Lot Essay
Le surnom de ‘Robert des ruines’ donné à Hubert Robert par la tsarine Catherine II et reprit plus tard par Diderot dans ses critiques de Salons convient parfaitement à la présente aquarelle où les éléments architecturaux sont couverts de feuillages et d’herbes folles ayant poussés entre les pierres au fil du temps.
Dans l’œuvre dessiné d’Hubert Robert, les aquarelles ou grisailles légèrement rehaussé de bleu, qui vient ainsi réveiller et illuminer la composition, à l’image de la présente feuille, se font plus rares que les sanguines. Elles apparaissent généralement plus détaillées, d’un trait de plume plus précis avec de nombreux détails.
Datée 1760, la présente aquarelle a été réalisée lors du pensionnat d’Hubert Robert à l’Académie de France à Rome, période où le directeur de l’institution, Charles-Joseph Natoire envoie une lettre à Marigny en louant les progrès du jeune élève qui ‘travaille à son ordinaire avec zèle et succès’ (lettre datée du 20 Février 1760 in C. Voiriot, ‘Chronologie biographique’, in Hubert Robert (1733-1808). Un Peintre visionnaire, cat. exp., Paris, Musée du Louvre, et Washington, National Gallery of Art, 2016, p. 448). Une année après, Natoire mentionne un envoie à Pierre-Jean Mariette de ‘quelques dessains coloré’ (ibid., p. 449). Il est encore nourri des œuvres de ses maîtres romains qui se sont spécialisés dans la représentation des vestiges antiques : Giovanni Paolo Pannini (1691-1765), Charles-Louis Clérisseau (1721-1820) ou encore Gianbattista Piranesi (1720-1778) (G. Faroult, in ibid., p. 239).
Le thème iconographique de l’arche en ruines d’une grande galerie est un des nombreux topos dans l’œuvre de l’artiste, parfaitement bien rendu dans Le Vieux temple, tableau représentant une longue galerie flanquée de part et à d’autres de colonnes et dont la voûte à caissons est en ruines à ciel ouvert à l’image du présent dessin (Chicago, The Art Institute of Chicago, inv. 1900.382 ; ibid., p. 96, fig. 39). Autre éléments récurrents dans les œuvres de Hubert Robert, la lanterne suspendue parallélépipédique que se retrouve dans La Fontaine, un tableau conservé au musée Cognacq Jay à Paris (inv. COGJ98 ; ibid., p. 252, fig. 98), sur l’un des six Caprices architecturaux monumentaux de plus de deux mètres de hauteur conservées au musée des Arts décoratifs (inv. 19730 ; ibid., 2016, n° 102) et encore dans le tableau du Retour du troupeau, exposée au Salon en 1775 (New York, Metropolitan Museum of Art, inv. 35.40.1).
L’art de citation ne s’arrête pas là puisque le couple à cheval au centre de la composition se retrouve dans un tableau de François Boucher, Le Retour du marché, ayant appartenu à Jacques Laure Le Tonnelier de Breteuil (1723-1785), plus connu sous le nom de Bailli de Breteuil, et qui fut le mécène d'Hubert Robert à Rome (Springfield, Museum of Fine Art, inv. 55.01 ; A. Ananoff, François Boucher, Lausanne-Paris, 1976, I., n° 53). Le couple de François Boucher a été gravé par Alexandre Briceau sous le titre Les Voyageurs, d’après un dessin à la sanguine (ibid., p. 190, n° 53/1 et 53/2). Un tableau de même composition, Couple de cavaliers cheminant parmi les ruines, signé en à bas à gauche, est passé en vente au Palais Galliéra à Paris le 26 novembre 1975, lot G (72,5 x 87,5 cm).
Une décennie après la réalisation de la présente aquarelle, Hubert Robert va réutiliser cette composition en reprenant principalement le couple central et les ruines sur la gauche dans une huile sur toile circulaire datée 1777, anciennement dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York et passé en vente chez Christie's, New York, 6 juin 2012, partie du lot 81 (fig. 1). De plus, une aquarelle qui reprend plus fidèlement le présent dessin avec les colonnades de part et d'autres d'une trouée vers l'extérieur, la lanterne suspendue et les figures au premier plan mais de dimensions plus petites (39 x 49 cm), provenant de la collection de Maurice et Pauline Feuillet de Borsat, est conservée au musée Borély de Marseille (inv. 68-184).
La subtilité dans le choix du camaïeu de brun légèrement rehaussé de bleu dans le ciel, la recherche architecturale de ce caprice mêlant les différentes époques, de l’antiquité au XVIIIe siècle, en passant par la Renaissance, et l’ajout de petits personnages au premier plan qui animent la composition, font de cette large feuille, non pas une simple étude préparatoire, mais bien une œuvre d’art à part entière.
