Lot Essay
Longtemps attribué à tort à Jean-Baptiste Greuze, cet émouvant portrait du diplomate américain Benjamin Franklin, d’une grande fraîcheur, retrouve aujourd’hui sa paternité. En effet, il fut peint en 1777 par Joseph Ducreux, grand virtuose du pastel et portraitiste du XVIIIe français. Philantrope, illustre scientifique – il invente le calorifère et le paratonnerre – et défenseur de l’alliance franco-américaine, Franklin arrive en France en 1776, où il représente jusqu’en 1785 la jeune République des Etats-Unis d'Amérique, qui tente de se libérer de la domination anglaise. Franklin a pour mission de négocier une alliance avec la France. Très populaire dès son arrivée, véritable coqueluche des salons parisiens, les plus grands artistes de l’époque s’empressent de le portraiturer.
Ducreux rencontre Franklin probablement grâce à ses relations avec Maurice-Quentin de La Tour, lui-même ami et voisin à Auteuil d’Anne-Catherine de Ligniville Helvétius, dont le célèbre Salon compte les plus importantes personnalités politiques, philosophiques et artistiques de l’époque et où Franklin a une place d’honneur. D’après le duc Emmanuel de Croÿ, ‘c’était un très grand homme, de la plus belle figure, aux longs cheveux blancs, portant partout dehors un bonnet de peau, avec la tournure d’un quaker ; de plus ayant presque toujours sur le nez de grosses bésicles, sans lesquelles il n’avait jamais pu voir’. Dans le présent pastel, ce délégué du nouveau monde cultive semble-t-il sa différence, sobrement vêtu et toujours avec sa chevelure libre à l’inverse des perruques poudrées qui coiffaient tous les courtisans de Versailles. Œuvre d’un grand naturalisme, les touches de pastels multicolores sur son visage permettent de représenter les signes de son âge avancé avec beaucoup de subtilité. C’est sans doute l’un des seuls portraits connus où le diplomate porte ses lunettes, hormis le tableau d’Anne-Rosalie Filleul (1753-1794), qui le représente accoudé devant son bureau, avec ses lunettes posées sur la table (collection particulière, France ; voir Ingamells, op.cit., 2006, p. 173).
Selon Neil Jeffares, il existerait deux autres versions du présent portrait, l’une sur toile considérée comme une réplique de Ducreux et conservée à l’American Philosophical Society de Philadelphie (inv. 58.P.2, anciennement attribué à Amédée Van Loo ; voir Jeffares, op. cit., consulté le 22 juin 2020, no. J.285.375). Et l’autre mentionnée comme une copie au Metropolitan Museum of Art de New York (inv. 83.2.467, anciennement attribué à Greuze ; voir Jeffares, op.cit., no. J.285.376). Avec Ducreux, Joseph-Siffred Duplessis et Jean-Baptiste Greuze sont les deux autres grands pastellistes français à avoir portraituré le célèbre patriote américain. Duplessis à deux reprises, le premier pastel, appelé Portrait au collier de fourrure, exécuté et présenté au Salon en 1778, est sans aucun doute le plus proche du présent portrait : également de format ovale, il représente le modèle vêtu d’un manteau rouge orné d’un col de fourrure (Fig. 1 ; The Metropolitan Museum of Art, inv. 32.100.132 ; voir K. Baetjer, French Paintings in The Metropolitan Museum of Art from the Early Eighteenth Century through the Revolution, New York, 2019, no. 59). Le second, un pastel sur parchemin, dessiné en 1779, représente l’homme politique vêtu beaucoup plus simplement d’un habit gris sur un fond gris (New York Public Library, inv. 260052 ; voir Baetjer, op. cit., fig. 59.2). Quant au pastel de Greuze, préparatoire à une huile sur toile (Sotheby’s, New York, 30 Janvier 1998, lot 120), également de forme ovale et réalisé en 1777, il présente le modèle dans un costume similaire à celui de Ducreux, manteau bleu ourlé de fourrure et chemise blanche au jabot (American Philosophical Society, Philadelphie ; voir Ingamells, op. cit., p 173).
Benjamin Franklin figure également dans la galerie des grands hommes portraiturés par Jean-Antoine Houdon. La terre cuite conservée au musée du Louvre (inv. no. RF349) fut présentée au Salon de 1779 et le marbre se trouve aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art (inv. no. 72.6). De ce buste sculpté, Jean-Honoré Fragonard s’inspira pour réaliser un délicat portrait dessiné au pinceau et lavis brun conservé à l’Art Institute de Chicago (inv. 1933.806). Dès 1777, son iconographie est assez largement diffusée. Les portraits de Benjamin Franklin sont le plus souvent réalisés en prenant modèle sur le pastel sur parchemin de Duplessis, réalisé dans un délicat camaïeu de gris, à l’image des miniatures sur ivoire de François Dumont (Ingamells, op. cit., p. 171, n. 7) et Lorenz Sparrgren (Christie’s, Londres, 18 décembre 1990, lot 65) et du tableau de Joseph Wright of Derby (Royal Society, Londres ; voir Jeffares, op. cit., version en ligne, s.v. Duplessis, p. 1), sans compter les médailles, les gravures ou encore les tabatières en écaille de tortue qui furent diffusées dès le XVIIIe siècle (Visiteurs de Versailles. Voyageurs, princes, ambassadeurs 1682-1789, cat. exp., Versailles, Château de Versailles, New York, Metropolitan Museum of Art, 2018, p. 216).
