Lot Essay
D’une grande puissance visuelle, cette remarquable tapisserie communément appelée Millefleurs se singularise par son raffinement inouï et par l’immersion qu’elle permet.
L’histoire des Millefleurs
Cette tapisserie, est représentative de cette remarquable production qui verra le jour dès la fin du Moyen Age, localisée dans les Pays-Bas, et qui mettait à l’honneur des ornements naturalistes extremement fins et poétiques. Les premiers exemples de Millefleurs totalement aboutis verront le jour dans les années 1450-1460. L’une des premières entièrement imaginée en tant que telle et à avoir traversé les siècles est la tapisserie armoriée de Philippe le Bon de Bourgogne, tissée à Bruxelles vers 1466 (aujourd’hui conservée au Bernisches Historisches Museum de Berne). Le succes de ce modele est indéniable puisque nous savons qu’il restera populaire jusqu’au milieu du XVIe siècle. La version des Millefleurs dite au décor « uni » était tres souvent utilisée pour habiller des pans entiers
de murs, ou bien pour recouvrir du mobilier tels que des fauteuils ou des parures de lit. En revanche le modèle « animé » peuplé d’une flore et d’une faune, comme sur notre présent lot, reste beaucoup plus rare et devait etre tres onéreux pour l’époque. Un débat subsiste encore aujourd’hui pour déterminer le ou les lieux de production de ces sublimes tapisseries à fonds de Millefleurs ; Arras, Tournai ou Bruges, les avis divergent. Tous se rejoignent en revanche pour saluer la poésie qui émane de ce travail de lissier où les personnages, réalisés a l’aide de silhouettes réutilisables, semblent flotter dans l’air.
Datation et symbolisme
Certaines études, comme celle du fameux historien Adolfo Salvatore Cavallo, suggèrent que l’uniformité et la taille des fleurs en partie basse pourraient être des éléments de datation non négligeables. Il semblerait en effet, que les tapisseries tissées vers le milieu du XVIe siècle représenteraient des fleurs plutôt fines et fuyantes. Les feuilles quant à elles, auraient tendance à devenir de plus en plus imposantes au fil des années. Certaines d’entre elles, particulierement larges pourraient même annoncer les prémices des premières feuilles de choux, motif très en vogue à partir des années 1580. Il y eut de nombreux débats pour savoir si la présence d’animaux aurait pu avoir une signification symbolique dans l’art de la tapisserie. Si tel est le cas, les lièvres pourraient représenter la fécondité et la luxure ou, dans un contexte plus religieux, l’espoir de l’homme en le Salut par le Christ ainsi que sa Passion. Les faucons au-dessus pourraient représenter un éventuel malheur mais aussi une grande menace pour l’Église. Le cerf quant a lui, pourrait symboliser la solitude, la pureté et la foi.
Un corpus largement publié
Nous pouvons rapprocher notre présent lot de deux somptueux fragments d’une composition quasi identique, où nous retrouvons ces lièvres et ces oiseaux caractéristiques et qui restent aujourd’hui conservés au Musée de Cluny (inv. Cl. 22570 a et b). Une autre tapisserie du même esprit et d’une composition similaire pourvue d’un dromadaire, d’une licorne, des lièvres et de divers oiseaux sans
blason reconnaissable est illustrée dans J. Boccara, Âmes de Laine et de Soie, Saint-Rémy-en-l’Eau, 1988, p. 47. De plus, nous connaissons une version également centrée d’un médaillon et d’un horizon particulièrement proche aujourd’hui encore visible au Musée d’Art de Saint Louis (ill. dans F. Joubert, La Tapisserie Médiévale au Musée de Cluny, Paris, 1987, p. 189). Enfin un autre panneau avec une composition verticale et d’un style très similaire est conservé aux Fine Arts Museums de San Francisco (inv. 1951.32).
L’histoire des Millefleurs
Cette tapisserie, est représentative de cette remarquable production qui verra le jour dès la fin du Moyen Age, localisée dans les Pays-Bas, et qui mettait à l’honneur des ornements naturalistes extremement fins et poétiques. Les premiers exemples de Millefleurs totalement aboutis verront le jour dans les années 1450-1460. L’une des premières entièrement imaginée en tant que telle et à avoir traversé les siècles est la tapisserie armoriée de Philippe le Bon de Bourgogne, tissée à Bruxelles vers 1466 (aujourd’hui conservée au Bernisches Historisches Museum de Berne). Le succes de ce modele est indéniable puisque nous savons qu’il restera populaire jusqu’au milieu du XVIe siècle. La version des Millefleurs dite au décor « uni » était tres souvent utilisée pour habiller des pans entiers
de murs, ou bien pour recouvrir du mobilier tels que des fauteuils ou des parures de lit. En revanche le modèle « animé » peuplé d’une flore et d’une faune, comme sur notre présent lot, reste beaucoup plus rare et devait etre tres onéreux pour l’époque. Un débat subsiste encore aujourd’hui pour déterminer le ou les lieux de production de ces sublimes tapisseries à fonds de Millefleurs ; Arras, Tournai ou Bruges, les avis divergent. Tous se rejoignent en revanche pour saluer la poésie qui émane de ce travail de lissier où les personnages, réalisés a l’aide de silhouettes réutilisables, semblent flotter dans l’air.
Datation et symbolisme
Certaines études, comme celle du fameux historien Adolfo Salvatore Cavallo, suggèrent que l’uniformité et la taille des fleurs en partie basse pourraient être des éléments de datation non négligeables. Il semblerait en effet, que les tapisseries tissées vers le milieu du XVIe siècle représenteraient des fleurs plutôt fines et fuyantes. Les feuilles quant à elles, auraient tendance à devenir de plus en plus imposantes au fil des années. Certaines d’entre elles, particulierement larges pourraient même annoncer les prémices des premières feuilles de choux, motif très en vogue à partir des années 1580. Il y eut de nombreux débats pour savoir si la présence d’animaux aurait pu avoir une signification symbolique dans l’art de la tapisserie. Si tel est le cas, les lièvres pourraient représenter la fécondité et la luxure ou, dans un contexte plus religieux, l’espoir de l’homme en le Salut par le Christ ainsi que sa Passion. Les faucons au-dessus pourraient représenter un éventuel malheur mais aussi une grande menace pour l’Église. Le cerf quant a lui, pourrait symboliser la solitude, la pureté et la foi.
Un corpus largement publié
Nous pouvons rapprocher notre présent lot de deux somptueux fragments d’une composition quasi identique, où nous retrouvons ces lièvres et ces oiseaux caractéristiques et qui restent aujourd’hui conservés au Musée de Cluny (inv. Cl. 22570 a et b). Une autre tapisserie du même esprit et d’une composition similaire pourvue d’un dromadaire, d’une licorne, des lièvres et de divers oiseaux sans
blason reconnaissable est illustrée dans J. Boccara, Âmes de Laine et de Soie, Saint-Rémy-en-l’Eau, 1988, p. 47. De plus, nous connaissons une version également centrée d’un médaillon et d’un horizon particulièrement proche aujourd’hui encore visible au Musée d’Art de Saint Louis (ill. dans F. Joubert, La Tapisserie Médiévale au Musée de Cluny, Paris, 1987, p. 189). Enfin un autre panneau avec une composition verticale et d’un style très similaire est conservé aux Fine Arts Museums de San Francisco (inv. 1951.32).