STATUE ULI
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Statue uli

Nouvelle-Irlande, Archipel Bismarck, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Details
Statue uli
Nouvelle-Irlande, Archipel Bismarck, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Hauteur : 90 cm. (35 ½ in.)
Provenance
Probablement collection Ethnologisches Museum, Berlin
Arthur (Max Heinrich) Speyer II (1894-1958), Berlin
Collection Serge Brignoni (1903-2000), Berne
Charles Ratton (1895-1986), Paris
Collection Jay C. Leff (1925-2000), Uniontown, Pennsylvanie
Parke-Bernet Galleries, New York, 4 octobre 1969, lot 112
John J. Klejman (1906-1995), New York
Collection Monique (1929-2019) et Jean Paul (1930-2016) Barbier-Mueller, Genève, acquis en 1973 (inv. n° 4313)
Literature
American Museum of Natural History, Faces and Figures. Pacific Islands Art from the Collection of Jay C. Leff, New York, 1965, n° 44
Gifford, P., The Iconology of the Uli Figure of Central New Ireland, New York, 1974, pp. 234 et 365, n° 127
Jeanneret, A., Laude, J. et al., Art d’Océanie, d’Afrique et d’Amérique. Récentes acquisitions. Collection Barbier-Müller, Genève, 1977, pp. 66 et 67, n° 48
Gifford, P., « Uli Figures », in Connaissance des arts tribaux, Genève, 1979, n° 1
Newton, D. et Waterfield, H., Sculpture. Chefs-d’œuvre du musée Barbier-Mueller/Tribal Sculpture. Masterpieces from Africa, South East Asia and the Pacific in the Barbier-Mueller Museum, Genève, 1995, pp. 310 et 311
Gunn, M., Nouvelle-Irlande. Arts rituels d’Océanie dans les collections du musée Barbier-Mueller/New Ireland. Ritual Arts of Oceania in the Collections of the Barbier-Mueller Museum, Lausanne, 1997, pp. 88 et 89, n° 11
Kan, M. et al., Art tribal. Musée Barbier-Mueller, Genève, 1997, plat recto et p. 23
Newton, D., Arts des mers du sud. Insulinde, Mélanésie, Polynésie, Micronésie. Collections du musée Barbier-Mueller/Art of the South Seas. Island Southeast Asia, Melanesia, Polynesia, Micronesia. The Collections of the Musée Barbier-Mueller, Paris, 1998, p. 246, n° 2
Gaßner, H. et Vitali, C., Kunst über Grenzen. Die Klassische Moderne von Cézanne bis Tinguely und die Weltkunst - aus der Schweiz gesehen, Munich, 1999, pp. 383 et 457, n° 318
Sollers, P., Ormesson, J. d’ et al., 5000 ans de figures humaines. Cent regards sur les collections Barbier-Mueller, Genève, 2000, n° 056
Barbier, J.P., « Confidentiellement vôtre... /Confidentially Yours... », in Arts & Cultures, Genève, 2003, n° 4, p. 255
Alleva, A. d’ et al., Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller/Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, Genève, 2007, pp. 320-321 et 394
Denner, A. et Wick, O., Visual Encounters. Africa, Oceania, and Modern Art/Bildgewaltig. Afrika, Ozeanien und die Moderne, Bâle, 2009, vol. XIII, n° 7
Beaulieu, J.-P., Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, Bornival, 2021, p. 169, n° U1-7
Exhibited
New York, American Museum of Natural History, Faces and Figures. Pacific Island Art from the Collection of Jay C. Leff, janvier - mai 1965
Genève, Musée Barbier-Mueller, Art d’Océanie, d’Afrique et d’Amérique. Récentes acquisitions. Collection Barbier-Müller, 1er juin - 31 octobre 1977
Paris, Mona Bismarck American Center, Nouvelle-Irlande. Arts rituels d’Océanie dans les collections du musée Barbier-Mueller, 30 avril - 28 juin 1997
Marseille, Centre de la Vieille Charité, MAAOA - Musée d'Arts Africains, Océaniens et Amérindiens, Arts des Mers du Sud. Insulinde, Mélanésie, Polynésie, Micronésie. Collections du Musée Barbier-Mueller, 5 juin - 4 octobre 1998
Paris, Mona Bismarck American Center, 5000 ans de figures humaines. Cent regards sur les collections Barbier-Mueller, 18 septembre - 2 décembre 2000
Riehen, Fondation Beyeler, Visual Encounters. Africa, Oceania, and Modern Art/Bildgewaltig. Afrika, Ozeanien und die Moderne, 25 janvier - 25 mai 2009
Further details
Uli figure, New Ireland, Bismarck Archipelago, Papua New Guinea

Brought to you by

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

JEAN-PHILIPPE BEAULIEU

Le uli Barbier-Mueller est une figure d’ancêtre puissant qui commanda de longs et complexes rites funéraires au centre de la Nouvelle-Irlande au XIXe siècle. Sa sculpture d’une grande finesse suit les canons de la statuaire uli, mais avec certains éléments uniques. Par exemple sa crête est très particulière, sa forme générale, moins élancée, plus ronde, se trouve sur trois des ulis noirs, dont celui de Michel Périnet (Christie’s, 23 juin 2021) et le Walden-Loeb-Vérité (Christie’s, 21 novembre 2017). Elle se rapproche aussi de celle du uli du musée du quai Branly - Jacques Chirac ou d’un des deux de la fondation Beyeler. Cette crête ne se trouve donc que sur des exemplaires anciens du corpus, tout en étant plus raffinée, traversée par deux rangées de dents pointues.

