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Une passion surréaliste – Collection Inna et Boris Salomon 14 février 2022 Les origines et années d’avant-guerre Inna et Boris Salomon, deux vies qui ont traversé le XXe siècle, ses tragédies, ses révolutions artistiques, ses chocs idéologiques, deux vies consacrées au monde des idées, à l’amour de l’art et aux artistes. Tous deux sont issus de l’immigration russe à Paris au début des années 20. Inna est née en 1912 à Odessa, ce grand port cosmopolite. Boris est né en 1914 à Vologda, ville de relégation des opposants au Tsar. Ils viennent au monde dans les années où Duchamp peint son Nu descendant un escalier, et où Stravinsky déclenche un des plus célèbres scandales de l’histoire de la musique avec le Sacre du Printemps. Nombre d’évènements artistiques qui vont fonder le siècle, siècle marqué par l’avant-garde et auquel Inna et Boris vont prendre une part importante. Boris, étudiant brillant, se destine aux sciences politiques. C’est sans compter avec les injonctions de son père Grégoire qui le contraint à rejoindre l’entreprise familiale de pelleteries, destin qui le conduira à parcourir le monde à la recherche des plus belles fourrures. Dans ces années d’avant-guerre, il prend part aux intenses débats intellectuels, politiques et artistiques de son époque et participe, avec sa jeune épouse Inna, fille d’une comédienne et cantatrice reconnue, à la création d’une troupe de théâtre. New-York, le retour à Paris et la constitution de la collection Contraint d’émigrer aux États Unis au début de la guerre, le couple va côtoyer à New York le milieu des artistes et écrivains exfiltrés de France par Varian Fry, notamment Claude Levy Strauss, Marcel Duchamp, André Breton, Henriette Nizan (femme de Paul Nizan et compagnon de route de Sartre et Aragon, qui deviendra une amie proche), ainsi que les peintres Ernst, Masson, Tanguy et Matta. Durant ces années d’exil, ils vont découvrir le travail de ces artistes dans les expositions sur le surréalisme organisées par Pierre Matisse, Julien Lévy et Peggy Guggenheim. Ils commencent aussi à acheter des œuvres : une aquarelle de Picabia, une photographie de Man Ray, puis de retour à Paris, Le Colloque Sentimental de Magritte. La collection est née ! Elle va s’enrichir progressivement au contact des artistes, notamment sud-américains, que leur présente une amie, Geo Dupin, belle-sœur de Wolfgang Paalen. Ils vont tisser des liens avec nombre de ces artistes, en particulier Lam, Cárdenas, Hiquily, Le Marechal et le critique et poète Alain Jouffroy. Progressivement les murs de leur hôtel particulier Villa Montmorency se couvrent de tableaux magnifiques : Max Ernst, Picabia, Miro, Tamayo, Matta, Delvaux (un grand nu dans un paysage de tramways), Paalen, Lam (notamment le célèbre tableau Quand je ne dors pas, je rêve), puis Hundertwasser, Svanberg, Bellmer, Dali (dont le beau Portrait de Gala), des sculptures de Max Ernst, Arp, Cardenàs, Hiquily. Boris ramène des objets étranges comme ce Barbus Müller qu’André Breton lui a fait découvrir, mais aussi de l’art primitif, des objets précolombiens et africains, des sculptures de l’antiquité gréco-romaine. Villa Montmorency L’hôtel particulier de la Villa Montmorency, de style néo espagnol, va devenir le haut lieu de fêtes extraordinaires relevant du happening, illuminées par l’incomparable éclat d’Inna, et dont Boris est le maître de cérémonie. Lors de ces soirées mémorables, vont se côtoyer un monde éclectique, syncrétique, métissé, cosmopolite, brillant : des amis de lycée tels que le grand helléniste Jean-Pierre Vernant, des industriels, des aristocrates désargentés ou militants communistes de la diaspora russe, des collègues fourreurs et représentants de la mode, des intellectuels au firmament tel que le philosophe marxiste Louis Althusser (qui sera jusqu’à la fin de sa vie très proche d’Inna), Dominique Éluard, elle aussi amie du couple, André Breton et nombre d’artistes de la mouvance surréaliste tels que Max Ernst, Brauner, Hérold, le contingent latino-américain : Lam, Tamayo, Cárdenas, tous de splendides danseurs, et leur jeunes compatriotes Toledo, Camacho, Guzmàn, artistes promis à une grande renommée. Il y a aussi le marchand d’art Iolas, l’explorateur Jean Mallory, Marie-Laure vicomtesse de Noailles, le critique d’art Alain Jouffroy, le peintre, décorateur et costumier de théâtre Félix Labisse, le créateur de performances Jean-Jacques Lebel, les écrivains et poètes Octavio Paz, futur prix Nobel de littérature, Romain Gary, André Pieyre de Mandiargues et sa femme, la très belle Bona, la flamboyante poétesse Joyce