Lot Essay
Les laques de Coromandel
Sur la côte orientale de l’Inde dans le golfe du Bengale, Coromandel donne son nom à une production de laque chinoise en raison de ses ports faciles d’accès et de ses rapports commerciaux privilégiés avec la Chine. Les Compagnies anglaises et françaises des Indes y achetaient des laques importés par les Chinois depuis le XVIe siècle. Cependant, jamais le moindre laque n’a été réalisé sur cette côte. La technique, plus complexe que celle des paravents peints et incisés était celle d’une âme de bois recouverte d’une préparation à base de laque et d’adhésif puis de plusieurs couches de laque noire ou brune. Le décor était ensuite gravé dans l’épaisseur et les différents niveaux ainsi obtenus étaient alors peints de différentes couleurs avec également des parties incisées. Le décor polychrome obtenu après ce procédé long et coûteux était spectaculaire. La scène principale était souvent l’œuvre du maître quand les bordures étaient parfois reproduit en plusieurs exemplaires par les artisans. Différents thèmes reviennent dans cette exceptionnelle production qui constitue un des ensembles les plus prestigieux de l’art de la Chine à son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les Chinois utilisaient les paravents pour se protéger des mauvaises influences de l’extérieur, des courants d’air, des mauvais esprits ou des regards curieux. Les décors récurrents sont les animaux, les plantes, les paysages, les scènes de palais, plus rares sont les paravents mettant en scène des étrangers et leurs vaisseaux ou l’univers du taoïsme comme ici.
Le Paradis des Immortels
Les empereurs chinois étaient obsédés par un désir d’éternité, des mages leur avaient rapporté l’existence de cinq îles merveilleuses dans la mer de l’Est où vivent les Immortels. Peu après deux îles disparurent dans la mer, ne les ayant jamais retrouvées les empereurs décidèrent de reproduire dans leur palais ces paradis imaginaires pour y attirer les Immortels. Ces représentations taoïstes sont présentes sur les laques seulement depuis la dynastie Ming et, comme les scènes de palais, ces décors sont tirés d’anciennes légendes populaires. On retrouve ce décor également sur des porcelaines ou d’autres objets d’art chinois. On les reconnaît car ils se promènent sur de petits nuages en volutes, chevauchent des animaux fabuleux et ont tous un attribut. Les Immortels sont souvent représentés ivres ou la coupe aux lèvres car de leur ébriété vient leur invincibilité. Le vin et l’ivresse étaient des thèmes classiques de la poésie taoïste. Les Immortels les plus connus forment un groupe de huit : Les Huit Immortels (Baxian). Ce paravent est un exemple exceptionnel de Paradis taoïste. Il montre le lieu où partent les âmes délivrées, le monde des délices de l’Occident. On reconnaît entre autres en haut à gauche l’impératrice Xiwangmu accompagnée de ses suivantes et d’une biche blanche. Dans une superbe grotte faites de rochers escarpés, à l’exécution remarquable, trône Shoulao, le dieu de la longévité, reconnaissable à son crâne protubérant, son sceptre ruyi et le champignon d’immortalité lingzhi que lui apporte une biche. Deux princesses portent deux pêches de longévité si grosses qu’on sent la baguette ployer. Détail particulièrement savoureux : le singe, hou, n’a pas été invité au banquet de l’impératrice Xiwangmu, il est tout de même venu, a gâché la fête en mangeant tous les fruits dont il a chargé une corbeille qu’il porte sur sa tête. Le mouvement du décor, le foisonnement des personnages, l’architecture sophistiquée des grottes rocailleuses, le clapotis de vagues et le vent qu’on entend souffler dans les arbres au premier plan font de ce paravent un exemple exceptionnel dont les couleurs raffinées ont gardé toute leur fraîcheur.
Les inscriptions poétiques
Les paravents étaient des objets raffinés de grand luxe et l’endroit était aussi important que l’envers. La plupart du temps le revers est plus simple et ne comporte pas de scène centrale. Le revers porte souvent des inscriptions dédicatoires nous renseignant sur l’identité du commanditaire du paravent, celle de la personne à qui il était destiné et pour quelle occasion. Très souvent les inscriptions portent une date précise. Le plus ancien paravent daté connu porte la date de 1659 et se trouve à la Freer Gallery of Art de Washington. Ici le revers du Paradis des Immortels présente une alternance de cartouches abritant des scènes animées, des paysages, des fruits, des fleurs et des poèmes. Chaque poème est transcrit dans une calligraphie différente. Ce décor d’inscriptions poétiques est particulièrement rare et prouve l’érudition de son commanditaire. Dès la fin de la période Ming le goût pour l’étude et la littérature commence à se refléter dans les arts décoratifs.
