Lot Essay
LA MUSIQUE AU SERVICE DE L'ART
Les Mangbetu se distinguent par un art aulique caractérisé par une finesse et une qualité difficilement égalable. Dès le XIXe siècle, les chercheurs ont tout de suite été impressionnés par cet art de cour. L’ethnologue allemand G.A. Schweinfurth fait mention de poteries et de splendides instruments de musique qui rythment le quotidien des populations vivants au nord-est du Congo : trompettes en ivoire, tambours à fente et harpes sont autant d’objets qui reflètent la dextérité des sculpteurs et leur grand sens de l’esthétique. Appelées nedomu, les harpes ont rapidement été mises en avant moins comme des instruments de musique que comme des objets d’art à part entière.
Il est difficile de ne pas s’attarder sur l’élégance de ce très bel exemplaire. Instrument à cordes pincées, elle est constituée d’un manche en bois arqué figuratif sur lequel est accroché un cordier à l’aide de petites ancres. Sur ce dernier sont fixées cinq cordes en fibres végétales nécessaires à la production d’un rythme pentatonique. La caisse de résonnance est de forme rhombique et couverte d’une peau de bovidé. Si l’on en croit les témoignages recueillis par Dider Demolin, le manche anthropomorphique représenterait la reine Nenzima, épouse du célèbre roi Mbunza dont le règne marqua à la fois l’apogée et la fin de la domination mangbetu. On retrouve dans cette figure féminine les principales caractéristiques esthétiques de ce peuple ; le visage de la femme, d’une extrême finesse, est recouvert de scarifications et son crâne est considérablement allongé ; cet élément rend compte d’une pratique culturelle intitulée le lipombo qui consistait à comprimer le crâne des jeunes enfants afin de lui donner une forme élancée. C’est le travail du manche qui fait tout la magnificence de cette œuvre. On ne peut qu’admirer la précision du ciselage du bois sur la chevillette, la tête et la coiffe. Chacune d’entre elle est subtilement et habilement détaillée et le visage dégage une grande sérénité.
Ces détails formels ne sont pas sans rappeler celle de l’ancienne collection Michel Périnet (cf. Christie’s, Paris, 23 juin 2021, lot 32).
MUSIC FOR ART
The Mangbetu distinguish themselves through an aulic art characterised by a finesse and quality that is difficult to match. From the 19th century onwards, researchers were immediately impressed by this court art. The German ethnologist G.A. Schweinfurth mentions pottery and splendid musical instruments that give rhythm to the daily life of the populations living in the north-east of the Congo: ivory trumpets, slit drums and harps are all objects that reflect the dexterity of the sculptors and their great sense of aesthetics. Called nedomu, the harps were soon promoted less as musical instruments than as art objects in their own right.
It is difficult not to dwell on the elegance of this beautiful example. A plucked string instrument, it consists of a figurative arched wooden neck on which a tailpiece is attached with the help of small anchors. On the tailpiece are fixed five strings made of vegetable fibres necessary for the production of a pentatonic rhythm. The resonance box is rhombic in shape and covered with a bovine skin. According to the testimonies acquired by Dider Demolin, the anthropomorphic neck represents Queen Nenzima, wife of the famous King Mbunza whose reign marked both the apogee and the end of the Mangbetu domination. The main aesthetic characteristics of these people can be found in this female figure; the woman's face is extremely thin, covered with scarification marks and her skull is considerably elongated; this element reflects a cultural practice called lipombo, which consists in compressing the skull of young children to give it a slender shape. The magnificence of this work lies in the workmanship of the handle. One can only admire the precision of the wood chiselling on the pegbox, the head and the cap. Each of these is subtly and skilfully detailed and the face exudes great serenity.
These formal details are reminiscent of the one in the former Michel Périnet collection (see Christie's, Paris, 23 June 2021, lot 32).
Les Mangbetu se distinguent par un art aulique caractérisé par une finesse et une qualité difficilement égalable. Dès le XIXe siècle, les chercheurs ont tout de suite été impressionnés par cet art de cour. L’ethnologue allemand G.A. Schweinfurth fait mention de poteries et de splendides instruments de musique qui rythment le quotidien des populations vivants au nord-est du Congo : trompettes en ivoire, tambours à fente et harpes sont autant d’objets qui reflètent la dextérité des sculpteurs et leur grand sens de l’esthétique. Appelées nedomu, les harpes ont rapidement été mises en avant moins comme des instruments de musique que comme des objets d’art à part entière.
Il est difficile de ne pas s’attarder sur l’élégance de ce très bel exemplaire. Instrument à cordes pincées, elle est constituée d’un manche en bois arqué figuratif sur lequel est accroché un cordier à l’aide de petites ancres. Sur ce dernier sont fixées cinq cordes en fibres végétales nécessaires à la production d’un rythme pentatonique. La caisse de résonnance est de forme rhombique et couverte d’une peau de bovidé. Si l’on en croit les témoignages recueillis par Dider Demolin, le manche anthropomorphique représenterait la reine Nenzima, épouse du célèbre roi Mbunza dont le règne marqua à la fois l’apogée et la fin de la domination mangbetu. On retrouve dans cette figure féminine les principales caractéristiques esthétiques de ce peuple ; le visage de la femme, d’une extrême finesse, est recouvert de scarifications et son crâne est considérablement allongé ; cet élément rend compte d’une pratique culturelle intitulée le lipombo qui consistait à comprimer le crâne des jeunes enfants afin de lui donner une forme élancée. C’est le travail du manche qui fait tout la magnificence de cette œuvre. On ne peut qu’admirer la précision du ciselage du bois sur la chevillette, la tête et la coiffe. Chacune d’entre elle est subtilement et habilement détaillée et le visage dégage une grande sérénité.
Ces détails formels ne sont pas sans rappeler celle de l’ancienne collection Michel Périnet (cf. Christie’s, Paris, 23 juin 2021, lot 32).
MUSIC FOR ART
The Mangbetu distinguish themselves through an aulic art characterised by a finesse and quality that is difficult to match. From the 19th century onwards, researchers were immediately impressed by this court art. The German ethnologist G.A. Schweinfurth mentions pottery and splendid musical instruments that give rhythm to the daily life of the populations living in the north-east of the Congo: ivory trumpets, slit drums and harps are all objects that reflect the dexterity of the sculptors and their great sense of aesthetics. Called nedomu, the harps were soon promoted less as musical instruments than as art objects in their own right.
It is difficult not to dwell on the elegance of this beautiful example. A plucked string instrument, it consists of a figurative arched wooden neck on which a tailpiece is attached with the help of small anchors. On the tailpiece are fixed five strings made of vegetable fibres necessary for the production of a pentatonic rhythm. The resonance box is rhombic in shape and covered with a bovine skin. According to the testimonies acquired by Dider Demolin, the anthropomorphic neck represents Queen Nenzima, wife of the famous King Mbunza whose reign marked both the apogee and the end of the Mangbetu domination. The main aesthetic characteristics of these people can be found in this female figure; the woman's face is extremely thin, covered with scarification marks and her skull is considerably elongated; this element reflects a cultural practice called lipombo, which consists in compressing the skull of young children to give it a slender shape. The magnificence of this work lies in the workmanship of the handle. One can only admire the precision of the wood chiselling on the pegbox, the head and the cap. Each of these is subtly and skilfully detailed and the face exudes great serenity.
These formal details are reminiscent of the one in the former Michel Périnet collection (see Christie's, Paris, 23 June 2021, lot 32).