GUSTAVE DORÉ (STRASBOURG 1832-1883 PARIS)
GUSTAVE DORÉ (STRASBOURG 1832-1883 PARIS)
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‘Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu'aucun mortel n'a jamais osé rêver ’ Edgar Allan Poe, Le Corbeau, 1845
GUSTAVE DORÉ (STRASBOURG 1832-1883 PARIS)

Le Corbeau et la Mort

Details
GUSTAVE DORÉ (STRASBOURG 1832-1883 PARIS)
Le Corbeau et la Mort
signé ‘G Doré’ (en bas à droite)
52,2 x 35,5 cm (20 1/2 x 14 in.)
graphite, pinceau, lavis brun, rehaussé de blanc, filigrane ‘WHATMAN/ 1879’
Provenance
Collection particulière, États-Unis.
Galerie Didier Aaron, Paris, 2012, d’où acquis par le propriétaire actuel.
Engraved
par F. S. King in E. A. Poe, The Raven, Londres, Sampson Low, 1883, New York, Harper & Brothers, 1884 (H. Leblanc, Catalogue de l’œuvre complet de Gustave Doré, Paris,1931, pp. 280-281).
Further details
GUSTAVE DORÉ, THE RAVEN AND THE DEATH, GRAPHITE, BRUSH, GREY WASH, HEIGHTENED WITH WHITE, SIGNED

This large sheet is preparatory for one of the twenty-four wood engravings illustrating a 1883 edition of The Raven by Edgar Allan Poe (1809-1849). The publication was agreed by December 1882, and Doré’s drawings were delivered only a month later, but the artist, who died by January 1883, never saw the project completed (Gustave Doré. L’imaginaire au pouvoir, exhib. cat., Paris, Musée d’Orsay, and Ottawa, National Gallery of Canada, 2014, pp. 93-94).
Poe first published this narrative poem in 1845; it became one of the author’s most famous works. On a dark and cold winter night, as the narrator tries to read and distract himself from the death of his beloved Lenore, he doses off. Soon he is visited in his dream by a majestic crow, driving the sad lover from a frenetic to a mad state, through the states of regret and mourning. The poem was translated as Le Corbeau a few years after the poem came out by Charles Baudelaire in 1853, then by Stéphane Mallarmé in 1872. It is, however, on the original text that Doré based his illustrations for the 1883-1884 edition which was simultaneously published in London by Sampson & Low ,and in New York at Harper & Brothers. In her biography of the artist from 1887, Blanche Roosevelt gives an emphatic description of Doré’s illustrations: ‘The poet’s luxurious feeling of melancholy resonated with the saddened imagination of Doré, who poignantly rendered the indescribable sadness of this dark idyll’ (La Vie et les œuvres de Gustave Doré, d’après les souvenirs de sa famille, de ses amis et de l’auteur, Paris, 1887, p. 376).
Three further preparatory drawings for The Raven are known, of similar technique and dimensions: Ananké at the Musée d’Art Moderne et Contemporain, Strasbourg (fig. 1; inv. 55.992.13.31; see exhib. cat., op. cit., 2014, no. 76, ill.); ‘For the rare and radiant maiden whom the angels name Lenore –/ nameless here for evermore’ in the National Gallery of Canada, Ottawa (fig. 2; inv. 14935; see ibid., no. 228, ill.); and ‘Tis some visitor entreating entrance at my chamber door‘ in a private collection (ibid., no. 233, ill.).
This project greatly contributed to the fame of Gustave Doré in America, and since its first publication the book received praise from literary critics: ‘Plainly there was something in common between the working moods of Poe and Doré […]. Both resorted often to the elf-land of fantasy and romance. In melodramatic feats they both, through their command of the supernatural, avoided the danger-line between the ideal and the absurd. […]. Poet or artist, Death at last transfigures all.’ (E. C. Stedman, ‘Comment on the Poem’, in Edgar Allan Poe, The Raven, illustrated by Gustave Doré, New York, Harper and Brothers, 1884, p. 14; see exhib. cat., op. cit., 2014, p. 94).

