Lot Essay
Œuvre de la manufacture royale des Gobelins, cette somptueuse tapisserie est un présent de Louis XV à une personnalité majeure, le comte Heinrich von Brühl. D’autres pièces de cette tenture sont désormais conservées dans des institutions majeures. Elle illustre par ailleurs l’immense succès que rencontrèrent les scènes flamandes auprès de l’aristocratie française au XVIIIe siècle.
Une provenance royale
Témoignage précieux des fabuleuses collections du comte de Brühl, cette tapisserie faisait partie d’une tenture représentant les douze mois de l’année, offerte par Louis XV au ministre saxon.En 1746, avant même que ne se profile le mariage de Marie- Josèphe de Saxe avec le Dauphin, le ministre français des affaires étrangères suggère au roi d’envoyer au puissant comte de Brühl, premier ministre du roi de Pologne et électeur de Saxe Auguste III, un présent digne des avantages que la France pourrait tirer de ses bonnes grâces. Également directeur de la manufacture de Meissen, mécène respecté dans toute l’Europe, Heinrich von Brühl réunit à Dresde et dans ses nombreuses résidences des collections devenues légendaires. Friand de tableaux italiens et de porcelaines virtuoses, il l’était aussi – on le sait moins – de mobilier dernier cri et de tapisseries français. Sitôt informé, encouragé par l’imminence d’une nouvelle alliance à la mort de Marie-Thérèse, première épouse du Dauphin, Louis XV accepte la proposition de son ministre. Le présent diplomatique se compose d’une tenture complète, dite des Mois Lucas, issue des ateliers de la manufacture royale des Gobelins, privilège excessivement rare pour une tête non couronnée.Cette tenture tissée entre 1737 et 1740 (la neuvième des Mois Lucas) se distingue par une riche bordure, dite « bordure de Dresde », surmontée par les armes de France. En 1768, après la mort du comte de Brühl, les douze tapisseries sont acquises par le domaine royal pour orner les grands appartements du Residenzschloss de Dresde. Elles s’y trouvent encore jusqu’en 1942, à l’exception du mois d’Avril, que Maurice Fenaille, auteur d’un État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins indique « manquante » dès 1900. Vraisemblablement vendu par les Wettin à la fin du XIXe siècle, notre exemplaire se trouve avant guerre à Paris dans la collection Bénard le Pontois. Unique exemplaire d’Avril paré d’une telle bordure, la tapisserie peut être considérée comme l’une des trois pièces de cette tenture identifiées à ce jour. Les deux autres, Novembre et Août redécouvertes en URSS dans les années 1960, ont été respectivement acquises par le musée de l’Ermitage et le musée Pouchkine.
Une tenture mythique
La tenture des Douze mois, également connue sous le nom des Mois Lucas, s’organise autour des mois de l’année, chacun étant symbolisé par un signe du zodiaque que nous retrouvons en médaillon au centre de la bordure inférieure. Cette tenture tire son nom de son créateur supposé, Lucas de Leyde (1494-1533). Cette attribution qui remonte au XIXe siècle est désormais remise en question. Les récentes études tendent en effet à attribuer cette paternité à l’auteur des fameuses Chasses de Maximilien, Bernard Van Orley (v. 1487-1541) ou à un artiste de son entourage. Tout au long du XVIIe puis du XVIIIe siècle, nous savons que la manufacture royale, visiblement très inspirée par ce sujet ne produira pas moins de douze tentures issues des Mois originaux.
Ici c’est le mois d’avril et le signe du Taureau qui sont mis à l’honneur. Illustrant une scène champêtre de concert, cette tapisserie représente deux musiciennes tenant compagnie à deux jeunes femmes cueillant des fleurs. A l’arrière-plan, un couple transporté en barque est accompagné d’un musicien. Sur les bords du rivage, deux paysans semblent absorbés par le spectacle qui leur est offert.
Une tenture muséale
Plusieurs ensembles complets ou quasi-complets de cette série sont connus ; deux tapisseries réalisées par Cozette furent présentées à la vente chez Christie's, New York, le 2 novembre 2000, lots 55 et 56. Un ensemble de dix tapisseries parisiennes, incluant le mois d’avril, figure parmi les collections du Metropolitan Museum of Art (inv. 44.60.3 ; E. Standen, European Post-Medieval Tapestries and Related Hangings in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1985, cat. 50, pp. 331-330). Plusieurs versions, toutes deux de Paris et Bruxelles dans des tailles variables, sont conservées au Museum of Art de Cleveland (inv. 1944.133) et à l’Institute of Arts de Detroit (inv. 66.120).