Nous remercions Sarah Catala d'avoir confirmé l'attribution après examen visuel de l'œuvre.
Fig. 1. Hubert Robert, Les Ruines, huile sur toile (coll. part).
Dans l’œuvre dessiné d’Hubert Robert, les aquarelles ou grisailles légèrement rehaussé de bleu, qui vient ainsi réveiller et illuminer la composition, à l’image de la présente feuille, se font plus rares que les sanguines. Elles apparaissent généralement plus détaillées, d’un trait de plume plus précis avec de nombreux détails.
Datée 1760, la présente aquarelle a été réalisée lors du pensionnat d’Hubert Robert à l’Académie de France à Rome, période où le directeur de l’institution, Charles-Joseph Natoire envoie une lettre à Marigny en louant les progrès du jeune élève qui ‘travaille à son ordinaire avec zèle et succès’ (lettre datée du 20 Février 1760 in C. Voiriot, ‘Chronologie biographique’, in Hubert Robert (1733-1808). Un Peintre visionnaire, cat. exp., Paris, Musée du Louvre, et Washington, National Gallery of Art, 2016, p. 448). Une année après, Natoire mentionne un envoie à Pierre-Jean Mariette de ‘quelques dessains coloré’ (ibid., p. 449). Il est encore nourri des œuvres de ses maîtres romains qui se sont spécialisés dans la représentation des vestiges antiques : Giovanni Paolo Pannini (1691-1765), Charles-Louis Clérisseau (1721-1820) ou encore Gianbattista Piranesi (1720-1778) (G. Faroult, in ibid., p. 239).
Le thème iconographique de l’arche en ruines d’une grande galerie est un des nombreux topos dans l’œuvre de l’artiste, parfaitement bien rendu dans Le Vieux temple, tableau représentant une longue galerie flanquée de part et à d’autres de colonnes et dont la voûte à caissons est en ruines à ciel ouvert à l’image du présent dessin (Chicago, The Art Institute of Chicago, inv. 1900.382 ; ibid., p. 96, fig. 39). Autre éléments récurrents dans les œuvres de Hubert Robert, la lanterne suspendue parallélépipédique que se retrouve dans La Fontaine, un tableau conservé au musée Cognacq Jay à Paris (inv. COGJ98 ; ibid., p. 252, fig. 98), sur l’un des six Caprices architecturaux monumentaux de plus de deux mètres de hauteur conservées au musée des Arts décoratifs (inv. 19730 ; ibid., 2016, n° 102) et encore dans le tableau du Retour du troupeau, exposée au Salon en 1775 (New York, Metropolitan Museum of Art, inv. 35.40.1).
L’art de citation ne s’arrête pas là puisque le couple à cheval au centre de la composition se retrouve dans un tableau de François Boucher, Le Retour du marché, ayant appartenu à Jacques Laure Le Tonnelier de Breteuil (1723-1785), plus connu sous le nom de Bailli de Breteuil, et qui fut le mécène d'Hubert Robert à Rome (Springfield, Museum of Fine Art, inv. 55.01 ; A. Ananoff, François Boucher, Lausanne-Paris, 1976, I., n° 53). Le couple de François Boucher a été gravé par Alexandre Briceau sous le titre Les Voyageurs, d’après un dessin à la sanguine (ibid., p. 190, n° 53/1 et 53/2). Un tableau de même composition, Couple de cavaliers cheminant parmi les ruines, signé en à bas à gauche, est passé en vente au Palais Galliéra à Paris le 26 novembre 1975, lot G (72,5 x 87,5 cm).
Une décennie après la réalisation de la présente aquarelle, Hubert Robert va réutiliser cette composition en reprenant principalement le couple central et les ruines sur la gauche dans une huile sur toile circulaire datée 1777, anciennement dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York et passé en vente chez Christie's, New York, 6 juin 2012, partie du lot 81 (fig. 1). De plus, une aquarelle qui reprend plus fidèlement le présent dessin avec les colonnades de part et d'autres d'une trouée vers l'extérieur, la lanterne suspendue et les figures au premier plan mais de dimensions plus petites (39 x 49 cm), provenant de la collection de Maurice et Pauline Feuillet de Borsat, est conservée au musée Borély de Marseille (inv. 68-184).
La subtilité dans le choix du camaïeu de brun légèrement rehaussé de bleu dans le ciel, la recherche architecturale de ce caprice mêlant les différentes époques, de l’antiquité au XVIIIe siècle, en passant par la Renaissance, et l’ajout de petits personnages au premier plan qui animent la composition, font de cette large feuille, non pas une simple étude préparatoire, mais bien une œuvre d’art à part entière.
Nous remercions Sarah Catala d'avoir confirmé l'attribution après examen visuel de l'œuvre.
Fig. 1. Hubert Robert, Les Ruines, huile sur toile (coll. part).