Lot Essay
« Lorsque le Pont Neuf a été emballé, on pouvait le considérer comme une sculpture. Mais le pont fonctionnait toujours comme un pont ; les bateaux passaient en dessous, les gens traversaient toujours le fleuve en l'utilisant. L'œuvre d'art a emprunté l'une des parties les plus réussies de l'aménagement urbain. Et tous les éléments de ce design urbain, toutes ces ressources, sont devenus partie intégrante de la perception de l'art. »
"When the Pont Neuf was wrapped, it could be considered a sculpture. But the bridge did still function as a bridge; the boats were passing underneath it, people were still crossing the river by using it. The work of art borrowed one of the most successful parts of urban design. And all the elements of this urban design, all these resources, became part of art perception."
Christo
Christie’s est heureuse de présenter deux œuvres emblématiques de Christo provenant d’une collection privée Belge. Ces deux projets préparatoires sont les témoins de deux travaux historiques et monumentaux du célèbre couple pionnier du Land Art, Christo et Jeanne-Claude. De leur rencontre en 1958 jusqu’à la mort de Christo l’année passée, le couple n’aura cessé d’étonner et de repousser les limites de l’art au sens propre comme au sens figuré.
En commençant par des objets enveloppés puis par des installations gigantesques en extérieur, ils ont bousculé les barrières établies par l’histoire de l’art traditionnel de la peinture, de la sculpture ou du dessin. L’emballage d’objets et de monuments historiques commencent au tout début des années 1960. Mais avec le Pont Neuf, Christo voit plus grand et va plus loin. Le 22 septembre 1985, une équipe de 300 professionnels vont déployer un travail colossal pour emballer le Pont Neuf, le plus vieux pont de Paris. 13 km de cordes et plus de 12 tonnes d’acier sont nécessaires à la réalisation de cette œuvre. Emballer le Pont Neuf perpétue pour le couple cette tradition de métamorphoses successives auxquelles le pont a fait face pendant près de 400 ans. Pendant 14 jours, cet objet architecturale sera transformé en véritable œuvre d’art.
Le Mastaba d’Abu Dhabi est quant à lui, un projet imaginé en 1977, et encore jamais réalisé. Le projet devrait prendre la forme d’une gigantesque sculpture érigée dans le désert d’Abu Dhabi constituée de 440 000 barils multicolores. Empilés les uns au-dessus des autres sur le côté, ils forment une mosaïque de couleurs vives, écho à l’architecture islamique, le mastaba étant un édifice funéraire égyptien servant de sépulture aux rois des deux premières dynasties. Ce projet rêvé et réfléchi pendant de longues années a pris forme dans deux plus petites versions : à la fondation Maeght et à Londres sur le lac de Hyde Park en 2018. Ces deux versions sont toutefois considérées comme des étapes sur la route d’un projet plus démesuré. Des photos de Christo et son épouse, Jeanne-Claude, dans les dunes de sable, à 160 km d’Abou Dhabi, entre 1979 et 1982, au début de leur réflexion commune sur un mastaba permanent 400 fois plus gros que la version exposée à la Fondation Maeght : 150 mètres de haut, 300 mètres de large, 225 mètres de profondeur. The Mastaba (project for Abu Dhabi, United Arab Emirates est un projet préparatoire, très aboutit, symbole de l’immense rêve de Christo, encore jamais exaucé.
Les installations de Christo et Jeanne-Claude ont largement contribué à faire sortir l’art des musées. Par nature, elles sont éphémères : ainsi, les seules traces qui demeurent de ces installations prodigieuses sont les livres, les photos, les dessins, les collages ou les maquettes préparatoires conservées dans les musées et les collections privées, et dont ces deux œuvres réunies aujourd’hui chez Christie’s sont un beau témoignage. Les dessins sont en effet le seul moyen de conserver une partie de cette œuvre monumentale, de la mémoriser pour continuer à la faire exister, faisant ainsi dire à Christo que “le collectionneur n’achète pas seulement un dessin, mais il sait aussi que le processus de réalisation en cours appartient à l’œuvre” (A.-F. Penders, Conversation avec Christo et Jeanne-Claude, Gerpinnes, 2002).
Christie’s is pleased to present two quintessential Christo works from a Belgian private collection. These two preparatory projects bear witness to two of the historic and monumental works by the famous pair of Land Art pioneers, Christo and Jeanne-Claude. From their first meeting in 1958 until Christo's death last year, the couple never ceased to surprise and to push the boundaries of art, both literally and figuratively.
