STATUE NKISI N’KONDI KONGO
STATUE NKISI N’KONDI KONGO
STATUE NKISI N’KONDI KONGO
3 More
Statue nkisi n’kondi Kongo

République démocratique du Congo

Details
Statue nkisi n’kondi Kongo
République démocratique du Congo
Hauteur : 96 cm. (37 ¾ in.)
Provenance
Collection Sodalité Saint-Pierre Claver, Fribourg, acquis avant 1914
Collection Eduard Hess (1921-2009), Oberwil
Collection Josef Müller (1887-1977), Soleure, acquis le 17 octobre 1959
Collection Monique (1929-2019) et Jean Paul (1930-2016) Barbier-Mueller, Genève (inv. n° 1021-5)
Literature
Paudrat, J.-L. et Savary, C., Collection Barbier Müller Genève. Sculptures d’Afrique, Genève, 1977, pp. 55 et 119, n° 50
Lehuard, R., Fétiches à clous du Bas-Zaïre, Arnouville, 1980, pp. 88 et 89, n° 46
Jones, J. et al., Exotische Kunst aus der Barbier-Müller Sammlung. Amerika, Afrika, Südsee, Soleure, 1981, pp. 104 et 105 Barbier, J.P., Magie en Afrique noire/Magische Kunst aus Afrika, Genève, 1986, pp. 8 et 14, n° 5 et 17
Thompson, R., « Zinkondi. Moral Philosophy coded in Blades and Nails », in Bulletin publié par l’association des amis du musée Barbier-Müller, Genève, juin 1986, n° 31, n° 1
Hierro, J., Hier, aujourd’hui, demain. Regards sur les collections et sur les activités du musée Barbier-Mueller 1977-1987/Yesterday, Today and Tomorrow. The Collections and Activities of the Barbier-Mueller Museum 1977-1987, Genève, 1987, p. 75
Schmalenbach, W. et al., Arts de l’Afrique noire dans la collection Barbier-Mueller/Afrikanische Kunst aus der Sammlung Barbier-Mueller, Genf, Munich, 1988, pp. 19, 238 et 307, n° 8 et 148
Barbier, J.P. et al., La vie et les passions d'un collectionneur. Josef Müller, 1887- 1977, Genève, 1989, p. 116, n° 78
Meyer, L., Afrique noire. Masques, sculptures, bijoux/Black Africa. Masks, Sculpture, Jewelry, Paris, 1991, p. 143, n° 133
Newton, D. et Waterfield, H., Sculpture. Chefs-d’œuvre du musée Barbier-Mueller/Tribal Sculpture. Masterpieces from Africa, South East Asia and the Pacific in the Barbier-Mueller Museum, Genève, 1995, pp. 160 et 161
Barbier-Mueller, M., « Entretien avec Arman », in Art tribal, Genève, 1996, p. 39, n° 4
Gaßner, H. et Vitali, C., Kunst über Grenzen. Die Klassische Moderne von Cézanne bis Tinguely und die Weltkunst - aus der Schweiz gesehen, Munich, 1999, pp. 345 et 456, n° 276
Sollers, P., Ormesson, J. d’ et al., 5000 ans de figures humaines. Cent regards sur les collections Barbier-Mueller, Genève, 2000, n° 72
Blanc, D., « Au pays des fétiches à clous », in Connaissance des arts, Paris, septembre 2002, p. 109
Chirac, J., Elsen, J. et al., De fer et de fierté. Armes blanches d’Afrique noire du musée Barbier-Mueller, Milan, 2003, p. 14, n° 2
Bargna, I., L'arte africana, Milan, 2003, n° 45
Alleva, A. d’ et al., Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller/Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, Genève, 2007, pp. 220-221 et 390
Moos, P., « Afrique et Océanie. Chefs-d’œuvre du musée Barbier-Mueller/ Africa and Oceania. Masterpieces of the Musée Barbier-Mueller », in Tribal Art Magazine, Arquennes, printemps 2008, n° 20, p. 61, n° 5
Denner, A. et Wick, O., Visual Encounters. Africa, Oceania, and Modern Art /Bildgewaltig. Afrika, Ozeanien und die Moderne, Bâle, 2009, vol. VI, n° 1
Baeke, V. et al., A Legacy of Collecting. African and Oceanic Art from the Barbier-Mueller Museum at The Metropolitan Museum of Art, Genève, 2009, p. 80, n° 19
Neyt, F., « L’univers songyé de Maurice de Vlaminck au musée Barbier-Mueller/The Songye World of Maurice de Vlaminck at the Barbier-Mueller Museum », in Arts & Cultures, Genève, 2015, n° 16, p. 144, n° 2
Lecomte, A., Lehuard, R. et al., Bakongo. « Les fétiches » mi-nkondi, mi-nkisi, Paris, 2016, p. 383
Martínez-Jacquet, E., « Aux origines du musée. L'aventure de la collection Barbier-Mueller/The Origins of the Museum. The Story of the Barbier-Mueller Collection », in Tribal Art Magazine, Arquennes, 2017, Hors-série n° 7, p. 21, n° 11
Barley, N. et al., Les collections Barbier-Mueller. 110 ans de passion, Grenoble, 2017, p. 160, n° 45
Bolz, F., African Art - Art africain - Afrikanische kunst - Arte africano - Arte africana - Afrikaanse kunst, Cologne, 2018, p. 266
McCurry, S., Steve McCurry & Musée Barbier-Mueller. Wabi-sabi, la beauté dans l’imperfection. Wabi-sabi, Beauty in Imperfection, Genève, 2021, p. 62, n° 82
Petridis, C. et al., The Language of Beauty in African Art, New Haven, 2022, pp. 301 et 332, n° 276
Exhibited
Genève, Musée Barbier-Mueller, Sculptures d’Afrique, 1er décembre 1977 - 23 septembre 1978
Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Exotische Kunst aus der Barbier-Müller Sammlung. Amerika, Afrika, Südsee, 2 mai - 20 novembre 1981
Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Magische Kunst aus Afrika, 1er juillet 1986 - 29 mars 1987
Genève, Musée Barbier-Mueller, Magie en Afrique noire, avril 1987
Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Afrikanische Kunst aus der Sammlung Barbier-Mueller, Genf, 27 février - 10 avril 1988 ; Francfort-sur-le-Main, Schirn Kunsthalle Frankfurt, 4 juin - 14 août 1988 ; Munich, Haus der Kunst, 17 décembre 1988 - 19 février 1989 ; Genève, Musée Rath, 15 mars - 15 mai 1989 ; Berne, Kunstmuseum Bern, 12 août - 22 octobre 1989
Paris, Mona Bismarck American Center, 5000 ans de figures humaines. Cent regards sur les collections Barbier-Mueller, 18 septembre - 2 décembre 2000
Paris, Musée Jacquemart-André, Afrique, Océanie. Les chefs-d’œuvre de la collection Barbier-Mueller, 19 mars - 24 août 2008
New York, The Metropolitan Museum of Art, A Legacy of Collecting. African and Oceanic Art from the Barbier-Mueller Museum, 2 juin - 27 septembre 2009
Riehen, Fondation Beyeler, Visual Encounters. Africa, Oceania, and Modern Art/Bildgewaltig. Afrika, Ozeanien und die Moderne, 25 janvier - 25 mai 2009
Genève, MIR - Musée International de la Réforme, 40 ans du musée Barbier-Mueller - Hors les murs, 12 janvier - 31 décembre 2017
Paris, Grand Palais, Biennale des Antiquaires, Les collections Barbier-Mueller. 110 ans de passion, 11 - 17 septembre 2017 Genève, Musée Barbier-Mueller, Steve McCurry & Musée Barbier-Mueller. Wabi-sabi, la beauté dans l’imperfection. Wabi-sabi, Beauty in Imperfection, 15 décembre 2020 - 29 août 2021
Further details
Kongo nkisi n'kondi figure, Democratic Republic of the Congo