Mansour, le réalisateur Gilles Margaritis, l’homme de télévision Léon Zitrone, des musiciens tels que Mischa Elman, violoniste légendaire et Alexandre Uninsky, lauréat du concours Chopin. Au dernier étage logent des artistes en résidence, notamment Ernst Fuchs mais surtout Le Maréchal qui va devenir pour les enfants du couple un complice, un confident, une source de savoir artistique qui va s’employer à leur révéler les secrets de sa peinture visionnaire. Galerie La Cour d’Ingres 1956 voit la fermeture de l’Étoile Scellée galerie dont André Breton est le conseiller artistique et à la direction de laquelle Geo Dupin est associée. Ils cherchent tous deux un nouveau lieu. Breton et Geo Dupin suggèrent à Inna et Boris d’ouvrir une galerie dédiée aux artistes surréalistes. Ce sera la Cour d’Ingres, 17 quai Voltaire, qui ouvre ses portes à l’automne 1956 (la galerie déménagera à la fin des années 60 rue Saint Julien le Pauvre, puis rue de la Bucherie). La création de la galerie répond à des aspirations du couple qui a déjà constitué une importante collection. Boris est un chef d’entreprise clairvoyant, cultivé, polyglotte, aux multiples centres d’intérêts, une personnalité généreuse, fidèle en amitié avec un sens de l’hospitalité important, cultivant une sociabilité ouverte à des milieux très variés. Il a donné à l’entreprise familiale de négoce de pelleteries une envergure internationale. A ce stade, il aspire, tant par un souci de diversification que par goût intellectuel, à devenir un acteur du marché de l’art. Il va déployer ses talents de marchand dans cet écosystème qui lie artistes, galeries et critiques d’art, grands collectionneurs et marchands. Il entre notamment en contact avec Alexandre Iolas, les frères Loeb, Paul Facchetti, Daniel Cordier à Paris ; Arturo Schwarz à Milan ; Jacques Kaplan à New-York. Inna, sculptrice de talent (elle exposera à plusieurs reprises au Salon des Artistes Français), partage la passion de Boris pour l’art. D’une grande beauté, elle est dotée d’une intuition, d’un œil, d’un goût très sûrs. C’est une femme de caractère, fascinante, avec un grand pouvoir de séduction. Dès l’origine jusqu’à la fermeture en 1976, c’est elle qui va incarner la Cour d’Ingres, menant la galerie avec poigne et intelligence avec l’aide, les premières années, de Geo Dupin, première directrice de la galerie qui a amené son vaste réseau d’artistes surréalistes grâce à sa proximité avec André Breton. A la disparition prématurée de Boris en 1979, Inna s’affirmera comme une marchande d’art perspicace et exigeante, reconnue et admirée du milieu artistique pour sa forte personnalité et son rôle de mécène. Devenue centenaire, elle était restée active, de façon plus discrète, jusqu’à la fin de sa vie. L’activité de la galerie va réunir, notamment lors de l’exposition inaugurale en octobre 1956, puis lors d’accrochages ultérieurs, des tableaux des peintres surréalistes de la première heure : Ernst, Brauner, Tanguy, Magritte, Picabia, Man Ray, Toyen, Domínguez, mais aussi Matta, Delvaux, Tamayo, Bellmer, Svanberg, Hundertwasser, Errò. Certains de ces tableaux proviennent de la collection particulière d’Inna et Boris, instituant, comme souvent à l’époque, une certaine porosité entre les fonctions de collectionneur, marchand et galeriste. Vont ensuite alterner la présentation de jeunes peintres français et étrangers et des expositions monographiques telles que celles d’Alice Rahon (1956), Yves Elléouët et Pierre Jaouën (1958), Laloy (1958 et 1960) présenté par Geo Dupin à Breton qui écrira le texte de l’exposition, Hérold et Néjad (1958), Cárdenas et Mayo (1959), Lam (1961 et 1974), Le Maréchal (1968), Hiquily (1975). Cette collection est une création commune, un magnifique témoignage de ces deux vies consacrées à l’art. Nul doute qu’Inna et Boris Salomon, collectionneurs passionnés, auraient vu dans sa présentation chez Christie’s une forme de reconnaissance de leur vision partagée et une consécration. A passion for surrealism – The Inna and Boris Salomon collection 14 February 2022 Origins and pre-war period Inna and Boris Salomon lived through the 20th century and its tragedies, artistic revolutions, and ideological confrontations. Their lives were devoted to the world of ideas, to a love of art, and to artists. Both emigrated from Russia to Paris in the early 1920s. Inna was born in 1912 in Odessa, the great cosmopolitan port, and Boris was born in 1914 in Vologda, where opponents of the tsar were exiled. They entered the world just as Duchamp was painting his Nu descendant un escalier and Stravinsky sparked one of the most famous scandals in music history