut-être qu’un attrait plus pur et plus puissant d’être dégagées de toute intérêt matériel. [...] Au demeurant, il s’agira de s’abstraire de toute autre préoccupation que la satisfaction d’un désir et d’acheter en toute simplicité ce que l’on aime.» A. Level, cité in op.cit, p. 79.Avant-gardiste de l’avant-garde : en effet, le nom d’André Level (1863-1947) résonne encore aujourd’hui, aux côtés des noms des plus grands pionniers du marché de l’art au début du XXe siècle, tels Bernheim-Jeune, Vollard, Kahnweiler ou encore Rosenberg. Un véritable précurseur des collectionneurs d’art "moderne", ou plutôt de l’art "contemporain" de son époque, son goût audacieux et sa fréquentation du milieu artistique parisien mêlés à son flaire d’homme d’affaires et son idée de génie de constituer une sorte de fond d’investissement ont mené Level à bâtir l’une des collections les plus prestigieuses et les plus "avant-gardistes" du début du XXe siècle. De plus, la curiosité de Level l’amena à également promouvoir «l’art nègre», un art oublié et négligé qui pourtant joua un rôle critique pour le développement de l’art moderne au tournant du XXe siècle. Suite aux deux ventes majeures de 1914 et de 1927 à l’Hôtel Drouot qui dispersèrent une partie de la collection Level et celle de la "Peau de l’Ours", c’est un honneur pour Christie’s Paris de mettre aux enchères une sélection d'œuvres de cette collection inédite et de rendre hommage à ce marchand visionnaire, dont le goût artistique catalysa celui de ses contemporains. Après la rencontre des fils Bernheim, Gaston et Josse, en 1894, Level leur rend souvent visite dans leur boutique rue Lafitte à Paris. Il est vite attiré par la modernité des œuvres d’artistes inconnus, sous l’influence de son ami Alexandre Natanson directeur de «la Revue Blanche» défenseur des Nabis, mouvement qui annonce les recherches contemporaines d’une nouvelle expression en réaction contre la peinture académique. Level reconnait très tôt la modernité de Cézanne - lors de la première rétrospective du maître aixois organisée par Vollard en 1895 - et regrette de ne pouvoir acquérir l'un de ses tableaux, faute de moyens. La véritable révélation pour André Level fut la visite de la première édition du fameux Salon d’Automne au Petit Palais en novembre 1903. La vocation de ce dernier était à la fois de faire découvrir l’impressionnisme à un public populaire et d’offrir des débouchés aux jeunes artistes. Level fut impressionné par la «hardiesse et la jeunesse tranchant sur la monotonie et l’absence d’imprévu des grands salons annuels» dans les tableaux exposés à cette occasion. Pour acquérir ces œuvres, Level était confronté au problème de financement, auquel il remédia en créant le 24 février 1904 l’association de «La Peau de l’Ours». Ressemblant à une sorte de cagnotte, elle comprenait une dizaine d’associés qui s’engageaient à verser 250 francs par an pour former une collection indivise en achetant des œuvres sur proposition du gérant et avec l’accord d’un comité restreint de trois membres. Les acquisitions étaient partagées afin que chacun puisse en orner temporairement son logis. Au bout de dix ans, une vente aux enchères devait mettre fin à l’indivision et les artistes eux-mêmes recevraient 20% des bénéfices tirés de la vente, une disposition préfigurant la loi sur les droits d’auteur et la réglementation du droit de suite de nos jours. Étant le meilleur connaisseur du groupe, André Level accepta de prendre la gérance de l’association et incita les collectionneurs de la "Peau de l’Ours" à acquérir des œuvres modernes. Ainsi, Level se rendait régulièrement à Montmartre, épicentre de la création artistique à Paris, où il fit de nombreuses acquisitions auprès des marchands ou des artistes directement. Alerte aux opportunités, il parvient à convaincre ses associés de débourser 1 000 francs pour l’achat de la grande toile des Bateleurs (fig. 1.) de 1905 peinte par Picasso, qu’il rencontre dans son atelier en 1908. Au bout de dix ans d’acquisitions, la collection de la "Peau de l’Ours" comprenait 145 tableaux réalisés par une soixantaine d’artistes de diverses tendances, à l'instar de Bonnard, Derain, Denis, Dunoyer de Segonzac, de La Fresnaye, Gauguin, Matisse, Picasso, van Dongen, Vlaminck ou encore Vuillard. Comme convenu entre les investisseurs, une vente de la collection se déroula à l’Hôtel Drouot le 2 mars 1914. La vente fut le lieu de rendez-vous du Tout Paris, y compris les grands marchands, collectionneurs et artistes pour certains venus de loin. Les œuvres eurent beaucoup de succès, notamment le tableau Les Bateleurs de Picasso qui réalisa plus de 12 fois son prix d’achat en 1908; un prix alors record pour l’artiste. C'est le marchand Munichois Heinrich Thannhauser qui remporta cette œuvre phare, aujourd’hui dans les collections de la National Gallery of Art de Washington. Cinq mois plus tard, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Level, qui n'était pas mobilisé à cause de son âge, soutient alors les familles de ses amis artistes partis au combat en leur achetant quelques toiles. Durant cette année 1914, Level fréquentait souvent Picasso, Apollinaire et Max Jacob à Montparnasse et rencontra également Modigliani, dont il acheta quelques œuvres, grâce à Léonce Rosenberg et Paul Guillaume. À travers ce riche réseau, André Level ne cessa d’acheter de nouvelles œuvres notamment quelques tableaux de Juan Gris - grâce à Léonce Rosenberg - de Metzinger - à travers Berthe Weill - de Léger, de Raoul Dufy et du Douanier-Rousseau grâce au fils du père Soulié, mort en 1909. Il acquit également des œuvres de Lagut, Oettingen et Survage grâce à Apollinaire. Depuis