Le goût de l’Occident pour les laques de Coromandel
Ces grands paravents en laque de Coromandel ont fasciné l’Occident depuis le XVIIe siècle. Rares et très coûteux jusque dans les années 1680, les laques restèrent réservés aux souvenirs et aux membres de leur famille. L’inventaire général du Garde-Meuble de la Couronne en décrit précisément deux en 1729. En 1703, la Compagnie française des Indes orientales vendit deux grands paravents pour le prix pharaonique de 1200 livres pièce. Trop grands, difficiles à rapporter, trop onéreux on les trouvait rarement chez les marchands-merciers. Certains pourtant étaient bien sûr découpés pour être incorporés par les plus grands ébénistes à des meubles devenus rapidement extrêmement à la mode. Certains des meubles en laque de Coromandel les plus connus sont par l’ébéniste B.V.R.B. dont une commode se trouve au musée du Domaine départemental de Sceaux, une autre au Metropolitan Museum of Art à New York avec une encoignure. Les panneaux en laque de Coromandel devinrent vite un élément de décor essentiel. Les marchands merciers étaient donc très attentifs à la qualité de ces laques et recherchaient principalement des paravents laqués sur leurs deux faces pour les fendre dans l’épaisseur et plaquer les panneaux sur les murs au-dessus des lambris. Les boiseries les plus connues en laque de Coromandel sont celles du château de Leeuwareden aujourd’hui conservées au Rijksmuseum à Amsterdam, celles du salon chinois du Grand Palais de Tsarskoye Selo et celle du château de l’Ermitage à Bayreuth en Allemagne. Les plus grands collectionneurs du XVIIIe siècle étaient de grands amateurs de laques de Coromandel. Le goût chinois a continué tout au long des XIXe et XXe siècles et les paravents de Coromandel sont restés des symboles d’élégance, de mystère et d’exotisme. Certains peintres du XIXe siècle comme Jacques-Emile Blanche en feront l’élément incontournable de leurs tableaux d’intérieurs parisiens. L’artiste possédait un paravent daté de 1691 qu’il légua au musée Guimet. Au XXe siècle, Gabrielle Chanel remis les paravents en laque de Coromandel a l’honneur. Elle collectionnait les objets d’art d’Extrême-Orient et posséda une trentaine de paravents. Rue Cambon elle en disposait à chaque étage, les pliant, les dépliant, elle fabriquait même des meubles avec. On la voit portraiturée par les plus grands photographes dans son intérieur peuplé de paravents, ses mannequins prenant aussi souvent la pose vêtus de ses créations devant les paravents.
For a screen depicting a similar subject with Daoist immortals see Christie's New York, Treasures of a Storied Manhattan Collection, 15 June 2021- 1 July 2021, lot 228. For another screen with poems depicted in various calligraphic scripts in the manner of famous Ming-dynasty scholars and artistes, all framed by further 'precious objects' see a screen sold at Christie's New York, 14-15 September 2017, lot 976.
Coromandel lacquerware
On India’s East coast in the Bay of Bengal, Coromandel lends its name to a lacquerware production due to its easily accessible ports as well as its privileged commercial relations with China. There, British and French Compagnies des Indes bought lacquerware imported by the Chinese since the 16th century. However, no lacquerware was ever produced on this coast. The technique, more complex than for painted or incised screens, consists in coating a wooden core with a lacquer and adhesive-based preparation before adding several layers of black of brown lacquer. The decoration was then deeply engraved, allowing the different levels to be painted in several colors with incised elements. The polychrome decoration obtained through this long and costly process was spectacular. The main scene was usually produced by the master whereas the borders were sometimes reproduced by craftsmen. Several subjects are frequently depicted in this production which is one of the most prestigious ensembles in the zenith of Chinese Art in the 17th and 18th Centuries. The Chinese used screens to be protected from bad influence coming from the outside, draughts, bad spirits or inquisitive eyes. Recurring decorations are animals, plants, landscapes and Palace scenes. Such screens seldom depict Foreigners, their ships or Taoist themes, our screen being one example.