Enfin, le Mobilier National conserve également dans ses collections le mois d’avril par la manufacture des Gobelins achevée en 1733 et achetée par le roi Stanislas, beau-père de Louis XV (inv. GMTT-47-004). C’est à sa mort en 1752 que l’ensemble de la tenture qui décorait le château de Jolivet en Lorraine, où se trouvait le mois d’avril, fut reversée au Mobilier de la Couronne. Une variante représentant les Saisons toujours attribuée à Lucas était dans la collection du Vicomte Wimborne, Canford (Dorset) et fut vendue chez Christie's, New York, le 26 avril 1990, lots 6 et 9.
La collection de Gabrielle Phillipson et sa spoliation
La présente tapisserie provient de la collection de Gabrielle Phillipson (1880-1941). Cette dernière était l'héritière d'une famille de banquiers belges, éminents membres de la communauté juive de Bruxelles. A l'époque de l'occupation nazie, elle habitait Paris, au 62 rue Pierre Charron. Son appartement abritait une importante collection d'arts décoratifs et de tableaux anciens.
Cette tapisserie, tout comme un tableau anciennement attribué à Simon Vouet, quitta la collection en raison d’une vente forcée en 1941, quelques mois avant le décès de Gabrielle Phillipson. La tapisserie est alors envoyée à Carinhall, résidence d’Hermann Goering près de Berlin dans laquelle il rassemblait ses collections. Un peu plus tard, en 1942, la quasi-totalité de l’appartement est pillée par l’occupant.
Au moment de la débâcle allemande, Hermann Goering fait envoyer ses collections en train spécial à Neuhaus (près de Nuremberg) puis à Berchtesgaden.
Récupération et restitution
C'est à Berchtesgaden que la Septième US Army récupère l'ensemble de la collection. Un premier travail de récolement est effectué sur place et cette œuvre se voit attribuer le numéro « Berchtesgaden 1607 ». La tapisserie est ensuite envoyée au Point Central de Collecte de Munich. C’est là que les Monuments Men examinaient et inventoriaient les œuvres nouvellement récupérées, dans le but ultime de les restituer aux pays dans lesquels elles avaient été pillées ou vendues.
La tapisserie est rapatriée en France en octobre 1946 puis confiée au musée du Louvre pour y être conservée jusqu'à ce que son propriétaire puisse être identifié. Elle est inscrite dans l'inventaire Objets d'Art Récupération (OAR), établi par Hubert Landais, sous le numéro OAR 64 (13). La tapisserie est d’abord déposée au château de Compiègne avant de gagner le département des Objets d'art du musée du Louvre en 1954.
Grâce aux efforts conjoints du ministère de la Culture, du musée du Louvre et de la Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), la présente tapisserie a été restituée en février 2022. Christie's a l’honneur de proposer cette œuvre au nom des héritiers de Stéphanie Goldschmidt, fille de Gabrielle Phillipson.
Le prêt de cette tapisserie sera très probablement sollicité pour l’exposition « Dresden - Paris. Passion des arts français à la cour de Saxe au XVIIIe siècle » au printemps 2024 (Centre des Monuments Nationaux et Staatliche Kunstsammlungen Dresden).
Nous remercions M. Wandrille Potez, historien de l’art, de son aide pour la rédaction de cette notice.
Manufactured by the royal workshops of Gobelins, this sumptuous tapestry illustrates the immense success that Flemish scenes enjoyed with the French aristocracy in the eighteenth century.
A legendary series
The Twelve Months series, also known as the Mois Lucas, follows the months of the year, each symbolized by a sign of the zodiac in the medallion in the center of the lower border. The series takes its name from its supposed creator, Lucas of Leiden (1494-1533). This attribution, which dates back to the 19th century, is now being questioned and recent studies have tended towards attributing this work to the author of the famous Chasses de Maximilien, Bernard Van Orley (c. 1487-1541) or to an artist of his circle. Throughout the 17th and 18th centuries the Royal Manufactory was obviously very inspired by this subject and produced no less than twelve series after the original Mois.
This example honours the month of April and the zodiacal sign of Taurus. Depicting a pastoral concert, this tapestry shows two musicians in the company of two young women picking flowers. In the background, a couple in a boat is accompanied by a musician. On the shore, two peasants appear absorbed by the spectacle before their eyes.
A work of museum quality
Several complete or nearly complete sets of this series are known; two tapestries by Cozette were presented at Christie's, New York, November 2, 2000, lots 55 and 56. A set of ten Parisian tapestries, including April, is in the collection of the Metropolitan Museum of Art (inv. 44.60.3; E. Standen, European Post-Medieval Tapestries and Related Hangings in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1985, cat. 50, pp. 331-330). Several versions, both from Paris and Brussels in varying sizes, are in the Museum of Art, Cleveland (inv. 1944.133) and the Institute of Arts, Detroit (inv. 66.120).
