Lot Essay
La Vierge embrassant tendrement l'Enfant Jésus est un thème iconographique souvent appelé Glykophilousa, 'Vierge de la bonté'. Il était très populaire dans le monde byzantin du XIIIe siècle. Dans le présent panneau, les mouvements de l'enfant sont plus passionnés que ce à quoi on pourrait s'attendre : il se jette contre sa mère pour l'embrasser, les bras ouverts, debout sur la pointe des pieds. En comparaison, la Madone est toute en tendresse, regardant au loin comme pour indiquer le pressentiment tragique de la mort de son fils.
L'influence byzantine est immédiate et évidente dans cette œuvre. Plusieurs icônes mariales célèbres peuvent servir de modèles pour la composition, comme la Madone Mellon et la Madone Kahn, toutes deux dans la collection de la National Gallery de Washington. Ces exemples, qui datent du XIIIe siècle, présentent des motifs similaires dans les coins du panneau, mais ils sont tous deux plus strictement byzantins que notre panneau. Ici, les draperies des deux personnages principaux et des anges sont plus légères, évoluant sous l'effet du mouvement du Christ. Le manteau rouge et la chemise transparente de ce dernier tombent selon des plis fluides très différents des plis géométriques des panneaux de Washington. L'influence d'artistes vénitiens tels que Paolo Veneziano (1300-1365) ou du maître du Couronnement de 1324 (actif vers 1324) se retrouve également dans la forme élancée des doigts de la Madone.
Venise connaît un développement rapide de la peinture au cours des deux premières décennies du XIVe siècle, qui voit un renouvellement des modèles byzantins. L'image de l'Enfant debout, dont notre tableau est un exemple important, connaît à cette époque une mode éphémère dans la Sérénissime ; nous en trouvons d'autres exemples dans l'œuvre de Paolo Veneziano, comme celui qui se trouve actuellement au Norton Simon Museum, en Californie, même si l'iconographie du Christ assis reste plus populaire.
L'un des noms associés à cette période est celui du maître du Triptyque de sainte Claire, dont le nom provient d'un retable du couvent des Clarisses de Trieste, aujourd'hui au Civico Museo Sartorio à Trieste. Une comparaison de notre panneau avec la partie centrale de ce retable place l'artiste de la Vierge à l'Enfant avec deux anges dans l'orbite du maître du Triptyque de sainte Claire. Dans les deux cas, nous constatons une tentative de fluidité et de rapidité d'exécution, qui est le prolongement logique du style des peintures vénitiennes des environs de 1290, et qui confère à la composition une certaine grâce que l'on ne retrouve pas toujours dans les modèles strictement byzantins.
Un aspect important de notre tableau est l'incision du fond d'or. Les deux anges ont des nimbes avec des volutes et des motifs 'trois points' introduits par le maître du Couronnement de 1324, peut-être identifiable à Marco Veneziano (actif dans le premier tiers du XIVe siècle), le père de Paolo, ce qui indiquerait une date d'exécution vers 1320. Dans le nimbe de la Vierge, en revanche, on retrouve un type d'incision très répandu en Italie centrale avant le renouveau de Cimabue, à savoir le grainage (incisions en forme de points) du fond duquel émerge en réserve (en négatif) une série d'arcades trilobées alternant avec de riches feuillages. Un nimbe similaire décore le fond d'une Vierge à l'Enfant au centre d'un triptyque du musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, attribué au Maître du Triptyque de sainte Claire.
L'influence byzantine est immédiate et évidente dans cette œuvre. Plusieurs icônes mariales célèbres peuvent servir de modèles pour la composition, comme la Madone Mellon et la Madone Kahn, toutes deux dans la collection de la National Gallery de Washington. Ces exemples, qui datent du XIIIe siècle, présentent des motifs similaires dans les coins du panneau, mais ils sont tous deux plus strictement byzantins que notre panneau. Ici, les draperies des deux personnages principaux et des anges sont plus légères, évoluant sous l'effet du mouvement du Christ. Le manteau rouge et la chemise transparente de ce dernier tombent selon des plis fluides très différents des plis géométriques des panneaux de Washington. L'influence d'artistes vénitiens tels que Paolo Veneziano (1300-1365) ou du maître du Couronnement de 1324 (actif vers 1324) se retrouve également dans la forme élancée des doigts de la Madone.
Venise connaît un développement rapide de la peinture au cours des deux premières décennies du XIVe siècle, qui voit un renouvellement des modèles byzantins. L'image de l'Enfant debout, dont notre tableau est un exemple important, connaît à cette époque une mode éphémère dans la Sérénissime ; nous en trouvons d'autres exemples dans l'œuvre de Paolo Veneziano, comme celui qui se trouve actuellement au Norton Simon Museum, en Californie, même si l'iconographie du Christ assis reste plus populaire.
L'un des noms associés à cette période est celui du maître du Triptyque de sainte Claire, dont le nom provient d'un retable du couvent des Clarisses de Trieste, aujourd'hui au Civico Museo Sartorio à Trieste. Une comparaison de notre panneau avec la partie centrale de ce retable place l'artiste de la Vierge à l'Enfant avec deux anges dans l'orbite du maître du Triptyque de sainte Claire. Dans les deux cas, nous constatons une tentative de fluidité et de rapidité d'exécution, qui est le prolongement logique du style des peintures vénitiennes des environs de 1290, et qui confère à la composition une certaine grâce que l'on ne retrouve pas toujours dans les modèles strictement byzantins.
Un aspect important de notre tableau est l'incision du fond d'or. Les deux anges ont des nimbes avec des volutes et des motifs 'trois points' introduits par le maître du Couronnement de 1324, peut-être identifiable à Marco Veneziano (actif dans le premier tiers du XIVe siècle), le père de Paolo, ce qui indiquerait une date d'exécution vers 1320. Dans le nimbe de la Vierge, en revanche, on retrouve un type d'incision très répandu en Italie centrale avant le renouveau de Cimabue, à savoir le grainage (incisions en forme de points) du fond duquel émerge en réserve (en négatif) une série d'arcades trilobées alternant avec de riches feuillages. Un nimbe similaire décore le fond d'une Vierge à l'Enfant au centre d'un triptyque du musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, attribué au Maître du Triptyque de sainte Claire.