Immortals’ Heaven
Chinese Emperors were obsessed with the pursuit of Immortality. Mages had told them about the existence of five islands in the East Sea were the Immortals resided. Soon after, two islands disappeared in the sea, and as they were never found, the Emperors decided to replicate these imaginary heavens in their palace to attract the Immortals. These Taoist representations can only be found on lacquerware since the Ming dynasty, and like palace scenes, these decorations are based on old folktales. This decoration can also be found on porcelains and other Chinese works of art. Immortals are usually depicted walking over scrolling clouds or riding mythical beasts, and each of them have attributes that allow us to recognize them easily. Another common trait is their drunkenness which is the source of their Immortality, thus they are often portrayed in a drunk state or holding liquor. Wine and intoxication are classical themes in Taoist poetry. The best known Immortals form a group of Eight (‘Baxian’). This screen is an exceptional example of Taoist Heaven. It shows the place where the liberated souls go, the western paradise. On the upper-west section, we can see the Empress Xiwangmu with her followers and a white doe. In a superb grotto made of steep stones thrones Shoulao, the God of Longevity, identifiable with his protruding skull, his ruyi scepter and lingzhi immortality fungus brought to him by a deer. Two princesses carry on a stick two longevity peaches so heavy that the stick folds. A particularly delightful detail : the monkey, hou, was not invited to Empress Xiwangmu’s supper but came nevertheless and ruined the party by eating all the fruits in the basket on top of its head. The movement of the decoration, the proliferation of figures, the sophisticated architecture of the rocky grottos, the lapping of the waves and the wind we hear blowing through the trees in the foreground make this screen an exceptional example whose refined colors have retained all their freshness.
The poetic inscriptions
Screen were refined objects of great luxury and both sides were equally important. Most of the time, the back side is simpler and does not feature a central scene. The back side often bears dedicatory inscriptions giving information about the identity of the screen’s initial buyer, who it was destined for and for which occasion. These inscriptions usually have a precise date. The oldest dated screen bears the date 1659 and is preserved in the Freer Gallery of Art in Washington. The present ‘Immortals’ Heaven’ screen’s back side depicts animated scenes, landscapes, fruits, flowers and poems in reserves. Each poem is transcribed using a different calligraphy. This poetic inscriptions decor is particularly rare and witness the initial buyer’s erudition. From the end of the Ming dynasty onward, the taste for scholar’s study and literature began to appear in the decorative arts.
The taste for Coromandel lacquerware in the West
Large Coromandel lacquer screen were an object of fascination in the West since the 17th century. Rare and very expensive until the 1680s, lacquerware remained restricted to souvenirs and family members. The Inventaire général du Garde-Meuble de la Couronne contains precise descriptions of two screens in 1729. In 1703, the Compagnie française des Indes orientales sold two large screens for the important price of 1200 livres each. Too big, difficult to import and too expensive, they were seldom found in marchands-merciers’s shops. Some screens were cut to be incorporated by the most important ébénistes to pieces of furniture that quickly became popular and the newest trend. A few of the most famous Coromandel lacquer furniture were made by the ébéniste B.V.R.B., one of his dressers is in the Musée du Domaine départemental de Sceaux, an encoignure is the Metropolitan Museum of Art in New York. Coromandel lacquer panels quickly became an essential element of decoration. Marchands-merciers paid great attention to the quality of these lacquers and mainly looked for screen lacquered on both sides to cut them in the thickness and attach the panels on the wall above paneling. The most famous paneling made with Coromandel lacquerware are the ones from Leeuwareden Castle, now preserved in the Rijksmuseum in Amsterdam, the ones from Tsarskove Grand Palais’s salon chinois, and the ones from the Ermitage castle in Bayreuth, Germany. The most important collectors in the 18th century were fond of Coromandel lacquerware. The Chinese taste perpetuated in the 18th and 19th centuries and Coromandel lacquer screens remained symbols of elegance, mystery and exoticism. Some 19th century painters like Jacques-Emile Blanche made these screens essential elements of the depictions of Parisian interiors. The artist owned a screen dated of 1691 which he bequeathed to the Musée Guimet. In the 20th century, Gabrielle Chanel put Coromandel screens in the spotlight again. She collected Asian works of art and owned around thirty screens. Rue Cambon, she displayed them on every floor, folding, unfolding them, she even made furniture out of them. She was portrayed by the greatest photographs in her Parisian apartment furnished with screens, her models also posing wearing her creations in front of the screens.
