[…]. HEURES à l’usage de Troyes. Langres, [ca 1480], manuscrit sur parchemin, I blanc + 154 ff. + I blanc, écriture textura à 13 longues lignes, justification 104 x 71 mm (ff. 35v°, 36v° et 138r°-138v° blancs), veau fauve sur ais de bois estampé à froid, décor avec saint Jean l’Évangéliste et deux paons soutenant un blason, dos à nerfs, tranches dorées (reliure du XVIe siècle).
[…]. HEURES à l’usage de Troyes. Langres, [ca 1480], manuscrit sur parchemin, I blanc + 154 ff. + I blanc, écriture textura à 13 longues lignes, justification 104 x 71 mm (ff. 35v°, 36v° et 138r°-138v° blancs), veau fauve sur ais de bois estampé à froid, décor avec saint Jean l’Évangéliste et deux paons soutenant un blason, dos à nerfs, tranches dorées (reliure du XVIe siècle).
[…]. HEURES à l’usage de Troyes. Langres, [ca 1480], manuscrit sur parchemin, I blanc + 154 ff. + I blanc, écriture textura à 13 longues lignes, justification 104 x 71 mm (ff. 35v°, 36v° et 138r°-138v° blancs), veau fauve sur ais de bois estampé à froid, décor avec saint Jean l’Évangéliste et deux paons soutenant un blason, dos à nerfs, tranches dorées (reliure du XVIe siècle).
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[…]. HEURES à l’usage de Troyes. Langres, [ca 1480], manuscrit sur parchemin, I blanc + 154 ff. + I blanc, écriture textura à 13 longues lignes, justification 104 x 71 mm (ff. 35v°, 36v° et 138r°-138v° blancs), veau fauve sur ais de bois estampé à froid, décor avec saint Jean l’Évangéliste et deux paons soutenant un blason, dos à nerfs, tranches dorées (reliure du XVIe siècle).
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[…]. HEURES à l’usage de Troyes. Langres, [ca 1480], manuscrit sur parchemin, I blanc + 154 ff. + I blanc, écriture textura à 13 longues lignes, justification 104 x 71 mm (ff. 35v°, 36v° et 138r°-138v° blancs), veau fauve sur ais de bois estampé à froid, décor avec saint Jean l’Évangéliste et deux paons soutenant un blason, dos à nerfs, tranches dorées (reliure du XVIe siècle).

Details
[…]. HEURES à l’usage de Troyes. Langres, [ca 1480], manuscrit sur parchemin, I blanc + 154 ff. + I blanc, écriture textura à 13 longues lignes, justification 104 x 71 mm (ff. 35v°, 36v° et 138r°-138v° blancs), veau fauve sur ais de bois estampé à froid, décor avec saint Jean l’Évangéliste et deux paons soutenant un blason, dos à nerfs, tranches dorées (reliure du XVIe siècle).


TEXTE

Ff. 1-12v° Calendrier à l’usage de Troyes : s. Fraubert, abbé de Moutier-la-Celle, le 8 janvier ; s. Savinian, martyrisé à Troyes sous l’empereur Aurélien, le 24 janvier ; sainte Savine, le 29 janvier ; sainte Mastie, vierge troyenne, le 7 mai ; saint Loup, évêque de Troyes, le 1er septembre. Écriture à l’encre rouge, brune et or.
Ff. 13-20 Péricope des 4 évangiles.
Ff. 20v-27v° Heures de la Croix et heures du Saint-Esprit.
Ff. 28-32v° Obsecro te, Salve regina misericordie.
Ff. 33-35 Suffrages de saint Jean-Baptiste, saint Nicolas, saint Michel.
Ff. 37-92v° Office de la Vierge à l’usage de Troyes.
Ff. 93-110v° Psaumes de la pénitence suivis des litanies avec sainte Savine, sainte Mastie.
Ff. 111-137v° Office des morts à 3 lectures à l’usage de Troyes.
Ff. 139-154v° Missus est Gabriel angelus ; Deprecor te piissimam mitissimam misericordiam ; Oraison de saint Pierre, O Intemerata, les sept joies de Notre Dame.