l’achat des Bateleurs en 1908, Picasso ouvrait souvent la porte de son atelier à Level, et lui fit rencontrer Gertrude Stein et son ami sculpteur Pablo Gargallo. Après la guerre, les amateurs d’art moderne regrettaient de n’avoir saisi l’occasion d’acheter des œuvres lorsque leurs prix étaient accessibles. Alors que les galeries de tableaux se multiplient, de nouveaux talents apparaissent sur la scène artistique parisienne tels Beaudin, Borès, Masson, Hayden, Herbin, Hayet, Torres-García (lot 27), mais aussi les premiers peintres surréalistes à l'instar de Miró et Ernst. En 1922, à peine retiré de ses activités professionnelles, André Level s’associe avec ses partenaires André Lefèvre, grand collectionneur et Alfred Richet pour ouvrir la galerie Percier, dont l’objectif principal visait à promouvoir les jeunes artistes, organisant des expositions pour Beaudin, Borès et Pruna O’Cerans (lots 41 et 42) en 1922, pour Lagar en 1923, pour Jacob et Férat en 1924 ou encore pour Lagut (lots 22 à 25) en 1925 et Charchoune en 1929. Voyant les prix flamber pour certains artistes, Level organise une autre vente de sa collection le 3 mars 1927 et décide de conserver toutefois une douzaine d'œuvres données par Picasso dans sa collection personnelle. André Level continua par la suite de collectionner des œuvres d’art et de gérer la galerie Percier, regroupant ses mémoires dans son ouvrage Souvenirs d’un collectionneur, lequel ne sera publié qu’en 1959 à titre posthume. Ce livre témoigne de l’inspiration que la réussite de la “Peau de l’Ours” a eu au cours du dernier siècle et incarne tout l’héritage d’André Level : l’heureuse et durable influence que sa personnalité et son œil continuent d’exercer aujourd’hui encore sur les amateurs qui ne redoutent ni la prise de risque, ni l’audace esthétique. Son flair remarquable est également célébré dans nombre des plus prestigieuses institutions publiques où certaines œuvres - acquises pour la première fois par Level - sont aujourd'hui conservées. André Level and La Peau de l'Ours: a watershed moment for Modern Art “There was a boldness and youthfulness there which cut through the monotony and predictability of the big annual Salons. The good artists – some really young – weren’t lost in general mediocrity. It was a revelation to me. […] I saw canvasses there which seemed, without even a shadow of a doubt, to be the authentic art of our own age, and of the immediate future. I believed in it, I had faith.”A. Level, on visiting the Salon d’Automne, November 1903 in Souvenirs d’un collectionneur, Paris, 1959, p. 17.“It was the first time that we had seen such a complete set of modern works at a public sale – truly avant-garde works, produced by artists who can be counted among, or who could be counted among just a few years ago, these ‘fools’ who are going to be a laughing stock at the Salon des Indépendants.”A. Warnod quoted in Comædia, 3 March, 1914.“The sale started yesterday at 2 o’clock under the direction of Mr Henri Baudoin, who presided over the proceedings in a terse, to-the-point and brisk manner. A great many people were there, including people not usually seen at the Hôtel Drouot. Art dealers and art lovers turned out in droves. The Jeune Peinture movement is attracting far more interest than one would think. A great many artists were also present: the ones being sold, their fellow painters and friends; cubists, Gleizes and Metzinger, and La Fresnaye; poets, Mario Meunier, Alfred Lombard (with a dandy’s elegance, who climbed on the window seat and clung to the window rail), and Max Jacob, dressed in a loose-fitting red greatcoat; André Salmon, who was following the sale closely and taking notes; journalists, and curious bystanders.”A. Warnod quoted in Comædia, 3 March 1914.“I bought them because I liked them”.A. Level, op.cit, p. 77.“I believe that fame will become more than the ‘sun that lights the dead’ and that as the gap widens between the public and the taste of a few, we will have to get used to only really liking certain works of art. The fact that such works are free from any material interest might well make them purer and more compelling. [...] Moreover, it will be about cutting oneself off from any preoccupation other than satisfying a desire and quite simply buying what one likes”. A. .Level, op.cit, p. 79.. The avant-garde’s avant-gardist: the name André Level (1863-1947) is still mentioned today in the same breath as the greatest innovators of the early 20th century art market, such as Bernheim-Jeune, Vollard, Kahnweiler and Rosenberg. Level was a genuine pioneer collector of ‘modern’ art, or rather the ‘contemporary’ art of his era. He built up one of the most prestigious and "avant-gardist" early 20th century collections thanks to his bold taste and links with the Paris art scene, combined with business acumen and the brilliant idea of setting up a type of investment fund. Driven by his curiosity, Level also became a proponent of African "Negro art", which had been forgotten and neglected, but would actually play a critical role in the development of modern art at the turn of the 20th century. After two major sales in 1914 and 1927 at the Hôtel Drouot, during which part of Level’s collection and the La Peau de l’Ours collection were sold, Christie’s Paris has the honour of presenting for auction a selection of works from this unique collection and paying tribute to this visionary dealer, whose taste in art became a catalyst for that of his contemporaries. After meeting the Bernheim sons, Gaston and Josse, in 1894, Level often visited them at their gallery on Rue Lafitte in Paris. Influenced by his friend Alexandre