Vidéo - © Thomas Lancz

Brought to you by

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

BERNARD DULON

« Ces hurleurs ont une harmonie. Ils font tout le ciel sonore. »1

Apanage de certains groupes Kongo les nkisi nkonde étaient, d’après Wyatt MacGaffey, des « résidences locales et des incarnations de personnalités du pays des morts au travers desquels les pouvoirs de ces esprits se mettent à la disposition des vivants ».2

Un ensemble de pratiques magiques, orchestrées par un praticien traditionnel, ou nganga, permettait de conférer à ces figures de bois une existence et une force spirituelle considérable. Mis au service de leur communauté, ils intervenaient dans la traque des malfaiteurs et des sorciers, la lutte contre les maladies et en toutes circonstances nécessaires à une ordalie.

Certains nkisi eurent une réputation telle que leurs services pouvaient être loués à une autre communauté n’en possédant pas afin d’y prodiguer bienfaits, justice et protection. À cette fin, le fétiche voyageait comme un important notable, en chaise à porteurs ou tipoy, et était accompagné d’un orchestre et d’une Cour. Ainsi la possession d’un tel trésor, si onéreux à fabriquer et si complexe à manipuler, pouvait asseoir la réputation et le pouvoir d’un village et de son chef ou mfumu sur toute une région.

Le fétiche à clous a toujours été objet de convoitise pour le collectionneur occidental qu’il renvoie sans doute à un temps où la sorcellerie était chose courante ou bien à de troublantes images du martyr de Saint Sébastien. Il s’impose au regard avec brutalité, exhibe son pathos et appelle au fantasme de l’autre. Son impressionnant attirail de clous, de lames et de charges magiques est un ancrage tangible au monde de l’occulte. Le fétiche à clous certes n’est pas discret !

