Lot Essay
Passionné de chevaux dès son plus jeune âge, Théodore Gericault (1791-1824) entre dans l’atelier de Carle Vernet (1758-1836) en 1808, le talent du maître dans les représentations équestres et les scènes militaires étant alors bien établi. Carle Vernet avait en effet reçu la légion d’honneur de Napoléon 1er (1769-1821) pour son tableau Le matin de la bataille d’Austerlitz exposé au Salon de 1808 (Versailles, musées des châteaux de Versailles et du Trianon, inv. MV 1550).
Pendant son apprentissage, Gericault pratique assidûment la copie des tableaux de maîtres rassemblés par l’empereur au musée Napoléon. Il y découvre la peinture italienne et flamande, notamment les œuvres de Rubens (1577-1640) et de van Dyck (1599-1641). C’est ainsi que son goût pour la matière et les étoffes se manifeste, affinité donnée à voir dans notre tableau, et qui lui vaut d’être surnommé le ‘cuisinier de Rubens’ par ses camarades d’atelier.
Talent précoce, Gericault est rapidement reconnu par la critique et le public pour ses tableaux à sujet militaire. Il reçoit, en 1812, à l’âge de 21 ans, la médaille d’or au Salon pour son Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant, conservé au musée du Louvre (inv. INV 4885). Deux ans plus tard, il présente au Salon le Cuirassier blessé quittant le feu (Paris, musée du Louvre, inv. INV 4886).
Germain Bazin (1901-1990) date notre tableau de la même période que ces deux œuvres. Nous pouvons ainsi rapprocher stylistiquement, thématiquement et chronologiquement Lancier du 1er régiment de chevau-légers-lanciers de la Garde, dits polonaise d’une série de tableaux du début des années 1810, dont la Trompette du 2e régiment de chevau-léger-lanciers en tenue de gala (Glasgow, Glasgow Art Gallery and Museum, inv. 35⁄270) et l’esquisse pour l’Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant (Paris, musée du Louvre, inv. RF 210) (G. Bazin, op. cit., p. 44). Ces tableaux résistent à toute tentative de classification : ce ne sont ni des portraits, ni des scènes de genre, ni des tableaux d’histoire. Si Gericault les considéraient comme indignes d’être exposés, Eitner nous rappelle que ces compositions sont néanmoins trop abouties en termes de finesse d’exécution pour être considérées comme de simples études (L. Eitner, Géricault. His life and work, p. 43).
La rigueur et le souci de précision que Gericault accorde aux uniformes caractérise en effet son œuvre, et témoigne de l’influence de son maître, Vernet, qui avait activement participé à la réforme des uniformes de la Grande Armée en 1812. Il avait alors été sollicité par la commission Bourcier afin de réaliser ‘un officier et un soldat de toutes les armes de l’armée de la ligne’, projet pour lequel nous comptons une série 244 gouaches (F. Lacaille, Uniformes Napoléoniens, Paris, 2001, p. 6). Tout comme dans notre tableau, c’est l’uniforme qui est mis en avant, au-delà de la mise en valeur du modèle ou de la représentation de détails symboliques ou anecdotiques.
Ceci nous permet d’identifier notre soldat comme appartenant au 1er régiment de chevau-léger-lanciers de la garde, dits polonais. D’après Bazin, sa kurtka, veste au boutonnage croisé et ornée d’une aiguillette sur l’épaule gauche et d’une épaulette sur l’épaule droite, attributs des chevau-légers de la Garde, est bleu roi, mais parait écarlate dû au revers rabattu et boutonné à gauche (Bazin, op. cit., p. 168). C’est cette confusion quant à la couleur de la kurtka qui valut à notre militaire le titre de lancier rouge, erroné car réservé au 2e régiment de chevau-léger-lanciers, dits hollandais, dont la kurtka est entièrement rouge. Notre soldat, qui n’est pas un officier comme il est parfois décrit, est en tenue de campagne, portant un pantalon bleu foncé au passepoil rouge (Bazin, op. cit., p. 46).
