Lot Essay
Ce fauteuil alliant originalité du décor sculpté et pureté de la ligne fut réalisé par le plus génial des créateurs de sièges Louis XVI : Georges Jacob. Il faisait partie de la toute dernière commande livrée en 1788 à la plus prestigieuse de ses clientes : la reine Marie-Antoinette.
Le mobilier de Marie-Antoinette
En 1782, Marie-Antoinette investira de tout nouveaux appartements bien plus privés au rez-de-chaussée du château de Versailles notamment dans le but de se rapprocher de ses enfants. La rénovation de ce luxueux appartement qui comprenait trois pièces, donnant à la fois sur la Cour de marbre et sur le Grand Canal, débuta en novembre 1783. Pressé par le temps, le mobilier de Couches fut réutilisé tout d’abord à la naissance de Madame Royale puis pour celle du premier Dauphin. Ce n'est qu'en 1788 que la reine réclamera un tout nouveau mobilier bien plus au goût du jour. Cet ensemble sera commandé par l'intendant du Garde-Meuble privé de Marie-Antoinette qui missionnera le menuisier favori de la reine, Georges Jacob, de fournir les sièges. Il comprenait alors deux bergères, quatre fauteuils, quatre chaises, deux tabourets, un paravent, un écran et une corbeille, tous garnis de soie bleue.
A la Révolution, tout le mobilier sera laissé sur place ; la Convention décidera par la suite de vendre l’intégralité du contenu du château. Au cours de l'année 1793, se sont plus de 17 000 lots dispersés, dont le présent fauteuil. Le 7 frimaire (27 décembre 1793), l'ensemble, décrit avec une couverture en pou de soie bleu sera vendu pour 3 000 livres au citoyen Dumont.
Les acquisitions de Versailles
De ce mobilier, le château de Versailles a pu racheter trois fauteuils (inv. VMB14381) – le nôtre complétant la suite de quatre, une bergère (inv. Vmb14381), un fauteuil de toilette (inv. V5084), deux chaises (inv. V4824), un tabouret (inv. V5274) et un pouf (inv. V5416). Il fut notamment reconstitué lors d’acquisitions successives entre 1945 et 1987 où il sera identifié grâce à des étiquettes visibles sur certaines ceintures qui portaient l’inscription Pour la Reine à Versailles, chambre à coucher. L’écran à feu quant à lui se trouve aujourd'hui dans la collection de M. Jacques Garcia au château du Champs-de-Bataille et était notamment visible lors de l’exposition Marie-Antoinette, une Reine à Versailles qui eut lieu en 2016 à la Mori Arts Center Gallery de Tokyo.
Le style étrusque
Avec ses larges palmettes, rinceaux, pilastres et colonnes, le mobilier est conçu dans le tout dernier goût étrusque, style développé à la fin du XVIIIe siècle et popularisé en France par le peintre Hubert Robert (1733-1808). Ce style s'inspire d'objets archéologiques découverts dans le sud de l'Italie durant la seconde moitié du XVIIIe siècle et dont on pensera à tort qu'ils étaient fabriqués par les Étrusques au moment de leur découverte. Louis XVI et Marie-Antoinette affectionnaient tout particulièrement ce style nouveau. Il commandèrent notamment un lit réalisé en 1785 par Jean-Baptiste Boulard (1725-1789) pour la salle des bains du Roi à Compiègne (inv. V899). Aujourd’hui l’une des commandes étrusque les plus célèbres est sans nul doute celle réalisée en 1785 sous la direction du comte d'Angiviller (1730-1810) pour la Laiterie de la Reine à Rambouillet. Cette dernière comprenait un ensemble complet de sièges et meubles en acajou réalisés par Jacob, mobilier qui s’accompagnait du fameux service en porcelaine fourni par la Manufacture royale de Sèvres.
Made by the most celebrated menuisier of the Louis XVI period Georges Jacob, this fauteuil combines originality of carving and purity of line. It was part of the very last commission delivered in 1788 for his most prestigious client : Queen Marie-Antoinette.
Marie-Antoinette's furniture
In 1782, Marie-Antoinette moved to a new and much more private apartment on the ground floor of the Palace of Versailles in order to be closer to her children. The renovation of this luxurious three-room apartment, which overlooked both the Marble Court and the Grand Canal, began in November 1783. . Pressed for time, the ‘mobilier de Couches’ which served for the birth of Madame Royale and the premier Dauphin was re-used, and it was only in 1788 that Marie-Antoinette commissioned an entirely new suite of furniture designed in the latest taste. The new bed was in mahogany and the seat furniture was made of beechwood painted in white and grey.