Sur la côte orientale de l’Inde dans le golfe du Bengale, Coromandel donne son nom à une production de laque chinoise en raison de ses ports faciles d’accès et de ses rapports commerciaux privilégiés avec la Chine. Les Compagnies anglaises et françaises des Indes y achetaient des laques importés par les Chinois depuis le XVIe siècle. Cependant, jamais le moindre laque n’a été réalisé sur cette côte. La technique, plus complexe que celle des paravents peints et incisés était celle d’une âme de bois recouverte d’une préparation à base de laque et d’adhésif puis de plusieurs couches de laque noire ou brune. Le décor était ensuite gravé dans l’épaisseur et les différents niveaux ainsi obtenus étaient alors peints de différentes couleurs avec également des parties incisées. Le décor polychrome obtenu après ce procédé long et coûteux était spectaculaire. La scène principale était souvent l’œuvre du maître quand les bordures étaient parfois reproduit en plusieurs exemplaires par les artisans. Différents thèmes reviennent dans cette exceptionnelle production qui constitue un des ensembles les plus prestigieux de l’art de la Chine à son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les Chinois utilisaient les paravents pour se protéger des mauvaises influences de l’extérieur, des courants d’air, des mauvais esprits ou des regards curieux. Les décors récurrents sont les animaux, les plantes, les paysages, les scènes de palais, plus rares sont les paravents mettant en scène des étrangers et leurs vaisseaux ou l’univers du taoïsme comme ici.
Le Paradis des Immortels
Les empereurs chinois étaient obsédés par un désir d’éternité, des mages leur avaient rapporté l’existence de cinq îles merveilleuses dans la mer de l’Est où vivent les Immortels. Peu après deux îles disparurent dans la mer, ne les ayant jamais retrouvées les empereurs décidèrent de reproduire dans leur palais ces paradis imaginaires pour y attirer les Immortels. Ces représentations taoïstes sont présentes sur les laques seulement depuis la dynastie Ming et, comme les scènes de palais, ces décors sont tirés d’anciennes légendes populaires. On retrouve ce décor également sur des porcelaines ou d’autres objets d’art chinois. On les reconnaît car ils se promènent sur de petits nuages en volutes, chevauchent des animaux fabuleux et ont tous un attribut. Les Immortels sont souvent représentés ivres ou la coupe aux lèvres car de leur ébriété vient leur invincibilité. Le vin et l’ivresse étaient des thèmes classiques de la poésie taoïste. Les Immortels les plus connus forment un groupe de huit : Les Huit Immortels (Baxian). Ce paravent est un exemple exceptionnel de Paradis taoïste. Il montre le lieu où partent les âmes délivrées, le monde des délices de l’Occident. On reconnaît entre autres en haut à gauche l’impératrice Xiwangmu accompagnée de ses suivantes et d’une biche blanche. Dans une superbe grotte faites de rochers escarpés, à l’exécution remarquable, trône Shoulao, le dieu de la longévité, reconnaissable à son crâne protubérant, son sceptre ruyi et le champignon d’immortalité lingzhi que lui apporte une biche. Deux princesses portent deux pêches de longévité si grosses qu’on sent la baguette ployer. Détail particulièrement savoureux : le singe, hou, n’a pas été invité au banquet de l’impératrice Xiwangmu, il est tout de même venu, a gâché la fête en mangeant tous les fruits dont il a chargé une corbeille qu’il porte sur sa tête. Le mouvement du décor, le foisonnement des personnages, l’architecture sophistiquée des grottes rocailleuses, le clapotis de vagues et le vent qu’on entend souffler dans les arbres au premier plan font de ce paravent un exemple exceptionnel dont les couleurs raffinées ont gardé toute leur fraîcheur.
Les inscriptions poétiques
Les paravents étaient des objets raffinés de grand luxe et l’endroit était aussi important que l’envers. La plupart du temps le revers est plus simple et ne comporte pas de scène centrale. Le revers porte souvent des inscriptions dédicatoires nous renseignant sur l’identité du commanditaire du paravent, celle de la personne à qui il était destiné et pour quelle occasion. Très souvent les inscriptions portent une date précise. Le plus ancien paravent daté connu porte la date de 1659 et se trouve à la Freer Gallery of Art de Washington. Ici le revers du Paradis des Immortels présente une alternance de cartouches abritant des scènes animées, des paysages, des fruits, des fleurs et des poèmes. Chaque poème est transcrit dans une calligraphie différente. Ce décor d’inscriptions poétiques est particulièrement rare et prouve l’érudition de son commanditaire. Dès la fin de la période Ming le goût pour l’étude et la littérature commence à se refléter dans les arts décoratifs.
