Lot Essay
Célèbre composition de Jean-François Millet, Les Glaneuses, ce fameux tableau daté vers 1857 conservé au musée d’Orsay à Paris (inv. FR 592), a fait l’objet de nombreux dessins préparatoires dont la présente feuille.
Après une première étude des années 1850 à la pierre noire de Deux glaneuses au travail avec trois meules à l’arrière-plan conservée au Louvre (inv. RF 30 571), Millet réalise un dessin beaucoup plus abouti, à la pierre noire rehaussé de blanc, Le mois d’août, les glaneuses (Harvard Art Museums ; inv. 1978.32), utilisé par Charles Jacque pour une série des douze mois publiés dans l’Illustration au cours de l’année 1852, où le groupe de femmes est beaucoup plus important avec une charrette conduite par deux chevaux à l’arrière-plan. Dans les deux cas, les femmes regardent vers la droite puis Millet décide de retourner ce groupe des glaneuses vers la gauche dans une étude au plan resserré conservée au musée Grodet-Labadié de Marseille (inv. 114). De cette composition sera inspirée la toile, L’été, conservée au Yamanashi Prefectural Museum of Art de Kōfu au Japon et réalisée en 1853, pour la série des Quatre saisons (Millet, cat. exp., Lille, Palais des beaux-arts, 2018, no. 27).
Au sein du processus créatif pour cette série des Glaneuses, le présent dessin arrive sans doute autour de 1855 lorsque paraît une gravure (Delteil, Le peintre-graveur illustré, Paris, 1906, I, n°13) extrêmement proche d’un dessin à la pierre noire avec le groupe des trois Glaneuses au centre et à l’arrière-plan une charrette et des meules de foin le long de la ligne d’horizon, conservé au Maryland Institute College of Art de Baltimore (Millet, cat. exp., Paris, Grand Palais, 1976, no. 106). Tandis que ce dessin de Baltimore met l’accent sur le modelé des personnages, notamment les deux glaneuses de gauche en train de ramasser des fagots, dans le présent dessin, de composition très proche, Millet se concentre davantage sur le cadrage de la composition : il délimite la scène en ajoutant des petits traits verticaux à droite et à gauche autour du dessin comme pour créer un cadre tandis que les figures restent plus esquissées. La ferme visible à l’horizon sur la droite dans le tableau de 1857 du musée d’Orsay et sur la gravure n’est pas encore visible sur le présent dessin.
Ainsi pour Robert L. Herbet, ‘cette progression depuis Août jusqu’à l’Eté puis aux préoccupations sociales de la dernière composition montre la complexité de l’évolution de Millet à partir d’un naturalisme étroitement lié à la tradition, vers un naturalisme, encore symbolique mais plus marqué par la conscience du présent’ (op. cit., 1976, p. 143).
Ce dessin a appartenu à Carel Henry (1855-1944), capitaine hollandais d'industrie et collectionneur qui commanda notamment à Jan Toorop un portrait de sa fille cadette, Adrienne (1889-1983) aujourd'hui conservé au Groninger Museum (inv. 1960-594).
Nous remercions Alexandra Murphy d’avoir confirmé l’attribution après examen photographique de l’œuvre.
Après une première étude des années 1850 à la pierre noire de Deux glaneuses au travail avec trois meules à l’arrière-plan conservée au Louvre (inv. RF 30 571), Millet réalise un dessin beaucoup plus abouti, à la pierre noire rehaussé de blanc, Le mois d’août, les glaneuses (Harvard Art Museums ; inv. 1978.32), utilisé par Charles Jacque pour une série des douze mois publiés dans l’Illustration au cours de l’année 1852, où le groupe de femmes est beaucoup plus important avec une charrette conduite par deux chevaux à l’arrière-plan. Dans les deux cas, les femmes regardent vers la droite puis Millet décide de retourner ce groupe des glaneuses vers la gauche dans une étude au plan resserré conservée au musée Grodet-Labadié de Marseille (inv. 114). De cette composition sera inspirée la toile, L’été, conservée au Yamanashi Prefectural Museum of Art de Kōfu au Japon et réalisée en 1853, pour la série des Quatre saisons (Millet, cat. exp., Lille, Palais des beaux-arts, 2018, no. 27).
Au sein du processus créatif pour cette série des Glaneuses, le présent dessin arrive sans doute autour de 1855 lorsque paraît une gravure (Delteil, Le peintre-graveur illustré, Paris, 1906, I, n°13) extrêmement proche d’un dessin à la pierre noire avec le groupe des trois Glaneuses au centre et à l’arrière-plan une charrette et des meules de foin le long de la ligne d’horizon, conservé au Maryland Institute College of Art de Baltimore (Millet, cat. exp., Paris, Grand Palais, 1976, no. 106). Tandis que ce dessin de Baltimore met l’accent sur le modelé des personnages, notamment les deux glaneuses de gauche en train de ramasser des fagots, dans le présent dessin, de composition très proche, Millet se concentre davantage sur le cadrage de la composition : il délimite la scène en ajoutant des petits traits verticaux à droite et à gauche autour du dessin comme pour créer un cadre tandis que les figures restent plus esquissées. La ferme visible à l’horizon sur la droite dans le tableau de 1857 du musée d’Orsay et sur la gravure n’est pas encore visible sur le présent dessin.
Ainsi pour Robert L. Herbet, ‘cette progression depuis Août jusqu’à l’Eté puis aux préoccupations sociales de la dernière composition montre la complexité de l’évolution de Millet à partir d’un naturalisme étroitement lié à la tradition, vers un naturalisme, encore symbolique mais plus marqué par la conscience du présent’ (op. cit., 1976, p. 143).
Ce dessin a appartenu à Carel Henry (1855-1944), capitaine hollandais d'industrie et collectionneur qui commanda notamment à Jan Toorop un portrait de sa fille cadette, Adrienne (1889-1983) aujourd'hui conservé au Groninger Museum (inv. 1960-594).
Nous remercions Alexandra Murphy d’avoir confirmé l’attribution après examen photographique de l’œuvre.