Starting with wrapped objects, then moving on to gigantic outdoor installations, they shook the foundation established by traditional narratives in the history of painting, sculpture and drawing. They began wrapping objects and historic monuments at the start of the 1960s. But with the Pont Neuf bridge, Christo was thinking bigger and looking further ahead. On 22 September 1985, a team of 300 professionals put in a colossal effort to wrap the Pont Neuf, the oldest bridge in Paris. It took 13 km of rope and 12 tons of steel to complete the work. For the couple, wrapping the Pont Neuf was a way to perpetuate the legacy of successive metamorphoses the bridge had undergone over its nearly 400 years. For 14 days, this architectural object was transformed into a true work of art.
The Mastaba project in Abu Dhabi was conceived in 1977, but never realised. The work was to be a gigantic sculpture erected in the desert of Abu Dhabi comprising 440,000 multicoloured oil barrels. Stacked on top of one another on their sides, they form a mosaic of bright colours, echoing Islamic architecture. Indeed, mastabas were Egyptian funerary structures used to entomb the kings of the first two dynasties. They dreamed and thought about the project for many years and did create two smaller versions: at the Maeght Foundation and on the lake in London's Hyde Park in 2018. However, both versions were considered to be stages along a path toward an enormous project. Photos of Christo and his wife, Jeanne-Claude, in the sand dunes some 160 km outside Abu Dhabi, between 1979 and 1982, at the beginning of their collaborative planning for a permanent mastaba that would be 400 times bigger than the one shown at the Maeght Foundation: 150 metres tall, 300 metres wide and 225 metres long. The Mastaba (project for Abu Dhabi, United Arab Emirates) was a very accomplished preparatory project and a symbol of Christo's great, and still unfulfilled, wish.
The installations by Christo and Jeanne-Claude were largely responsible for taking art outside museums. They are ephemeral by nature. Therefore, the only traces left behind by these prodigious installations are the books, photographs, drawings, collages and preparatory models held in museums and private collections. These two works now offered at Christie's are excellent examples. Drawings are, after all, the only way to conserve a part of this monumental work, to remember it so that it can continue to exist, which is what prompted Christo to say, “the collector is not just buying a drawing, for he also knows that the process of execution is part of the work” (A.-F. Penders, Conversation avec Christo et Jeanne-Claude, Gerpinnes, 2002).
"When the Pont Neuf was wrapped, it could be considered a sculpture. But the bridge did still function as a bridge; the boats were passing underneath it, people were still crossing the river by using it. The work of art borrowed one of the most successful parts of urban design. And all the elements of this urban design, all these resources, became part of art perception."
Christo
Christie’s est heureuse de présenter deux œuvres emblématiques de Christo provenant d’une collection privée Belge. Ces deux projets préparatoires sont les témoins de deux travaux historiques et monumentaux du célèbre couple pionnier du Land Art, Christo et Jeanne-Claude. De leur rencontre en 1958 jusqu’à la mort de Christo l’année passée, le couple n’aura cessé d’étonner et de repousser les limites de l’art au sens propre comme au sens figuré.
En commençant par des objets enveloppés puis par des installations gigantesques en extérieur, ils ont bousculé les barrières établies par l’histoire de l’art traditionnel de la peinture, de la sculpture ou du dessin. L’emballage d’objets et de monuments historiques commencent au tout début des années 1960. Mais avec le Pont Neuf, Christo voit plus grand et va plus loin. Le 22 septembre 1985, une équipe de 300 professionnels vont déployer un travail colossal pour emballer le Pont Neuf, le plus vieux pont de Paris. 13 km de cordes et plus de 12 tonnes d’acier sont nécessaires à la réalisation de cette œuvre. Emballer le Pont Neuf perpétue pour le couple cette tradition de métamorphoses successives auxquelles le pont a fait face pendant près de 400 ans. Pendant 14 jours, cet objet architecturale sera transformé en véritable œuvre d’art.