Finally, the Mobilier National also preserves in its collections the month of April by the Gobelins factory completed in 1733 and purchased by King Stanislas, father-in-law of Louis XV (inv. GMTT-47-004). At Stanislas’s death in 1752 the whole series, which decorated the château de Jolivet in Lorraine, was returned to the Mobilier de la Couronne. A variant depicting the Seasons and still attributed to Lucas was in the collection of Viscount Wimborne, Canford (Dorset) and was sold at Christie's, New York, April 26, 1990, lots 6 and 9.
The collection of Gabrielle Phillipson and its spoliation
The present tapestry comes from the collection of Gabrielle Phillipson (1880-1941) who was the heiress of a family of Belgian bankers, eminent members of the Jewish community of Brussels. At the time of the Nazi occupation, she lived in Paris, at 62 rue Pierre Charron. Her apartment housed an important collection of decorative arts and old master paintings.
This tapestry, like a painting formerly attributed to Simon Vouet, left the collection due to a forced sale in 1941, a few months before the death of Gabrielle Phillipson. The tapestry was then sent to Carinhall, Hermann Goering's residence near Berlin, where he assembled his collections. A little later, in 1942, almost the entire apartment was looted by the occupying forces.
As German power collapsed, Hermann Goering had his collections sent by special train to Neuhaus (near Nuremberg) and then to Berchtesgaden.
Recovery and restitution
The Seventh US Army recovered the entire collection in Berchtesgaden. An inventory was made on the spot and the work was given the number "Berchtesgaden 1607". The tapestry was then sent to the Central Collection Point in Munich. There, the Monuments Men examined and inventoried the newly recovered works, with the ultimate goal of returning them to the countries where they had been looted or sold.
The tapestry was repatriated to France in October 1946 and then entrusted to the Louvre Museum for conservation until its owner could be identified. It is registered in the inventory Objets d'Art Récupération (OAR), established by Hubert Landais, under the number OAR 64 (13). The tapestry was first deposited in the Château de Compiègne before being transferred to the Department of Works of Art of the Louvre Museum in 1954.
Thanks to the joint efforts of the Ministry of Culture, the Louvre Museum and the Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), the present tapestry was returned in February 2022. Christie's is honoured to offer this work on behalf of the heirs of Stephanie Goldschmidt, daughter of Gabrielle Phillipson.
Une provenance royale
Témoignage précieux des fabuleuses collections du comte de Brühl, cette tapisserie faisait partie d’une tenture représentant les douze mois de l’année, offerte par Louis XV au ministre saxon.En 1746, avant même que ne se profile le mariage de Marie- Josèphe de Saxe avec le Dauphin, le ministre français des affaires étrangères suggère au roi d’envoyer au puissant comte de Brühl, premier ministre du roi de Pologne et électeur de Saxe Auguste III, un présent digne des avantages que la France pourrait tirer de ses bonnes grâces. Également directeur de la manufacture de Meissen, mécène respecté dans toute l’Europe, Heinrich von Brühl réunit à Dresde et dans ses nombreuses résidences des collections devenues légendaires. Friand de tableaux italiens et de porcelaines virtuoses, il l’était aussi – on le sait moins – de mobilier dernier cri et de tapisseries français. Sitôt informé, encouragé par l’imminence d’une nouvelle alliance à la mort de Marie-Thérèse, première épouse du Dauphin, Louis XV accepte la proposition de son ministre. Le présent diplomatique se compose d’une tenture complète, dite des Mois Lucas, issue des ateliers de la manufacture royale des Gobelins, privilège excessivement rare pour une tête non couronnée.Cette tenture tissée entre 1737 et 1740 (la neuvième des Mois Lucas) se distingue par une riche bordure, dite « bordure de Dresde », surmontée par les armes de France. En 1768, après la mort du comte de Brühl, les douze tapisseries sont acquises par le domaine royal pour orner les grands appartements du Residenzschloss de Dresde. Elles s’y trouvent encore jusqu’en 1942, à l’exception du mois d’Avril, que Maurice Fenaille, auteur d’un État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins indique « manquante » dès 1900. Vraisemblablement vendu par les Wettin à la fin du XIXe siècle, notre exemplaire se trouve avant guerre à Paris dans la collection Bénard le Pontois. Unique exemplaire d’Avril paré d’une telle bordure, la tapisserie peut être considérée comme l’une des trois pièces de cette tenture identifiées à ce jour. Les deux autres, Novembre et Août redécouvertes en URSS dans les années 1960, ont été respectivement acquises par le musée de l’Ermitage et le musée Pouchkine.