16 MINIATURES

Toutes les miniatures sont accompagnées de bordures sur les trois quarts de la page mais également les marges de gouttière de plus d’une centaine de feuillets sont décorées. Les motifs qui s’y développent sont extrêmement variés : au milieu d’une végétation luxuriante (bleuets, pervenches, violettes, chardons, œillets, pensées, fraisiers…) s’ébattent une faune (moucherons, abeilles, papillons, oiseaux de diverses espèces, paons, singes…) et des grotesques hybrides animales, parfois anthropomorphes. Certaines bordures sont reproduites d’un côté et de l’autre du feuillet par transparence (voir par exemple : ff. 60, 66 et 67). Nombre d’initiales, à la place du décor géométrique doré traditionnel, contiennent des visages humains.

F. 13 Saint Jean sur l’île de Patmos : l’évangéliste écrit, accompagné de l’aigle, dans un paysage mauve très profond encadré de falaises. Bordures suggérant un jardin clos parsemé de fleurs et d’oiseaux autour duquel court un ruisseau.
F. 15 Saint Luc : l’évangéliste écrit les évangiles sur ses genoux. La scène se déroule dans un intérieur sur le mur duquel est accrochée une tenture dégradée du noir au rouge et ornée de motifs dorés d’une grande finesse. Bordure de végétation traversée de larges bandes en diagonale bleues, rouges et or.
F. 17 Saint Mathieu : l’évangéliste et l’ange se tiennent dans un intérieur aux meubles luxueux, une fenêtre gothique montre un ciel mauve. Bordure traversée par des branches écotées sur lesquelles se tient un paon. L’initiale du début de l’évangile contient le visage d’un homme.
F. 19 Saint Marc : l’évangéliste, assis de face avec le lion, copie de la main droite et suit de la main gauche sur un autre livre. Derrière lui, une tenture ornée de motifs dorés est encadrée de deux fenêtres laissant entrevoir un ciel mauve. Bordure constituée de branches entrelacées de rinceaux et de motifs floraux. Deux grotesques y évoluent : une femme au corps de dragon qui joue du luth et un singe bleu à cheval sur un monstre à double tête avec un corps de reptile ailé.
F. 20v La Crucifixion. Au centre, la croix supporte le Christ très maigre ; à gauche se tiennent Marie dans un manteau bleu aux reflets d’or (la peinture est ici un peu usée) et Marie-Madeleine agenouillée étreignant la croix ; à droite, saint Jean, avec un livre bleu dans les mains, porte un manteau rouge et une tunique orange aux reflets d’or. La scène se déroule dans un paysage de collines et de végétation à l’atmosphère mauve parsemée de nuages dorés. Bordures de feuillages et de fleurs, sur un fond compartimenté de bleu et d’or.
F. 24v° La Pentecôte. Les apôtres prient à genoux autour de la Vierge. La partie supérieure de la miniature est occupée par une abside. Bordure compartimentée en or avec une décoration de rinceaux, de feuillages et de fleurs ; un oiseau et un monstre à tête de femme y évoluent. L’initiale du début de l’office contient la tête de deux hommes.
F. 37 L’Annonciation. Gabriel fait l’annonce à Marie en prière (son manteau est légèrement frotté, un petit éclat de peinture). La scène se déroule dans une église : deux statues dans des niches sous un galbe sont entourées de grosses colonnes aux marbrures rouges. Dans la partie gauche de la miniature s’étend un paysage à l’atmosphère mauve. Bordure compartimentée en forme de fleurs de lys rouges, bleues et or, recouverte d’une décoration de fleurs, fruits et feuillages. L’initiale du début des heures contient une tête de femme.
F. 48v° La Visitation. Dans un paysage à l’atmosphère mauve entouré de collines, les deux femmes se rencontrent. Élisabeth s’agenouille devant la Vierge. Bordure compartimentée de bleu et rouge sur laquelle sont déposés quatre phylactères. L’initiale du début des heures contient la tête d’un homme et d’un enfant.
F. 60 La Nativité. Joseph et Marie sont en adoration devant l’enfant qui repose sur le bas du manteau de la Vierge. Derrière eux, l’âne et le bœuf et quelques personnages dans la pénombre se tiennent dans un enclos. Le fond de la miniature est occupé par un paysage mauve et par une ruine romaine sur laquelle court une frise sculptée. Bordure de rinceaux, de fleurs et de feuillages avec deux oiseaux.
F. 66 L’Annonce aux bergers. Un ange rouge annonce la naissance à cinq bergers. Il s’agit d’une belle scène champêtre. Le fond mauve de la miniature est un paysage de prairie avec de chaque côté une falaise boisée ainsi qu’un lac et un château. Bordure de rinceaux, de feuillage et de fleurs où sont posées des croix dorées, un oiseau se tient sur une branche. L’initiale du début de tierce contient le visage d’un homme.
F. 70v° L’Adoration des mages. Joseph et Marie couronnée avec l’Enfant sur ses genoux reçoivent les cadeaux des rois mages. Le premier est à genoux devant l’Enfant, les deux autres sont debout en discussion. Des ruines déjà vues dans la Nativité (f. 60) occupent le second plan. À l’arrière-plan un grand paysage de collines mauves se développe. Bordure composée d’un treillis de feuillages, de fleurs et de fruits ; un monstre hybride mi-femme mi-reptile ailé joue du luth. L’initiale du début de sexte contient une libellule.
F. 75 La Présentation au Temple. La Vierge présente au prêtre l’Enfant nu, derrière elle se tiennent Joseph et une servante avec des colombes dans un panier ; au centre, l’autel est recouvert d’un drap rouge-noir doré. La scène se déroule dans une église ornée de deux grosses colonnes avec des sculptures et de trois fenêtres donnant sur un paysage mauve. Bordure de rinceaux, de feuillages, de fleurs et de fruits traversée par des bandeaux d’or. L’initiale du début de None contient une tête de femme.
F. 79v° La Fuite en Égypte. Joseph conduit l’âne chevauché par la Vierge et l’Enfant. Un paysage de falaise se développe dans une atmosphère mauve. Bordure de feuillages, de fleurs et de fruits compartimentée de carrés bleus, rouges et or dans lesquels ressortent de gros cœurs. L’initiale du début de Vêpres contient la tête d’un homme.
F. 87 Le Couronnement de la Vierge. Dieu assis sur un trône bénit la Vierge à genoux pendant qu’un ange la couronne. Le fond est composé d’une assemblée d’anges et d’un ciel bleu avec des petits nuages dorés. Il s’agit clairement d’un second artiste qui n’a peint que cette miniature mais qui est également l’auteur des marges.
F. 93 David pénitent. David est à genoux sous un ange rouge à côté de sa harpe, les mains jointes, couronné, il porte une armure orange sous un manteau rouge. Le paysage mauve montre un lac. L’initiale du début de la prière contient la tête d’un homme.
F. 111 Le Triomphe de la Mort. L’image est assez impressionnante : un squelette drapé de blanc, armé d’une lance et d’un bouclier monstrueux, se tient debout sur des personnages couchés (roi, bourgeois, ecclésiastique, femme, enfant et soldat). Le fond de la scène montre un cercueil sculpté, ouvert et un paysage mauve. Bordure de rinceaux, de feuillages, de fruits et de fleurs compartimentée de triangles bleus, rouges et or. L’initiale du début de l’office des morts contient un crâne.