Fig. 1. Gustave Doré, Ananké, graphite, gray wash, Strasbourg, Museum of Modern and Contemporary Art.
Fig. 2. Gustave Doré, Lenore, graphite, gray wash, Ottawa, National Gallery of Canada.

Brought to you by

Hélène Rihal
Hélène Rihal Head of Department

Lot Essay

Cette large feuille au lavis gris réalisé par Gustave Doré est préparatoire à l’une des vingt-quatre planches gravées en xylographie, hors-texte, illustrant The Raven d’Edgar Allan Poe (1809-1849) dans l’édition de 1883. La convention avec l’éditeur est établie en décembre 1882 et les dessins de Gustave Doré livrés un mois plus tard - l'artiste meurt dès Janvier 1883 et ne verra donc pas le projet abouti (Gustave Doré. L’imaginaire au pouvoir, cat. exp., Paris, musée d’Orsay, Ottawa, musée des beaux-arts du Canada, 2014, pp.93-94).
Edgar Poe publie ce poème narratif dans sa langue maternelle pour la première fois en 1845, il est considéré comme l’un des plus connus de l’auteur et devient une référence littéraire dans le domaine de la poésie américaine du XIXe siècle. Le narrateur, par une nuit noire et glaciale en plein hiver s’assoupie en lisant pour essayer d’oublier la mort de sa bienaimée Lénore. Un corbeau majestueux va hanter sa nuit, il va sombrer dans la frénésie puis la folie en passant par le regret et le deuil. Intitulé Le Corbeau en français, il sera traduit quelques années plus tard par Charles Baudelaire en 1853 et par Stéphane Mallarmé en 1872 mais c’est bien le texte original en anglais que Gustave Doré illustrera dans l’édition de 1883-1884. Il parut simultanément à Londres aux éditions MM. Sampson et Low et à New York chez Harper & Brothers. Dans la biographie de l’artiste paru en 1887, Blanche Roosevelt décrira avec emphase les illustrations : ‘Le luxe de mélancolie du poète enflamma l’imagination attristée de Doré, et il rendit d’une façon poignante l’indicible tristesse de cette sombre idylle’ (La vie et les œuvres de Gustave Doré, d’après les souvenirs de sa famille, de ses amis et de l’auteur, Paris, 1887, p. 376).
Trois autres dessins préparatoires au Corbeau, de technique et de dimensions similaires, sont aujourd’hui connus : Ananké au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (fig. 1; inv. 55.992.13.31 ; Gustave Doré. L’imaginaire au pouvoir, cat. exp. Paris, musée d’Orsay, Ottawa, musée des beaux-arts du Canada, 2014, n° 76) ‘Pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore – et qu’ici on ne nommera jamais plus’ au musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa (fig. 2; inv. 14935 ; ibid., n° 228) et ‘C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée à la porte de ma chambre’ en collection particulière (ibid, n° 233).
Ce projet contribuera grandement à la renommée de Gustave Doré en Amérique et dès la parution du livre, les critiques littéraires sont emphatiques. ‘De toute évidence, il y avait quelque chose de commun entre les états d’âme embrumés de Poe et Doré […]. Par leur maîtrise de la puissance mélodramatique et du surnaturel, ils ont tous deux su éviter de franchir la ligne dangereuse qui sépare l’idéal de l’absurde L’un et l’autre ont souvent fait appel aux féeries de la fantaisie et de la romance […]. Poète ou artiste, la Mort transfigure toutes choses’ (E. C. Stedman, ‘Comment on the Poem’, in The Raven by Edgar Allan Poe, Illustrated by Gustave Doré, New York, Harper and Brothers, 1884, p. 14, in ibid., p. 94).

Fig. 1 G. Doré, Ananké, graphite, lavis gris, Strasbourg, musée d’art moderne et contemporain
Fig. 2 G. Doré, Lénore, graphite, lavis gris, Ottawa, musée des beaux-arts du Canada

ENGLISH TRANSLATION
‘Doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before’ The Raven, Edgar Allan Poe.

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