This ensemble was commissioned through Marie-Antoinette’s private Garde-Meuble’s intendant Bonnefoy du Plan (1732-1824) who, as a matter of course, asked the Queen’s favourite chair-maker, Georges Jacob, to supply the seat-furniture, of which the present fauteuil comprised. Formerly, the set included ‘deux bergères, quatre fauteuils, quatre chaises, deux tabourets, un paravent, un écran et une corbeille, le tout composé de soie bleue’.
At the time of the Revolution, all the furniture was left in place; the Convention later decided to sell the entire contents of the château. In the course of 1793, more than 17,000 lots were dispersed, including the present armchair. On 7 Frimaire (27 December 1793), the set, described with a blue silk lint cover, was sold for 3,000 livres to citizen Dumont.
The acquisitions of Versailles
From this furniture, the Château de Versailles was able to purchase three armchairs (inv. VMB14381) (ours completing the suite of four), a bergère (inv. Vmb14381), a fauteuil de toilette (inv. V5084), two chairs (inv. V4824), a stool (inv. V5274) and a pouf (inv. V5416). This suite was reconstituted during successive acquisitions between 1945 and 1987 where pieces were identified from labels visible on some seatrails which bore the inscription Pour la Reine à Versailles, chambre à coucher. The fire screen is now in the collection of Mr Jacques Garcia at the Château du Champs-de-Bataille and was on display at the exhibition Marie-Antoinette, une Reine à Versailles held in 2016 at the Mori Arts Center Gallery in Tokyo.
The Etruscan style
With its large palmettes, scrolls, pilasters and columns, the furniture is designed in the latest Etruscan taste, a style developed at the end of the 18th century and popularised in France by the painter Hubert Robert (1733-1808). This style was inspired by archaeological objects discovered in southern Italy during the second half of the 18th century, which were wrongly thought to have been made by the Etruscans at the time of their discovery. Louis XVI and Marie-Antoinette were particularly fond of this new style. They commissioned a bed made in 1785 by Jean-Baptiste Boulard (1725-1789) for the King's bathroom in Compiègne (inv. V899). Today, one of the most famous Etruscan commissions is undoubtedly the one made in 1785 under the direction of the Count d'Angiviller (1730-1810) for the Queen's Dairy in Rambouillet. The latter included a complete set of mahogany seats and furniture made by Jacob, which was accompanied by the famous porcelain service supplied by the Royal Manufactory of Sèvres.
Le mobilier de Marie-Antoinette
En 1782, Marie-Antoinette investira de tout nouveaux appartements bien plus privés au rez-de-chaussée du château de Versailles notamment dans le but de se rapprocher de ses enfants. La rénovation de ce luxueux appartement qui comprenait trois pièces, donnant à la fois sur la Cour de marbre et sur le Grand Canal, débuta en novembre 1783. Pressé par le temps, le mobilier de Couches fut réutilisé tout d’abord à la naissance de Madame Royale puis pour celle du premier Dauphin. Ce n'est qu'en 1788 que la reine réclamera un tout nouveau mobilier bien plus au goût du jour. Cet ensemble sera commandé par l'intendant du Garde-Meuble privé de Marie-Antoinette qui missionnera le menuisier favori de la reine, Georges Jacob, de fournir les sièges. Il comprenait alors deux bergères, quatre fauteuils, quatre chaises, deux tabourets, un paravent, un écran et une corbeille, tous garnis de soie bleue.
A la Révolution, tout le mobilier sera laissé sur place ; la Convention décidera par la suite de vendre l’intégralité du contenu du château. Au cours de l'année 1793, se sont plus de 17 000 lots dispersés, dont le présent fauteuil. Le 7 frimaire (27 décembre 1793), l'ensemble, décrit avec une couverture en pou de soie bleu sera vendu pour 3 000 livres au citoyen Dumont.
Les acquisitions de Versailles
De ce mobilier, le château de Versailles a pu racheter trois fauteuils (inv. VMB14381) – le nôtre complétant la suite de quatre, une bergère (inv. Vmb14381), un fauteuil de toilette (inv. V5084), deux chaises (inv. V4824), un tabouret (inv. V5274) et un pouf (inv. V5416). Il fut notamment reconstitué lors d’acquisitions successives entre 1945 et 1987 où il sera identifié grâce à des étiquettes visibles sur certaines ceintures qui portaient l’inscription Pour la Reine à Versailles, chambre à coucher. L’écran à feu quant à lui se trouve aujourd'hui dans la collection de M. Jacques Garcia au château du Champs-de-Bataille et était notamment visible lors de l’exposition Marie-Antoinette, une Reine à Versailles qui eut lieu en 2016 à la Mori Arts Center Gallery de Tokyo.