La décoration de ce manuscrit est l’œuvre de deux artistes connus.
Le premier auteur des miniatures (sauf le Couronnement de la Vierge, f. 87) est un peintre de qualité. Si ses compositions et son programme iconographique restent conformes aux tendances de l’époque, son originalité réside dans ses couleurs, ses paysages et la finesse de son trait. Les tons mauves des fonds sont issus des suiveurs de Jean Fouquet à Tours tels que le Maître de Jean Charpentier qui utilisa ces atmosphères violettes (Les Lamentations de saint Bernard, Paris, BNF, Fr. 916). Mais les couleurs intenses et lumineuses, agrémentées de reflets d’or, les décors architecturaux imaginaires, l’attitude de certains personnages (il faut comparer la Vierge de la Visitation, f. 48v, à celle des Heures des Molé, f. 38v, conservées à Rodez) et l’ambiance dramatique des miniatures proviennent surtout de manuscrits peints par Jean Colombe. Il n’est pas étonnant de trouver l’influence de l’artiste berrichon en Champagne, les enlumineurs de la région connaissaient son art : des familles troyennes telles que les Molé-Boucherat et les Le Peley lui passèrent des commandes (Heures à lusage de Troyes des Molé, Rodez (Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, n° 1) ; Faits de Jules César, Paris, BNF, Fr. 22450 ; Heures, Florence, Bibl. laurentienne, Pal. 241). Il semblerait que les Heures de Louis de Laval (Paris, BNF, lat. 920), gouverneur de Champagne à l’époque, et peintes par Jean Colombe entre 1470-1489, soient à l’origine de ce goût de la bourgeoisie champenoise pour l’artiste berrichon. Étant donné l’usage troyen de notre livre d’heures, il est d’ailleurs fort possible qu’il ait été commandé par un membre d’une famille originaire de cette ville. Malgré les emprunts faits aux bords de la Loire, le style général des miniatures reste extrêmement personnel. Les personnages grands sont reconnaissables à plusieurs caractéristiques : la partie supérieure de leur crâne, proéminente, sur laquelle les cheveux sont plaqués, leur peau pâle, ombrée de gris opaque et rehaussée de rose, leurs petits yeux, formés de deux traits et d’un point bleu, et leurs lèvres fines à peine marquées. Ils manquent un peu d’expressivité. Ces miniatures forment un ensemble très équilibré aux couleurs intenses qui, posées les unes à côté des autres, se renforcent.
Le second artiste, de moindre talent, est l’auteur des bordures du manuscrit et de la miniature du Couronnement de la Vierge (f. 87). Il se caractérise par des visages ronds, peu élégants, posés sur un cou large et aux yeux globuleux. Les couleurs sont vives et beaucoup moins nuancées que celles du premier artiste ; il manque d’originalité. En revanche, il excelle dans la conception des marges où il montre une très riche variété de motifs ainsi qu’une bonne observation de la nature.