Natanson, Level was quickly drawn to the modern style of works by as yet unknown artists. Natanson oversaw the Revue Blanche, a periodical with close ties to the Nabis, a movement seeking a new form of artistic expression through contemporary practices in a backlash against academic painting. When Vollard organised the first Cézanne exhibition in 1895, Level immediately recognized the Aixois artist’s work as “truly modern”, but a money shortage prevented him from buying one of his paintings at the time. However, André Level’s true revelation came when he visited the first ever Salon d’Automne at the Petit Palais, in November 1903. The aim of the Salon was to introduce the general public to impressionism and provide prospects for young artists. Level was impressed by the “boldness and youthfulness that cut through the monotony and predictability of the big annual Salons” in the paintings on show there. To purchase these works, Level would need to tackle the issue of financing, which he did by founding La Peau de l’Ours, a form of syndicate, on 24 February 1904. Creating a sort of kitty, the syndicate brought together a dozen partners who each undertook to invest FF250 a year in the creation of a joint collection. Works would be purchased on the advice of the manager, with the agreement of a select committee of three partners. The works purchased would be shared between the partners, giving each of them the opportunity to display them temporarily in their home. Following a ten-year period, the joint ownership would cease, the collection would be auctioned off and the artists themselves would receive 20% of the profits of the sale – terms which foreshadowed current copyright legislation and resale regulations. As the most knowledgeable member of the group, André Level agreed to manage the syndicate and encouraged the Peau de l’Ours collectors to invest in modern art. In this capacity, Level would regularly visit Montmartre, the hub of the Paris art market, where he purchased numerous works from the dealers or the artists themselves. Always on the lookout for opportunities, he managed to convince his partners to pay FF 1,000 for Bateleurs (fig. 1.), the large canvas painted in 1905 by Picasso who he met in his studio in 1908. After ten years of acquiring art, the Peau de l’Ours collection consisted of 145 works by around 60 artists representing various artistic trends, including Bonnard, Derain, Denis, Dunoyer de Segonzac, de La Fresnaye, Gauguin, Matisse, Picasso, Van Dongen, Vlaminck and Vuillard. As per the investors’ agreement, the collection would be sold at the Hôtel Drouot on 2 March 1914. The Paris smart set congregated for the sale, including the major dealers, collectors and artists, some of whom had come from afar. The works were hugely successful, especially Picasso's Les Bateleurs which made more than 12 times what had been paid for it in 1908, a record price for the artist. It was acquired by the Munich dealer Heinrich Thannhauser, and is now a star attraction at the National Gallery of Art in Washington. Five months later, Germany declared war on France and Level, who was not called up due to his age, supported the families of artist friends who had gone to war by buying some of their paintings. During that year, 1914, Level often visited Picasso, Apollinaire and Max Jacob in Montparnasse and also met Modigliani, purchasing some of his works with the help of Léonce Rosenberg and Paul Guillaume. Using this extensive network, André Level continued to buy new art, namely paintings by Juan Gris, through Léonce Rosenberg, by Metzinger, through Berthe Weill, by Léger, Raoul Dufy, and Douanier-Rousseau, through the son of Father Soulié, who had died in 1909, and by Lagut, Oettingen and Survage, through Apollinaire. After the sale of Les Bateleurs in 1908, Picasso often opened up his studio to Level, and introduced him to Gertrude Stein and his sculptor friend Pablo Gargallo. After the war, modern art lovers regretted not having taken the opportunity to buy works whilst they were still affordable. As art galleries increased in number, new talent appeared on the Paris art scene, including Beaudin, Borès, Masson, Hayden, Herbin, Hayet and Torres-García (lot 27), as well as the first surrealist painters, including Mirò and Ernst. In 1922, having only just retired from professional life, André Level got together with his partners André Lefèvre, the great collector, and Alfred Richet, to open the Galerie Percier. The gallery’s main aim was to support young artists and it organised exhibitions for Beaudin, Borès and Pruna O’Cerans (lots 41 and 42) in 1922, for Lagar in 1923, for Jacob and Férat in 1924, for Lagut (lots 22 to 25) in 1925 and for Charchoune in 1929. Prices shot up for some of the artists, and so Level held another sale of his collection, on 3 March 1927. He did, however, keep a dozen works given to him by Picasso. André Level continued collecting art and managing the Galerie Percier, compiling his memoirs in a book entitled Memoirs of a Collector, which would only be published posthumously in 1959. This book underlines the extent to which the success of La Peau de l’Ours was an inspiration in the last century and embodies André Level’s considerable legacy: the positive and lasting influence that his personality and his eye for art have, to this day, on art lovers who fear neither risk nor boldness of aesthetic. His remarkable talent is celebrated across the collection of the world's most prestigious institution, where numerous works, acquiered for the first time by André Level, remain available for the enjoyment of the public.
Pablo Picasso (1881-1973)

