Lot Essay
Georges Klontzas (vers 1535-1608) appartient à l’école de peinture crétoise, marquée du XVe au XVIIe siècle par l’influence de Venise, l’île étant alors, et ce jusqu’à l’invasion ottomane de 1645, une possession de la République vénitienne. Cette époque, qualifiée dans les arts de ‘Renaissance crétoise’, voit les motifs et codes iconographiques byzantins de l’Église orthodoxe se mélanger à ceux de la peinture de la Sérénissime, associée au XVIe siècle aux figures du Titien (1488/1490-1576), du Tintoret (1518-1594) et de Véronèse (1528-1588).
Dans ce joli petit tableau, Klontzas traite la Crucifixion, sujet iconographique cher aux Églises orthodoxe et romaine, à la manière d’une icône : son petit format en fait un objet de dévotion. Cet héritage post-byzantin se mêle aux motifs iconographiques de la peinture vénitienne, tels que les cavaliers et leur monture, et le clocher à l’arrière-plan – rappelant la Crucifixion de Vivarini (actif vers 1415-1480) conservée au musée d’art de la ville de Ravenne. Notre Crucifixion peut être rapprochée aussi de celle d’un autre peintre ayant marqué la Renaissance crétoise, Georgios Markazinis (actif au XVIIe siècle), où l’on retrouve également un paysage urbain à l’arrière-plan (Istituto Ellenico di Studi Bizantini e Postbizantini di Venezia, Venise).
Le traitement des drapés sinueux, aux plis accentués, des figures du premier plan – incluant entre autres la Vierge et saint Jean – rappelle ceux du Greco (1541-1614) dans son icône de la Dormition de la Vierge (fig. 1) conservée dans l’église éponyme d’Ermoúpoli. Les deux peintres se sont d’ailleurs connus : en 1564, Klontzas fut embauché par le Greco pour évaluer une icône (M. Constantoudaki, ‘Klontzas, Georgios c. 1535-1608’, dans G. Speak, Encyclopedia of Greece and the Hellenic Tradition, Abingdon-on-Thames, 2021, II, p. 893).
Il convient également de noter la provenance intéressante de ce petit panneau. Il figure à la vente après-décès de Johann Anton Ramboux (1790-1866) dont la page de titre du catalogue de vente rappelle la dernière fonction : ‘Conservateur du Musée de la ville de Cologne’. Né à Trèves, en Prusse, il lui est rapidement découvert un talent pour le dessin qui lui permet d’intégrer l’atelier parisien de Jacques-Louis David (1748-1825) en 1812. Fort de cette formation, il entre à l’Académie des beaux-arts de Munich en 1815 avant de déménager à Rome l’année suivante. Dans la ville éternelle, il fréquente le milieu nazaréen. Ce premier séjour italien (1816-1822) marquera Ramboux qui retournera y vivre une dizaine d’années plus tard. Là-bas, il s’adonne en peinture à tous les genres – scènes religieuses, scènes de genre, paysages et copies de la Renaissance. Le Museum Kunstpalast de Düsseldorf possède par exemple une intéressante copie par Ramboux de l’œuvre de Giotto (1267-1337), Saint François d'Assise recevant les stigmates (no. inv. R50). Il se constitue egalement une importante collection de tableaux. Sa nomination à Cologne en 1844 à la tête de la collection de Ferdinand Franz Wallraf (1748-1824) – aujourd’hui le musée Wallraf Richartz – l’amène finalement à revenir en Prusse. Par son parcours, Ramboux s’inscrit parfaitement dans la lignée des ‘artistes-connoisseurs’ si chers au XIXe siècle.
Dans ce joli petit tableau, Klontzas traite la Crucifixion, sujet iconographique cher aux Églises orthodoxe et romaine, à la manière d’une icône : son petit format en fait un objet de dévotion. Cet héritage post-byzantin se mêle aux motifs iconographiques de la peinture vénitienne, tels que les cavaliers et leur monture, et le clocher à l’arrière-plan – rappelant la Crucifixion de Vivarini (actif vers 1415-1480) conservée au musée d’art de la ville de Ravenne. Notre Crucifixion peut être rapprochée aussi de celle d’un autre peintre ayant marqué la Renaissance crétoise, Georgios Markazinis (actif au XVIIe siècle), où l’on retrouve également un paysage urbain à l’arrière-plan (Istituto Ellenico di Studi Bizantini e Postbizantini di Venezia, Venise).
Le traitement des drapés sinueux, aux plis accentués, des figures du premier plan – incluant entre autres la Vierge et saint Jean – rappelle ceux du Greco (1541-1614) dans son icône de la Dormition de la Vierge (fig. 1) conservée dans l’église éponyme d’Ermoúpoli. Les deux peintres se sont d’ailleurs connus : en 1564, Klontzas fut embauché par le Greco pour évaluer une icône (M. Constantoudaki, ‘Klontzas, Georgios c. 1535-1608’, dans G. Speak, Encyclopedia of Greece and the Hellenic Tradition, Abingdon-on-Thames, 2021, II, p. 893).
Il convient également de noter la provenance intéressante de ce petit panneau. Il figure à la vente après-décès de Johann Anton Ramboux (1790-1866) dont la page de titre du catalogue de vente rappelle la dernière fonction : ‘Conservateur du Musée de la ville de Cologne’. Né à Trèves, en Prusse, il lui est rapidement découvert un talent pour le dessin qui lui permet d’intégrer l’atelier parisien de Jacques-Louis David (1748-1825) en 1812. Fort de cette formation, il entre à l’Académie des beaux-arts de Munich en 1815 avant de déménager à Rome l’année suivante. Dans la ville éternelle, il fréquente le milieu nazaréen. Ce premier séjour italien (1816-1822) marquera Ramboux qui retournera y vivre une dizaine d’années plus tard. Là-bas, il s’adonne en peinture à tous les genres – scènes religieuses, scènes de genre, paysages et copies de la Renaissance. Le Museum Kunstpalast de Düsseldorf possède par exemple une intéressante copie par Ramboux de l’œuvre de Giotto (1267-1337), Saint François d'Assise recevant les stigmates (no. inv. R50). Il se constitue egalement une importante collection de tableaux. Sa nomination à Cologne en 1844 à la tête de la collection de Ferdinand Franz Wallraf (1748-1824) – aujourd’hui le musée Wallraf Richartz – l’amène finalement à revenir en Prusse. Par son parcours, Ramboux s’inscrit parfaitement dans la lignée des ‘artistes-connoisseurs’ si chers au XIXe siècle.