Une tenture mythique
La tenture des Douze mois, également connue sous le nom des Mois Lucas, s’organise autour des mois de l’année, chacun étant symbolisé par un signe du zodiaque que nous retrouvons en médaillon au centre de la bordure inférieure. Cette tenture tire son nom de son créateur supposé, Lucas de Leyde (1494-1533). Cette attribution qui remonte au XIXe siècle est désormais remise en question. Les récentes études tendent en effet à attribuer cette paternité à l’auteur des fameuses Chasses de Maximilien, Bernard Van Orley (v. 1487-1541) ou à un artiste de son entourage. Tout au long du XVIIe puis du XVIIIe siècle, nous savons que la manufacture royale, visiblement très inspirée par ce sujet ne produira pas moins de douze tentures issues des Mois originaux.
Ici c’est le mois d’avril et le signe du Taureau qui sont mis à l’honneur. Illustrant une scène champêtre de concert, cette tapisserie représente deux musiciennes tenant compagnie à deux jeunes femmes cueillant des fleurs. A l’arrière-plan, un couple transporté en barque est accompagné d’un musicien. Sur les bords du rivage, deux paysans semblent absorbés par le spectacle qui leur est offert.
Une tenture muséale
Plusieurs ensembles complets ou quasi-complets de cette série sont connus ; deux tapisseries réalisées par Cozette furent présentées à la vente chez Christie's, New York, le 2 novembre 2000, lots 55 et 56. Un ensemble de dix tapisseries parisiennes, incluant le mois d’avril, figure parmi les collections du Metropolitan Museum of Art (inv. 44.60.3 ; E. Standen, European Post-Medieval Tapestries and Related Hangings in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1985, cat. 50, pp. 331-330). Plusieurs versions, toutes deux de Paris et Bruxelles dans des tailles variables, sont conservées au Museum of Art de Cleveland (inv. 1944.133) et à l’Institute of Arts de Detroit (inv. 66.120).
Enfin, le Mobilier National conserve également dans ses collections le mois d’avril par la manufacture des Gobelins achevée en 1733 et achetée par le roi Stanislas, beau-père de Louis XV (inv. GMTT-47-004). C’est à sa mort en 1752 que l’ensemble de la tenture qui décorait le château de Jolivet en Lorraine, où se trouvait le mois d’avril, fut reversée au Mobilier de la Couronne. Une variante représentant les Saisons toujours attribuée à Lucas était dans la collection du Vicomte Wimborne, Canford (Dorset) et fut vendue chez Christie's, New York, le 26 avril 1990, lots 6 et 9.
La collection de Gabrielle Phillipson et sa spoliation
La présente tapisserie provient de la collection de Gabrielle Phillipson (1880-1941). Cette dernière était l'héritière d'une famille de banquiers belges, éminents membres de la communauté juive de Bruxelles. A l'époque de l'occupation nazie, elle habitait Paris, au 62 rue Pierre Charron. Son appartement abritait une importante collection d'arts décoratifs et de tableaux anciens.
Cette tapisserie, tout comme un tableau anciennement attribué à Simon Vouet, quitta la collection en raison d’une vente forcée en 1941, quelques mois avant le décès de Gabrielle Phillipson. La tapisserie est alors envoyée à Carinhall, résidence d’Hermann Goering près de Berlin dans laquelle il rassemblait ses collections. Un peu plus tard, en 1942, la quasi-totalité de l’appartement est pillée par l’occupant.
Au moment de la débâcle allemande, Hermann Goering fait envoyer ses collections en train spécial à Neuhaus (près de Nuremberg) puis à Berchtesgaden.
Récupération et restitution
C'est à Berchtesgaden que la Septième US Army récupère l'ensemble de la collection. Un premier travail de récolement est effectué sur place et cette œuvre se voit attribuer le numéro « Berchtesgaden 1607 ». La tapisserie est ensuite envoyée au Point Central de Collecte de Munich. C’est là que les Monuments Men examinaient et inventoriaient les œuvres nouvellement récupérées, dans le but ultime de les restituer aux pays dans lesquels elles avaient été pillées ou vendues.
La tapisserie est rapatriée en France en octobre 1946 puis confiée au musée du Louvre pour y être conservée jusqu'à ce que son propriétaire puisse être identifié. Elle est inscrite dans l'inventaire Objets d'Art Récupération (OAR), établi par Hubert Landais, sous le numéro OAR 64 (13). La tapisserie est d’abord déposée au château de Compiègne avant de gagner le département des Objets d'art du musée du Louvre en 1954.