Témoignage historique des armées de Napoléon Ier, la provenance distinguée de notre tableau atteste également de sa valeur artistique : repris dans l’inventaire après-décès du peintre Eugène Delacroix (1798-1863), il passe ensuite entre les mains du prince Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879), fils de l’empereur (1808-1873) avant d’intégrer la prestigieuse collection Rothschild.
Pendant son apprentissage, Gericault pratique assidûment la copie des tableaux de maîtres rassemblés par l’empereur au musée Napoléon. Il y découvre la peinture italienne et flamande, notamment les œuvres de Rubens (1577-1640) et de van Dyck (1599-1641). C’est ainsi que son goût pour la matière et les étoffes se manifeste, affinité donnée à voir dans notre tableau, et qui lui vaut d’être surnommé le ‘cuisinier de Rubens’ par ses camarades d’atelier.
Talent précoce, Gericault est rapidement reconnu par la critique et le public pour ses tableaux à sujet militaire. Il reçoit, en 1812, à l’âge de 21 ans, la médaille d’or au Salon pour son Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant, conservé au musée du Louvre (inv. INV 4885). Deux ans plus tard, il présente au Salon le Cuirassier blessé quittant le feu (Paris, musée du Louvre, inv. INV 4886).
Germain Bazin (1901-1990) date notre tableau de la même période que ces deux œuvres. Nous pouvons ainsi rapprocher stylistiquement, thématiquement et chronologiquement Lancier du 1er régiment de chevau-légers-lanciers de la Garde, dits polonaise d’une série de tableaux du début des années 1810, dont la Trompette du 2e régiment de chevau-léger-lanciers en tenue de gala (Glasgow, Glasgow Art Gallery and Museum, inv. 35⁄270) et l’esquisse pour l’Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant (Paris, musée du Louvre, inv. RF 210) (G. Bazin, op. cit., p. 44). Ces tableaux résistent à toute tentative de classification : ce ne sont ni des portraits, ni des scènes de genre, ni des tableaux d’histoire. Si Gericault les considéraient comme indignes d’être exposés, Eitner nous rappelle que ces compositions sont néanmoins trop abouties en termes de finesse d’exécution pour être considérées comme de simples études (L. Eitner, Géricault. His life and work, p. 43).
La rigueur et le souci de précision que Gericault accorde aux uniformes caractérise en effet son œuvre, et témoigne de l’influence de son maître, Vernet, qui avait activement participé à la réforme des uniformes de la Grande Armée en 1812. Il avait alors été sollicité par la commission Bourcier afin de réaliser ‘un officier et un soldat de toutes les armes de l’armée de la ligne’, projet pour lequel nous comptons une série 244 gouaches (F. Lacaille, Uniformes Napoléoniens, Paris, 2001, p. 6). Tout comme dans notre tableau, c’est l’uniforme qui est mis en avant, au-delà de la mise en valeur du modèle ou de la représentation de détails symboliques ou anecdotiques.
Ceci nous permet d’identifier notre soldat comme appartenant au 1er régiment de chevau-léger-lanciers de la garde, dits polonais. D’après Bazin, sa kurtka, veste au boutonnage croisé et ornée d’une aiguillette sur l’épaule gauche et d’une épaulette sur l’épaule droite, attributs des chevau-légers de la Garde, est bleu roi, mais parait écarlate dû au revers rabattu et boutonné à gauche (Bazin, op. cit., p. 168). C’est cette confusion quant à la couleur de la kurtka qui valut à notre militaire le titre de lancier rouge, erroné car réservé au 2e régiment de chevau-léger-lanciers, dits hollandais, dont la kurtka est entièrement rouge. Notre soldat, qui n’est pas un officier comme il est parfois décrit, est en tenue de campagne, portant un pantalon bleu foncé au passepoil rouge (Bazin, op. cit., p. 46).
Témoignage historique des armées de Napoléon Ier, la provenance distinguée de notre tableau atteste également de sa valeur artistique : repris dans l’inventaire après-décès du peintre Eugène Delacroix (1798-1863), il passe ensuite entre les mains du prince Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879), fils de l’empereur (1808-1873) avant d’intégrer la prestigieuse collection Rothschild.