On peut attribuer à l’œuvre de l’artiste principal de ce manuscrit, artiste charmant, des miniatures dans le Missel à l’usage de Langres du chanoine Travaillot (Langres, BM, Ms. 2), voir Très riches heures de Champagne, Paris, 2007, pp. 166-167, notice dans laquelle ce manuscrit est cité. On retrouve également sa main dans des Heures à lusage de Rome vendues chez Sotheby’s le 23 mai 2017, n° 46 (https://www.sothebys.com/en/auctions/2017/medieval-renaissance-manuscripts-continental-books-l17403.html).
Le miniaturiste du Couronnement de la Vierge et des initiales ornées travaille dans les bordures du Bréviaire de Jean VII d’Amboise, évêque de Langres (Chaumont, BM, Ms. 32-33), voir Très riches heures…, pp. 168-169, notice dans laquelle le présent livre d’heures est cité. Il travaille également aux encadrements du Missel Travaillot. Jacques Lauga dans sa thèse soutenue en 2007 (Les Manuscrits liturgiques dans le diocèse de Langres à la fin du Moyen Âge : les commanditaires et leurs artistes, sous la dir. de F. Joubert) le situe comme un émule du Maître de Michel Jouvenel auquel on doit la commande du livre d’heures de la BNF, NAF lat. 3113 (Avril (Fr.), Les Manuscrits à peintures en France, BNF, 1993, p. 185).
Ce livre d’heures témoigne des liens entretenus au cours des années 1480 entre miniaturistes troyens et langrois.

Le dos de la reliure a été refait au XIXe siècle ; petit travail d’humidité en pied du volume.

Le manuscrit est protégé par une boîte-étui de maroquin havane.

Dimensions : 190 x 145 mm.

Provenances : les saints du calendrier ainsi que l’usage du livre d’heures indiquent que le manuscrit fut exécuté pour l’usage de Troyes ; un blason accroché à une branche dans la marge du f. 59 a été frotté ; au XVIe siècle, un des premiers propriétaires a écrit sur la page de garde : « Ce livre appartient presentement a Mr Legardinier phe habitant à Saint-Gervais 15[19 ?] » ; une mention manuscrite du XVIIe siècle : « par don de Melle Vaucan (?) 4 juillet 1670. J’appartiens à [signature illisible] » ; bibliothèque de Craven Ord (1756-1832), avec son ex-libris gravé sur le contre-plat de la reliure (ventes des 25 juin 1829, 25 janvier 1830 et 9 mai 1832) ; Benjamin John Plunket (1870-1932), bishop of Meath, avec son ex-libris gravé sur la page de garde (est jointe une lettre d’Eric Maclagan, du Victoria and Albert Museum, à Mrs Plunket, datée du 2 avril 1935, au sujet de l’usage liturgique troyen du livre (repérage des saints)) ; Horace G. Commin, libraire à Bournemouth, avec la notice tirée de son catalogue et le texte dactylographié de cette notice ; W. A. Foyle, avec son ex-libris.

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