Ducreux rencontre Franklin probablement grâce à ses relations avec Maurice-Quentin de La Tour, lui-même ami et voisin à Auteuil d’Anne-Catherine de Ligniville Helvétius, dont le célèbre Salon compte les plus importantes personnalités politiques, philosophiques et artistiques de l’époque et où Franklin a une place d’honneur. D’après le duc Emmanuel de Croÿ, ‘c’était un très grand homme, de la plus belle figure, aux longs cheveux blancs, portant partout dehors un bonnet de peau, avec la tournure d’un quaker ; de plus ayant presque toujours sur le nez de grosses bésicles, sans lesquelles il n’avait jamais pu voir’. Dans le présent pastel, ce délégué du nouveau monde cultive semble-t-il sa différence, sobrement vêtu et toujours avec sa chevelure libre à l’inverse des perruques poudrées qui coiffaient tous les courtisans de Versailles. Œuvre d’un grand naturalisme, les touches de pastels multicolores sur son visage permettent de représenter les signes de son âge avancé avec beaucoup de subtilité. C’est sans doute l’un des seuls portraits connus où le diplomate porte ses lunettes, hormis le tableau d’Anne-Rosalie Filleul (1753-1794), qui le représente accoudé devant son bureau, avec ses lunettes posées sur la table (collection particulière, France ; voir Ingamells, op.cit., 2006, p. 173).
Selon Neil Jeffares, il existerait deux autres versions du présent portrait, l’une sur toile considérée comme une réplique de Ducreux et conservée à l’American Philosophical Society de Philadelphie (inv. 58.P.2, anciennement attribué à Amédée Van Loo ; voir Jeffares, op. cit., consulté le 22 juin 2020, no. J.285.375). Et l’autre mentionnée comme une copie au Metropolitan Museum of Art de New York (inv. 83.2.467, anciennement attribué à Greuze ; voir Jeffares, op.cit., no. J.285.376). Avec Ducreux, Joseph-Siffred Duplessis et Jean-Baptiste Greuze sont les deux autres grands pastellistes français à avoir portraituré le célèbre patriote américain. Duplessis à deux reprises, le premier pastel, appelé Portrait au collier de fourrure, exécuté et présenté au Salon en 1778, est sans aucun doute le plus proche du présent portrait : également de format ovale, il représente le modèle vêtu d’un manteau rouge orné d’un col de fourrure (Fig. 1 ; The Metropolitan Museum of Art, inv. 32.100.132 ; voir K. Baetjer, French Paintings in The Metropolitan Museum of Art from the Early Eighteenth Century through the Revolution, New York, 2019, no. 59). Le second, un pastel sur parchemin, dessiné en 1779, représente l’homme politique vêtu beaucoup plus simplement d’un habit gris sur un fond gris (New York Public Library, inv. 260052 ; voir Baetjer, op. cit., fig. 59.2). Quant au pastel de Greuze, préparatoire à une huile sur toile (Sotheby’s, New York, 30 Janvier 1998, lot 120), également de forme ovale et réalisé en 1777, il présente le modèle dans un costume similaire à celui de Ducreux, manteau bleu ourlé de fourrure et chemise blanche au jabot (American Philosophical Society, Philadelphie ; voir Ingamells, op. cit., p 173).
Benjamin Franklin figure également dans la galerie des grands hommes portraiturés par Jean-Antoine Houdon. La terre cuite conservée au musée du Louvre (inv. no. RF349) fut présentée au Salon de 1779 et le marbre se trouve aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art (inv. no. 72.6). De ce buste sculpté, Jean-Honoré Fragonard s’inspira pour réaliser un délicat portrait dessiné au pinceau et lavis brun conservé à l’Art Institute de Chicago (inv. 1933.806). Dès 1777, son iconographie est assez largement diffusée. Les portraits de Benjamin Franklin sont le plus souvent réalisés en prenant modèle sur le pastel sur parchemin de Duplessis, réalisé dans un délicat camaïeu de gris, à l’image des miniatures sur ivoire de François Dumont (Ingamells, op. cit., p. 171, n. 7) et Lorenz Sparrgren (Christie’s, Londres, 18 décembre 1990, lot 65) et du tableau de Joseph Wright of Derby (Royal Society, Londres ; voir Jeffares, op. cit., version en ligne, s.v. Duplessis, p. 1), sans compter les médailles, les gravures ou encore les tabatières en écaille de tortue qui furent diffusées dès le XVIIIe siècle (Visiteurs de Versailles. Voyageurs, princes, ambassadeurs 1682-1789, cat. exp., Versailles, Château de Versailles, New York, Metropolitan Museum of Art, 2018, p. 216).