Nature morte à la pipe et au verre (Carte postale adressée à André Level)

Details
Pablo Picasso (1881-1973)
Nature morte à la pipe et au verre (Carte postale adressée à André Level)
signé et inscrit 'cher ami je travaille des bonnes nouvelles du tabac une pipe et un verre de vin de France votre Picasso' (à gauche) et adressé 'monsieur André Level 21 R. de Londres PARIS' (à droite)
encre sur une carte postale
8.6 x 14 cm.
Exécuté à Biarritz en septembre 1918

signed and inscribed 'cher ami je travaille des bonnes nouvelles du tabac une pipe et un verre de vin de France votre Picasso' (left) and adressed 'monsieur André Level 21 R. de Londres PARIS' (right)
ink on a postcard
3 3/8 x 5 ½ in.
Executed in Biarritz in September 1918
Provenance
André Level, Paris (don de l'artiste, en 1918).
Collection particulière, Paris (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Further details
Parmi les nombreux artistes prisés par Level, Picasso aura suscité une passion particulière chez le marchand d'art. En 1904, l'année où Level obtient son fond la "Peau de l'Ours", l’espagnol de 23 ans avait déjà bénéficié de plusieurs expositions personnelles à Paris et Barcelone. Il était par ailleurs représenté par des marchands majeurs à l'instar d'Ambroise Vollard et Berthe Weil, et avait attiré l’attention de collectionneurs internationaux tels que Wilhelm Uhde ou encore Leo et Gertrude Stein. Nullement découragé, et bien au contraire stimulé par une concurrence de telle envergure et porté par son grand intérêt pour l’oeuvre de Picasso et un sens inné de l’investissement, Level jette son dévolu sur un chef-d'œuvre majeur de Picasso. En 1908, une occasion se présente : Clovis Sagot, un clown de cirque reconverti en marchand d'art, informe Level que Picasso doit collecter des fonds via la vente d’une œuvre importante. Avec l’aide d’un intermédiaire, Level organise une réunion au studio de l'artiste où il put admirer Bateleurs (cf. p. 2). Level comprit tout de suite qu’il s’agissait d’un véritable chef-d’œuvre de la récente période rose de l’artiste. Les finances de Level étaient cependant limitées et comme il l'expliqua ensuite : «L'œuvre était immense et notre budget minuscule. Nous ne pouvions dépenser que 1000 francs». Déterminé, Level utilisa ses talents de négociateur pour offrir à Picasso, alors à court d’argent, une caution de 300 francs en lui promettant de livrer le reste sous un mois. De son côté, l'artiste était libre de chercher un meilleur acheteur. Le pari fut gagnant puisque Level parvint à obtenir la somme manquante et à conclure le contrat seulement en 15 jours. Level devint ainsi propriétaire de l’une des premières œuvres parisiennes majeures de Picasso. Comme il le résuma lui-même : «C’est ainsi que j’ai fait la connaissance d’un homme qui est devenu mon ami et d’un peintre qui m’a comblé en tant que collectionneur.» (J. Finkel, 'The story of the original and greatest art fund' in The Art Newspaper, no. 259, juillet-août 2014).