Le Mastaba d’Abu Dhabi est quant à lui, un projet imaginé en 1977, et encore jamais réalisé. Le projet devrait prendre la forme d’une gigantesque sculpture érigée dans le désert d’Abu Dhabi constituée de 440 000 barils multicolores. Empilés les uns au-dessus des autres sur le côté, ils forment une mosaïque de couleurs vives, écho à l’architecture islamique, le mastaba étant un édifice funéraire égyptien servant de sépulture aux rois des deux premières dynasties. Ce projet rêvé et réfléchi pendant de longues années a pris forme dans deux plus petites versions : à la fondation Maeght et à Londres sur le lac de Hyde Park en 2018. Ces deux versions sont toutefois considérées comme des étapes sur la route d’un projet plus démesuré. Des photos de Christo et son épouse, Jeanne-Claude, dans les dunes de sable, à 160 km d’Abou Dhabi, entre 1979 et 1982, au début de leur réflexion commune sur un mastaba permanent 400 fois plus gros que la version exposée à la Fondation Maeght : 150 mètres de haut, 300 mètres de large, 225 mètres de profondeur. The Mastaba (project for Abu Dhabi, United Arab Emirates est un projet préparatoire, très aboutit, symbole de l’immense rêve de Christo, encore jamais exaucé.
Les installations de Christo et Jeanne-Claude ont largement contribué à faire sortir l’art des musées. Par nature, elles sont éphémères : ainsi, les seules traces qui demeurent de ces installations prodigieuses sont les livres, les photos, les dessins, les collages ou les maquettes préparatoires conservées dans les musées et les collections privées, et dont ces deux œuvres réunies aujourd’hui chez Christie’s sont un beau témoignage. Les dessins sont en effet le seul moyen de conserver une partie de cette œuvre monumentale, de la mémoriser pour continuer à la faire exister, faisant ainsi dire à Christo que “le collectionneur n’achète pas seulement un dessin, mais il sait aussi que le processus de réalisation en cours appartient à l’œuvre” (A.-F. Penders, Conversation avec Christo et Jeanne-Claude, Gerpinnes, 2002).
Christie’s is pleased to present two quintessential Christo works from a Belgian private collection. These two preparatory projects bear witness to two of the historic and monumental works by the famous pair of Land Art pioneers, Christo and Jeanne-Claude. From their first meeting in 1958 until Christo's death last year, the couple never ceased to surprise and to push the boundaries of art, both literally and figuratively.
Starting with wrapped objects, then moving on to gigantic outdoor installations, they shook the foundation established by traditional narratives in the history of painting, sculpture and drawing. They began wrapping objects and historic monuments at the start of the 1960s. But with the Pont Neuf bridge, Christo was thinking bigger and looking further ahead. On 22 September 1985, a team of 300 professionals put in a colossal effort to wrap the Pont Neuf, the oldest bridge in Paris. It took 13 km of rope and 12 tons of steel to complete the work. For the couple, wrapping the Pont Neuf was a way to perpetuate the legacy of successive metamorphoses the bridge had undergone over its nearly 400 years. For 14 days, this architectural object was transformed into a true work of art.
The Mastaba project in Abu Dhabi was conceived in 1977, but never realised. The work was to be a gigantic sculpture erected in the desert of Abu Dhabi comprising 440,000 multicoloured oil barrels. Stacked on top of one another on their sides, they form a mosaic of bright colours, echoing Islamic architecture. Indeed, mastabas were Egyptian funerary structures used to entomb the kings of the first two dynasties. They dreamed and thought about the project for many years and did create two smaller versions: at the Maeght Foundation and on the lake in London's Hyde Park in 2018. However, both versions were considered to be stages along a path toward an enormous project. Photos of Christo and his wife, Jeanne-Claude, in the sand dunes some 160 km outside Abu Dhabi, between 1979 and 1982, at the beginning of their collaborative planning for a permanent mastaba that would be 400 times bigger than the one shown at the Maeght Foundation: 150 metres tall, 300 metres wide and 225 metres long. The Mastaba (project for Abu Dhabi, United Arab Emirates) was a very accomplished preparatory project and a symbol of Christo's great, and still unfulfilled, wish.
The installations by Christo and Jeanne-Claude were largely responsible for taking art outside museums. They are ephemeral by nature. Therefore, the only traces left behind by these prodigious installations are the books, photographs, drawings, collages and preparatory models held in museums and private collections. These two works now offered at Christie's are excellent examples. Drawings are, after all, the only way to conserve a part of this monumental work, to remember it so that it can continue to exist, which is what prompted Christo to say, “the collector is not just buying a drawing, for he also knows that the process of execution is part of the work” (A.-F. Penders, Conversation avec Christo et Jeanne-Claude, Gerpinnes, 2002).