with his Sacre du Printemps. These and other artistic events would lay the foundations for this century marked by the avant-garde, in which Inna and Boris would play a major role. Boris, a brilliant student, had his sights set on political science. But his father Grégoire had other plans, demanding that he join the family pelt business, a role that took him on travels across the globe in search of the most exquisite furs. In these pre-war years, he participated in the intense intellectual, political and artistic debates of his time and, alongside his young wife Inna, daughter of a well-known actress and singer, formed a theatre company. New York, Paris and the beginnings of the collection When the war broke out, the couple was forced to emigrate to the United States. In New York, they frequented artists and writers spirited out of France by Varian Fry, including Claude Lévi-Strauss, Marcel Duchamp, André Breton, Henriette Nizan (the wife of Paul Nizan and an intimate of Sartre and Aragon, who herself became a dear friend), and the painters Ernst, Masson, Tanguy and Matta. During these years in exile, they would discover the work of these artists at surrealist exhibitions organised by Pierre Matisse, Julien Levy and Peggy Guggenheim. They also started buying works: a Picabia watercolour, a Man Ray photograph and, upon their return to Paris, Le Colloque Sentimental by Magritte. The collection was born! It would expand over time as the couple met and discovered artists, especially a South American group introduced to them by their friend Geo Dupin, Wolfgang Paalen’s sister-in-law. They forged connections with several of these artists, including Lam, Cárdenas, Hiquily, Le Marechal, and the critic and poet Alain Jouffroy. The walls of their home at Villa Montmorency were gradually covered with magnificent paintings by Max Ernst, Picabia, Miro, Tamayo, Matta, Delvaux (a large nude against a backdrop of tramways), Paalen, Lam (including his famous canvas Quand je ne dors pas, je rêve), Hundertwasser, Svanberg, Bellmer, Dali (including the beautiful Portrait de Gala), along with sculptures by Max Ernst, Arp, Cárdenas, and Hiquily. Boris brought back strange objects such as the Barbus Müller brought to his attention by André Breton, as well as primitive art, pre-Colombian and African objects and ancient Greco-Roman sculptures. Villa Montmorency Their Parisian residence Villa Montmorency, with its neo-Spanish style, became a hot spot for extraordinary parties that were major happenings. Inna lit up the evenings with her incomparable radiance while Boris was the master of ceremonies. These memorable evenings brought together an assortment of eclectic, syncretic, diverse, cosmopolitan and brilliant people: friends from secondary school like the great Greek scholar Jean-Pierre Vernant; industrialists; penniless aristocrats and communist activists from the Russian diaspora; colleagues from the fur trade and fashion business; renowned intellectual such as Marxist philosopher Louis Althusser (who was a very close friend of Inna until his death); Dominique Éluard, also a friend of the couple; André Breton and many artists from the surrealist movement including Max Ernst, Brauner and Hérold; the Latin-American contingent: Lam, Tamayo, Cárdenas – all brilliant dancers – and their young compatriots Toledo, Camacho and Guzmán, artists destined to rise to prominence. Guests also included the art dealer Iolas; explorer Jean Mallory; Viscountess Marie-Laure de Noailles; art critic Alain Jouffroy; painter, decorator and costume designer Félix Labisse; performance artist Jean-Jacques Lebel; writers and poets like Octavio Paz who would go on to win a Nobel Prize in literature, Romain Gary, André Pieyre de Mandiargues and his gorgeous wife Bona; flamboyant poet Joyce Mansour; film director Gilles Margaritis; television personality Léon Zitrone; and musicians such as legendary violinist Mischa Elman and Alexander Uninsky, winner of the Chopin competition. The top floor was home to artists in residence, including Ernst Fuchs and most importantly Le Maréchal, who would become a partner in crime to the couple’s children, a confidante and a source of artistic knowledge who took the time to unlock for them the secrets of his visionary painting. La Cour d’Ingres gallery L’Étoile Scellée, a gallery whose artistic adviser was André Breton and whose management committee included Geo Dupin, closed in 1956. Both of them began searching for a new location. Breton and Geo Dupin suggested that Inna and Boris open a gallery dedicated to the surrealists. The result was La Cour d’Ingres at 17 Quai