Le goût de l’Occident pour les laques de Coromandel
Ces grands paravents en laque de Coromandel ont fasciné l’Occident depuis le XVIIe siècle. Rares et très coûteux jusque dans les années 1680, les laques restèrent réservés aux souvenirs et aux membres de leur famille. L’inventaire général du Garde-Meuble de la Couronne en décrit précisément deux en 1729. En 1703, la Compagnie française des Indes orientales vendit deux grands paravents pour le prix pharaonique de 1200 livres pièce. Trop grands, difficiles à rapporter, trop onéreux on les trouvait rarement chez les marchands-merciers. Certains pourtant étaient bien sûr découpés pour être incorporés par les plus grands ébénistes à des meubles devenus rapidement extrêmement à la mode. Certains des meubles en laque de Coromandel les plus connus sont par l’ébéniste B.V.R.B. dont une commode se trouve au musée du Domaine départemental de Sceaux, une autre au Metropolitan Museum of Art à New York avec une encoignure. Les panneaux en laque de Coromandel devinrent vite un élément de décor essentiel. Les marchands merciers étaient donc très attentifs à la qualité de ces laques et recherchaient principalement des paravents laqués sur leurs deux faces pour les fendre dans l’épaisseur et plaquer les panneaux sur les murs au-dessus des lambris. Les boiseries les plus connues en laque de Coromandel sont celles du château de Leeuwareden aujourd’hui conservées au Rijksmuseum à Amsterdam, celles du salon chinois du Grand Palais de Tsarskoye Selo et celle du château de l’Ermitage à Bayreuth en Allemagne. Les plus grands collectionneurs du XVIIIe siècle étaient de grands amateurs de laques de Coromandel. Le goût chinois a continué tout au long des XIXe et XXe siècles et les paravents de Coromandel sont restés des symboles d’élégance, de mystère et d’exotisme. Certains peintres du XIXe siècle comme Jacques-Emile Blanche en feront l’élément incontournable de leurs tableaux d’intérieurs parisiens. L’artiste possédait un paravent daté de 1691 qu’il légua au musée Guimet. Au XXe siècle, Gabrielle Chanel remis les paravents en laque de Coromandel a l’honneur. Elle collectionnait les objets d’art d’Extrême-Orient et posséda une trentaine de paravents. Rue Cambon elle en disposait à chaque étage, les pliant, les dépliant, elle fabriquait même des meubles avec. On la voit portraiturée par les plus grands photographes dans son intérieur peuplé de paravents, ses mannequins prenant aussi souvent la pose vêtus de ses créations devant les paravents.
For a screen depicting a similar subject with Daoist immortals see Christie's New York, Treasures of a Storied Manhattan Collection, 15 June 2021- 1 July 2021, lot 228. For another screen with poems depicted in various calligraphic scripts in the manner of famous Ming-dynasty scholars and artistes, all framed by further 'precious objects' see a screen sold at Christie's New York, 14-15 September 2017, lot 976.
Coromandel lacquerware
On India’s East coast in the Bay of Bengal, Coromandel lends its name to a lacquerware production due to its easily accessible ports as well as its privileged commercial relations with China. There, British and French Compagnies des Indes bought lacquerware imported by the Chinese since the 16th century. However, no lacquerware was ever produced on this coast. The technique, more complex than for painted or incised screens, consists in coating a wooden core with a lacquer and adhesive-based preparation before adding several layers of black of brown lacquer. The decoration was then deeply engraved, allowing the different levels to be painted in several colors with incised elements. The polychrome decoration obtained through this long and costly process was spectacular. The main scene was usually produced by the master whereas the borders were sometimes reproduced by craftsmen. Several subjects are frequently depicted in this production which is one of the most prestigious ensembles in the zenith of Chinese Art in the 17th and 18th Centuries. The Chinese used screens to be protected from bad influence coming from the outside, draughts, bad spirits or inquisitive eyes. Recurring decorations are animals, plants, landscapes and Palace scenes. Such screens seldom depict Foreigners, their ships or Taoist themes, our screen being one example.