Le nkisi nkonde de la collection Barbier-Mueller est hérissé depuis la taille de centaines de clous témoins de son efficacité thérapeutique. Sa posture royale encore bien visible, dite telama lwimbanganga3 , impose un respect immédiat et non négociable. Du magma de métal n’émergent que son bras droit levé qui jadis brandissait une lance et son impressionnant visage aux traits réalistes et soigneusement dessinés. L’œil se porte naturellement vers sa bouche immense, ouverte sur un interminable cri.

Les spécialistes du monde Kongo lui ont toujours conféré une position prépondérante dans le corpus restreint des effigies monumentales élaborées dans cette région comme l’attestent les très nombreuses publications dont il a été l’objet. Avec plus de génie encore dans l’agencement asymétrique des clous de son visage, il y côtoie d’autres chefs-d’œuvre comme le nkisi de l’Afrika Museum de Berg en Dal ou ceux des musées portugais de Lisbonne et de Faro.

Jadis dépositaire de pratiques magiques, le nkisi s’est figé pour l’éternité en l’image d’un hurleur dont la voix venue d’outre-tombe renforce la redoutable efficacité.

« Ce sont les objets qui nous choisissent et non le contraire. Il suffit de tendre l’oreille, ils nous appellent de toutes leurs forces », confiait un jour Jean Paul Barbier-Mueller à la journaliste Bérénice Geoffroy-Schneiter. Gageons que dans le cas de notre nkisi nkonde il aurait fallu être bien sourd pour ne pas en percevoir le cri.


“These howlers have a harmony. They make the whole sky resound.”1

According to Wyatt MacGaffey, the nkisi nkonde, which were the prerogative of certain Kongo groups, were “local residences and incarnations of personalities from the land of the dead, through which the powers of these spirits are made available to the living.”2

Through a series of magical practices orchestrated by a traditional practitioner, or nganga, these wooden figures were given existence and considerable spiritual power. Placed at the service of their community, they were used to track down criminals and sorcerers, to fight disease and in all circumstances necessary for an ordination.

Some nkisi had such a reputation that their services could be hired out to another community that did not have one, in order to lavish goodness, justice and protection on it. To this end, the fetish travelled like an important person, in a sedan chair or tipoy, accompanied by an orchestra and a Court. Thus, the possession of such a treasure, so expensive to make and so complex to handle, could establish the reputation and power of a village and its chief or mfumu over an entire region.

The nail fetish has always been an object coveted by Western collectors, no doubt harking back to a time when witchcraft was commonplace, or to disturbing images of the martyrdom of Saint Sebastian. It imposes itself on the eye with brutality, displaying its pathos and appealing to the fantasy of the other. Its impressive paraphernalia of nails, blades and magical charges is a tangible anchor to the world of the occult. The nail fetish is certainly not discreet!

The nkisi nkonde from the Barbier-Mueller collection bristles from the waist down with hundreds of nails, testimony to its therapeutic effectiveness. Its clearly visible royal posture, known as telama lwimbanganga3, commands immediate and non-negotiable respect. The only thing that emerges from the magma of metal is his raised right arm, which once brandished a spear, and an impressive face with its realistic, carefully drawn features. The eye naturally wanders to the huge mouth, open to an interminable scream.

Specialists of the Kongo world have always considered it to be one of the most important monumental effigies from this region, as the numerous publications about it attest. The asymmetrical arrangement of the nails on its face is even more ingenious, and it stands alongside other masterpieces such as the nkisi in the Afrika Museum in Berg (Dal) and those in the Portuguese museums of Lisbon and Faro.

The nkisi has been eternally frozen in the image of a howler whose voice from beyond the grave reinforces its fearsome effectiveness.

“Objects choose us, not the other way round. All you have to do is listen, and they call out to us with all their might”, Jean Paul Barbier-Mueller once confided to journalist Bérénice Geoffroy-Schneiter. Let's bet that in the case of our nkisi nkonde, you'd have to be pretty deaf not to hear the cry.

1Hugo, V., Les Travailleurs de la mer, Paris, 1866.
2Snoep, N., Carnets de Voyages, Sarran, 2010.
3In Thompson, R., Le geste kôngo, Paris, 2002 : « Debout, main gauche sur la hanche, main droite levée ou brandissant un bâton ou une arme/Standing, left hand on hip, right hand raised or brandishing a stick or weapon. »
4L’explorateur allemand Eduard Pechuël-Loesche eut en 1875 l’occasion de participer à une cérémonie au cours de laquelle un morceau de manioc inséré dans la bouche du fétiche était ingéré par les accusés qui, en cas de refus de confession de leur crime, étaient promis à une mort nkonde des plus terrifiantes/In 1875, the German explorer Eduard Pechuël-Loesche had the opportunity to take part in a ceremony during which a piece of manioc inserted into the mouth of the fetish was ingested by the accused who, if they refused to confess their crime, were promised a most terrifying death (Volper, J. et al., Résonance. Jean-Michel Basquiat et l’univers Kongo, Paris, 2022).

More from Barbier-Mueller : Art as Legacy

View All
View All