Among the many artists who's work became a focus for Level, it would be for Picasso that he would develop a particular passion. Even by 1904 - the year Level formed his Peau de l'Ours fund- the 23 year-old Spaniard had already enjoyed several one man shows in both Paris and Barcelona, was represented by such leading dealers as Ambroise Vollard and Berthe Weil, and had attracted the attentions of international collectors such as Wilhelm Uhde and Leo and Gertrude Stein. Undeterred, or rather spurred on by the presence of such powerful competition, and driven by a deep affection for Picasso's work, coupled with his incomparable eye for investment, Level set his sights on the acquisition of a major Picasso masterpiece. In 1908 his opportunity came: Clovis Sagot, circus clown turned dealer, informed Level that Picasso needed to raise funds through the sale of an important work. Using an intermediary, Level set up a meeting at the artist's studio where he was shown Bateleurs (see image p. 2). Level immediately understood that this was indeed a masterpiece from the artist's recent pink period series. Level's finances were however still limited, and as he later recalled:
"The work was powerful, but our budget was minuscule. We could only spend FF1000". Undeterred, Level exercised his considerable negotiating skills, offering the cash-strapped Picasso a FF300 deposit with the promise to deliver he remainder in a month. In return, the artist was free to seek a higher offer. The gamble paid off, with Level managing to raise the remainder and close the deal only 15 days later. Thus Level became the owner of one of the most important early Parisian works by Picasso. As he summarized: "This is how I made the acquaintance of a man who became my friend and a painter who has given me the greatest pleasure as a collector" (J. Finkel, 'The story of the original and greatest art fund'in The Art Newspaper, Issue 259, July-August 2014).

Brought to you by

Adélaïde Quéau
Adélaïde Quéau

Lot Essay

Maya Widmaier-Picasso a confirmé l’authenticité de cette œuvre.

Claude Picasso a confirmé l'authenticité de cette œuvre.

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