Immortals’ Heaven
Chinese Emperors were obsessed with the pursuit of Immortality. Mages had told them about the existence of five islands in the East Sea were the Immortals resided. Soon after, two islands disappeared in the sea, and as they were never found, the Emperors decided to replicate these imaginary heavens in their palace to attract the Immortals. These Taoist representations can only be found on lacquerware since the Ming dynasty, and like palace scenes, these decorations are based on old folktales. This decoration can also be found on porcelains and other Chinese works of art. Immortals are usually depicted walking over scrolling clouds or riding mythical beasts, and each of them have attributes that allow us to recognize them easily. Another common trait is their drunkenness which is the source of their Immortality, thus they are often portrayed in a drunk state or holding liquor. Wine and intoxication are classical themes in Taoist poetry. The best known Immortals form a group of Eight (‘Baxian’). This screen is an exceptional example of Taoist Heaven. It shows the place where the liberated souls go, the western paradise. On the upper-west section, we can see the Empress Xiwangmu with her followers and a white doe. In a superb grotto made of steep stones thrones Shoulao, the God of Longevity, identifiable with his protruding skull, his ruyi scepter and lingzhi immortality fungus brought to him by a deer. Two princesses carry on a stick two longevity peaches so heavy that the stick folds. A particularly delightful detail : the monkey, hou, was not invited to Empress Xiwangmu’s supper but came nevertheless and ruined the party by eating all the fruits in the basket on top of its head. The movement of the decoration, the proliferation of figures, the sophisticated architecture of the rocky grottos, the lapping of the waves and the wind we hear blowing through the trees in the foreground make this screen an exceptional example whose refined colors have retained all their freshness.
The poetic inscriptions
Screen were refined objects of great luxury and both sides were equally important. Most of the time, the back side is simpler and does not feature a central scene. The back side often bears dedicatory inscriptions giving information about the identity of the screen’s initial buyer, who it was destined for and for which occasion. These inscriptions usually have a precise date. The oldest dated screen bears the date 1659 and is preserved in the Freer Gallery of Art in Washington. The present ‘Immortals’ Heaven’ screen’s back side depicts animated scenes, landscapes, fruits, flowers and poems in reserves. Each poem is transcribed using a different calligraphy. This poetic inscriptions decor is particularly rare and witness the initial buyer’s erudition. From the end of the Ming dynasty onward, the taste for scholar’s study and literature began to appear in the decorative arts.
The taste for Coromandel lacquerware in the West
Large Coromandel lacquer screen were an object of fascination in the West since the 17th century. Rare and very expensive until the 1680s, lacquerware remained restricted to souvenirs and family members. The Inventaire général du Garde-Meuble de la Couronne contains precise descriptions of two screens in 1729. In 1703, the Compagnie française des Indes orientales sold two large screens for the important price of 1200 livres each. Too big, difficult to import and too expensive, they were seldom found in marchands-merciers’s shops. Some screens were cut to be incorporated by the most important ébénistes to pieces of furniture that quickly became popular and the newest trend. A few of the most famous Coromandel lacquer furniture were made by the ébéniste B.V.R.B., one of his dressers is in the Musée du Domaine départemental de Sceaux, an encoignure is the Metropolitan Museum of Art in New York. Coromandel lacquer panels quickly became an essential element of decoration. Marchands-merciers paid great attention to the quality of these lacquers and mainly looked for screen lacquered on both sides to cut them in the thickness and attach the panels on the wall above paneling. The most famous paneling made with Coromandel lacquerware are the ones from Leeuwareden Castle, now preserved in the Rijksmuseum in Amsterdam, the ones from Tsarskove Grand Palais’s salon chinois, and the ones from the Ermitage castle in Bayreuth, Germany. The most important collectors in the 18th century were fond of Coromandel lacquerware. The Chinese taste perpetuated in the 18th and 19th centuries and Coromandel lacquer screens remained symbols of elegance, mystery and exoticism. Some 19th century painters like Jacques-Emile Blanche made these screens essential elements of the depictions of Parisian interiors. The artist owned a screen dated of 1691 which he bequeathed to the Musée Guimet. In the 20th century, Gabrielle Chanel put Coromandel screens in the spotlight again. She collected Asian works of art and owned around thirty screens. Rue Cambon, she displayed them on every floor, folding, unfolding them, she even made furniture out of them. She was portrayed by the greatest photographs in her Parisian apartment furnished with screens, her models also posing wearing her creations in front of the screens.