Grâce aux efforts conjoints du ministère de la Culture, du musée du Louvre et de la Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), la présente tapisserie a été restituée en février 2022. Christie's a l’honneur de proposer cette œuvre au nom des héritiers de Stéphanie Goldschmidt, fille de Gabrielle Phillipson.
Le prêt de cette tapisserie sera très probablement sollicité pour l’exposition « Dresden - Paris. Passion des arts français à la cour de Saxe au XVIIIe siècle » au printemps 2024 (Centre des Monuments Nationaux et Staatliche Kunstsammlungen Dresden).
Nous remercions M. Wandrille Potez, historien de l’art, de son aide pour la rédaction de cette notice.
Manufactured by the royal workshops of Gobelins, this sumptuous tapestry illustrates the immense success that Flemish scenes enjoyed with the French aristocracy in the eighteenth century.
A legendary series
The Twelve Months series, also known as the Mois Lucas, follows the months of the year, each symbolized by a sign of the zodiac in the medallion in the center of the lower border. The series takes its name from its supposed creator, Lucas of Leiden (1494-1533). This attribution, which dates back to the 19th century, is now being questioned and recent studies have tended towards attributing this work to the author of the famous Chasses de Maximilien, Bernard Van Orley (c. 1487-1541) or to an artist of his circle. Throughout the 17th and 18th centuries the Royal Manufactory was obviously very inspired by this subject and produced no less than twelve series after the original Mois.
This example honours the month of April and the zodiacal sign of Taurus. Depicting a pastoral concert, this tapestry shows two musicians in the company of two young women picking flowers. In the background, a couple in a boat is accompanied by a musician. On the shore, two peasants appear absorbed by the spectacle before their eyes.
A work of museum quality
Several complete or nearly complete sets of this series are known; two tapestries by Cozette were presented at Christie's, New York, November 2, 2000, lots 55 and 56. A set of ten Parisian tapestries, including April, is in the collection of the Metropolitan Museum of Art (inv. 44.60.3; E. Standen, European Post-Medieval Tapestries and Related Hangings in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1985, cat. 50, pp. 331-330). Several versions, both from Paris and Brussels in varying sizes, are in the Museum of Art, Cleveland (inv. 1944.133) and the Institute of Arts, Detroit (inv. 66.120).
Finally, the Mobilier National also preserves in its collections the month of April by the Gobelins factory completed in 1733 and purchased by King Stanislas, father-in-law of Louis XV (inv. GMTT-47-004). At Stanislas’s death in 1752 the whole series, which decorated the château de Jolivet in Lorraine, was returned to the Mobilier de la Couronne. A variant depicting the Seasons and still attributed to Lucas was in the collection of Viscount Wimborne, Canford (Dorset) and was sold at Christie's, New York, April 26, 1990, lots 6 and 9.
The collection of Gabrielle Phillipson and its spoliation
The present tapestry comes from the collection of Gabrielle Phillipson (1880-1941) who was the heiress of a family of Belgian bankers, eminent members of the Jewish community of Brussels. At the time of the Nazi occupation, she lived in Paris, at 62 rue Pierre Charron. Her apartment housed an important collection of decorative arts and old master paintings.
This tapestry, like a painting formerly attributed to Simon Vouet, left the collection due to a forced sale in 1941, a few months before the death of Gabrielle Phillipson. The tapestry was then sent to Carinhall, Hermann Goering's residence near Berlin, where he assembled his collections. A little later, in 1942, almost the entire apartment was looted by the occupying forces.
As German power collapsed, Hermann Goering had his collections sent by special train to Neuhaus (near Nuremberg) and then to Berchtesgaden.
Recovery and restitution
The Seventh US Army recovered the entire collection in Berchtesgaden. An inventory was made on the spot and the work was given the number "Berchtesgaden 1607". The tapestry was then sent to the Central Collection Point in Munich. There, the Monuments Men examined and inventoried the newly recovered works, with the ultimate goal of returning them to the countries where they had been looted or sold.
The tapestry was repatriated to France in October 1946 and then entrusted to the Louvre Museum for conservation until its owner could be identified. It is registered in the inventory Objets d'Art Récupération (OAR), established by Hubert Landais, under the number OAR 64 (13). The tapestry was first deposited in the Château de Compiègne before being transferred to the Department of Works of Art of the Louvre Museum in 1954.
Thanks to the joint efforts of the Ministry of Culture, the Louvre Museum and the Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), the present tapestry was returned in February 2022. Christie's is honoured to offer this work on behalf of the heirs of Stephanie Goldschmidt, daughter of Gabrielle Phillipson.