Voltaire, which opened its doors in autumn 1956 (in the late 1960s the gallery would relocate to 60 rue Saint Julien le Pauvre, then to rue de la Bucherie). For the couple, who had already built a formidable collection, the gallery fulfilled one of their goals. Boris was a clear-sighted business owner and a cultivated polyglot. He was a man of many interests, generous in spirit and loyal in friendship with a strong sense of hospitality, who was open to socialising with people from a wide variety of milieus. He had given the family fur trading business an international scope, but at this stage, he aspired to be a player in the art world, in the interest of both diversification and his own intellectual affinities. He applied his talents as a merchant to this ecosystem connecting artists, galleries and art critics, major collectors and dealers. In particular, he made contact with Alexandre Iolas, the Loeb brothers, Paul Facchetti and Daniel Cordier in Paris, Arturo Schwarz in Milan and Jacques Kaplan in New York. Inna, a gifted sculptor (she exhibited on several occasions at the Salon des Artistes Français), shared Boris’s passion for art. Beyond her extraordinary beauty, she had good instincts, an assured eye and impeccable taste. She was a fascinating woman of character with tremendous powers of seduction. From the gallery’s inception to its closure in 1976, she was the one who brought La Cour d’Ingres to life, running the gallery with authority and intelligence. In the early years she was assisted by Geo Dupin, the gallery’s first manager, who brought her vast network of surrealist artists thanks to her close ties with André Breton. With Boris’s premature death in 1979, Inna would establish herself as a discerning and demanding art dealer, recognised and admired in the art world for her strong personality and role as patron. On turning 100, she remained active in a more discreet way until the end of her life. Events at the gallery – the inaugural exhibition in October 1956 and subsequent displays – featured canvases from pioneering surrealist painters: Ernst, Brauner, Tanguy, Magritte, Picabia, Man Ray, Toyen, Domínguez, not to mention Matta, Delvaux, Tamayo, Bellmer, Svanberg, Hundertwasser, and Errò. Some of these paintings came from the personal collection of Inna and Boris, blurring the lines between the roles of collector, merchant and gallery owner, which was not unusual in that era. The gallery would then intersperse shows featuring young painters from France and abroad with solo exhibitions like those organised for Alice Rahon (1956), Yves Elléouët and Pierre Jaouën (1958), Laloy (1958 and 1960) introduced by Geo Dupin to Breton, who wrote the book for the show, Hérold and Néjad (1958), Cárdenas and Mayo (1959), Lam (1961 and 1974), Le Maréchal (1968), and Hiquily (1975). This collection is a joint creation, a wonderful testament to these two lives devoted to art. There is no doubt that Inna and Boris Salomon, as passionate collectors, would have seen its presentation at Christie’s as a form of recognition and acknowledgement of their shared vision.
Meret Oppenheim (1913-1985)
Souvenir du "Déjeuner de fourrure"
Details
Meret Oppenheim (1913-1985)
Souvenir du "Déjeuner de fourrure"
signé et numéroté 'Meret Oppenheim 15' (sur l'étiquette de l'édition, au revers)
tissus, papier, fourrure artificielle et fleurs artificielles montés sous verre
16.7 x 19.8 cm.
Conçu en 1936; cette version exécutée en 1972 dans une édition de 120 exemplaires plus 10 hors commerce
signed and numbered 'Meret Oppenheim 15' (on a label, on the reverse)
fabric, paper, artificial fur and artificial flowers encased under glass
6 5⁄8 x 7 3⁄4 in.
Conceived in 1936; this version executed in 1972 in an edition of 120 plus 10 hors commerce proofs
Souvenir du "Déjeuner de fourrure"
signé et numéroté 'Meret Oppenheim 15' (sur l'étiquette de l'édition, au revers)
tissus, papier, fourrure artificielle et fleurs artificielles montés sous verre
16.7 x 19.8 cm.
Conçu en 1936; cette version exécutée en 1972 dans une édition de 120 exemplaires plus 10 hors commerce
signed and numbered 'Meret Oppenheim 15' (on a label, on the reverse)
fabric, paper, artificial fur and artificial flowers encased under glass
6 5⁄8 x 7 3⁄4 in.
Conceived in 1936; this version executed in 1972 in an edition of 120 plus 10 hors commerce proofs
Provenance
Inna et Boris Salomon, Paris.
Puis par descendance.
Puis par descendance.
Literature
B. Curiger, Meret Oppenheim, Zurich, Francfort et New York, 1989, p. 204, no. T151a, *3 (un autre exemplaire illustré).
Brought to you by

Antoine Lebouteiller
Head of Department