Le style étrusque
Avec ses larges palmettes, rinceaux, pilastres et colonnes, le mobilier est conçu dans le tout dernier goût étrusque, style développé à la fin du XVIIIe siècle et popularisé en France par le peintre Hubert Robert (1733-1808). Ce style s'inspire d'objets archéologiques découverts dans le sud de l'Italie durant la seconde moitié du XVIIIe siècle et dont on pensera à tort qu'ils étaient fabriqués par les Étrusques au moment de leur découverte. Louis XVI et Marie-Antoinette affectionnaient tout particulièrement ce style nouveau. Il commandèrent notamment un lit réalisé en 1785 par Jean-Baptiste Boulard (1725-1789) pour la salle des bains du Roi à Compiègne (inv. V899). Aujourd’hui l’une des commandes étrusque les plus célèbres est sans nul doute celle réalisée en 1785 sous la direction du comte d'Angiviller (1730-1810) pour la Laiterie de la Reine à Rambouillet. Cette dernière comprenait un ensemble complet de sièges et meubles en acajou réalisés par Jacob, mobilier qui s’accompagnait du fameux service en porcelaine fourni par la Manufacture royale de Sèvres.
Made by the most celebrated menuisier of the Louis XVI period Georges Jacob, this fauteuil combines originality of carving and purity of line. It was part of the very last commission delivered in 1788 for his most prestigious client : Queen Marie-Antoinette.
Marie-Antoinette's furniture
In 1782, Marie-Antoinette moved to a new and much more private apartment on the ground floor of the Palace of Versailles in order to be closer to her children. The renovation of this luxurious three-room apartment, which overlooked both the Marble Court and the Grand Canal, began in November 1783. . Pressed for time, the ‘mobilier de Couches’ which served for the birth of Madame Royale and the premier Dauphin was re-used, and it was only in 1788 that Marie-Antoinette commissioned an entirely new suite of furniture designed in the latest taste. The new bed was in mahogany and the seat furniture was made of beechwood painted in white and grey.
This ensemble was commissioned through Marie-Antoinette’s private Garde-Meuble’s intendant Bonnefoy du Plan (1732-1824) who, as a matter of course, asked the Queen’s favourite chair-maker, Georges Jacob, to supply the seat-furniture, of which the present fauteuil comprised. Formerly, the set included ‘deux bergères, quatre fauteuils, quatre chaises, deux tabourets, un paravent, un écran et une corbeille, le tout composé de soie bleue’.
At the time of the Revolution, all the furniture was left in place; the Convention later decided to sell the entire contents of the château. In the course of 1793, more than 17,000 lots were dispersed, including the present armchair. On 7 Frimaire (27 December 1793), the set, described with a blue silk lint cover, was sold for 3,000 livres to citizen Dumont.
The acquisitions of Versailles
From this furniture, the Château de Versailles was able to purchase three armchairs (inv. VMB14381) (ours completing the suite of four), a bergère (inv. Vmb14381), a fauteuil de toilette (inv. V5084), two chairs (inv. V4824), a stool (inv. V5274) and a pouf (inv. V5416). This suite was reconstituted during successive acquisitions between 1945 and 1987 where pieces were identified from labels visible on some seatrails which bore the inscription Pour la Reine à Versailles, chambre à coucher. The fire screen is now in the collection of Mr Jacques Garcia at the Château du Champs-de-Bataille and was on display at the exhibition Marie-Antoinette, une Reine à Versailles held in 2016 at the Mori Arts Center Gallery in Tokyo.
The Etruscan style
With its large palmettes, scrolls, pilasters and columns, the furniture is designed in the latest Etruscan taste, a style developed at the end of the 18th century and popularised in France by the painter Hubert Robert (1733-1808). This style was inspired by archaeological objects discovered in southern Italy during the second half of the 18th century, which were wrongly thought to have been made by the Etruscans at the time of their discovery. Louis XVI and Marie-Antoinette were particularly fond of this new style. They commissioned a bed made in 1785 by Jean-Baptiste Boulard (1725-1789) for the King's bathroom in Compiègne (inv. V899). Today, one of the most famous Etruscan commissions is undoubtedly the one made in 1785 under the direction of the Count d'Angiviller (1730-1810) for the Queen's Dairy in Rambouillet. The latter included a complete set of mahogany seats and furniture made by Jacob, which was accompanied by the famous porcelain service supplied by the Royal Manufactory of Sèvres.