Début 1909, l’anthropologue allemand Augustin Krämer consigna dans son journal de bord, les discussions qu'il avait avec ses informateurs du centre de la Nouvelle-Irlande à propos des ulis. Ces derniers sont classés en douze types principaux, le premier s’appelant Selambungin Sonondos. Il commenta que sonondos signifie simple, sans ornement, bras pendants. Un seul montant central. Ce montant désigne l'élément vertical qui part de sous le menton jusqu'à la ceinture inférieure de la figure. Il rappelle la lance utilisée pour maintenir la tête d'un défunt lors de sa présentation sur une chaise mortuaire dans l'enceinte rituelle avant ses funérailles. Il s'agit également d'un élément courant dans les figures malangan. Dans notre monographie, Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, nous avons identifié deux-cent-trente-et-un ulis, dont vingt-huit ulis de ce type. Leur taille varie entre 90 et 158 centimètres. Ils sont tous munis d'un montant à l'arrière pour être portés, présentés ou accrochés à un poteau à l'entrée de la hutte de présentation du uli. Le uli Barbier-Mueller ainsi que celui d’André Breton qui régnait sur l’atelier du 42 rue Fontaine, sont des Selambungin Sonondos. En plus de ces vingt-huit ulis, il faut noter que douze des quatorze petits ulis, souvent surnommés les ulis noirs, sont également classés dans le type selambungin sonondos. On citera par exemple le uli Walden-Loeb-Vérité et celui de Michel Périnet.

Sous le nom Arthur Speyer, se cache une dynastie de marchands très prolixes qui ont obtenu un grand nombre d’objets des musées allemands. Dès les années 1920, les « doublons » pouvaient être vendus ou échangés, ce qui permettait d’enrichir les collections des musées d’objets manquants. Arthur Speyer I obtint ses premiers ulis en 1922, puis son fils Arthur Speyer II fut très dynamique dans la période 1924-1958. Arthur Speyer III, le petit-fils, prit un rôle de plus en plus important après la guerre. Nous avons identifié trente ulis avec comme provenance Arthur Speyer, et pour dix-huit d’entre eux, le musée d’origine est le musée de Berlin. Deux ont été obtenus du musée de Stuttgart, un de Brême, deux de Mannheim et un de Leipzig dans la période 1950-1968. Pour le uli Barbier-Mueller, ainsi que cinq ulis Speyer, nous n’avons pas le musée d’origine, mais le musée de Berlin est le plus probable. Le uli a changé de mains plusieurs fois, passant par l’artiste surréaliste Serge Brignoni, le marchand Charles Ratton puis le collectionneur américain Jay C. Leff. Le uli fut acheté lors de la vente Parke-Bernet Galleries du 4 octobre 1969.

L’exposition Visual Encounters. Africa, Oceania, and Modern Art de la Fondation Beyeler a marqué un tournant pour l’éveil du public aux arts premiers. Organisée par Oliver Wick et Antje Denner, elle suivait une philosophie voisine de l'approche de William Rubin vingt-cinq ans plus tôt : la légendaire exposition du MoMA, “Primitivism” in 20th Century Art. Affinity of the Tribal and the Modern, confrontait une sélection d'œuvres d'art africain et océanien à des chefs-d'œuvre de l'art moderne. L’exposition Beyeler ne s'est concentrée que sur quelques cultures emblématiques, en rassemblant des familles d’objets. Pour l’Océanie, on découvrait entre autre neuf ulis, dont le uli Barbier-Mueller, neuf figures de Nukuoro, des bouchons de flûtes mundugumor et des pagaies de danse rapa de l'île de Pâques. Voilà le panthéon des ambassadeurs de l’art océanien dont l’aura s'étend bien au-delà de leur culture d'origine pour en faire des chefs-d’œuvre universels.

Les essais du catalogue présentaient des informations sur la culture d'origine, et pas seulement une perspective sur leur influence potentielle sur l'art occidental. Placer les objets dans leur contexte culturel dans le catalogue tout en les présentant dans le contexte purement artistique des Visual Encounters était une approche innovante qui a été très appréciée par le public. Elle est maintenant devenu une exposition légendaire, avec le uli Barbier-Mueller comme l’un de ses ambassadeurs.


The Barbier-Mueller uli is a powerful ancestor figure who commanded long and complex funeral rites in central New Ireland during the 19th century. Its exquisitely refined sculpture follows the canons of Uli statuary, but with some unique elements. For example, its crest is very distinctive, and its overall shape, less slender, more rounded, is found on three of the black ulis, including Michel Périnet's (Christie's June 23, 2021) and the Walden-Loeb-Vérité one (Christie's, November 21, 2017). It is also close to that of the uli at the musée du quai Branly - Jacques Chirac or one of the two at the Beyeler foundation. This crest is therefore found only on early examples of the corpus, but is more refined, with two rows of pointed teeth running through it.

In early 1909, the German anthropologist Augustin Krämer recorded in his logbook the discussions he had with his informants in central New Ireland regarding the uli. The latter are classified into twelve main types, the first of which is called Selambungin Sonondos. He commented that sonondos means simple, unadorned, hanging arms. A single central post. This post designates the vertical element that runs from under the chin to the figure's lower belt. It is reminiscent of the spear used to hold the head of a deceased person as it is presented on a mortuary chair in the ritual enclosure before the funeral. It is also a common feature of Malagan figures. In our monograph, Uli. Powerful Ancestors from the Pacific, we identified 231 ulis, including 28 of this type. They range in size from 90 to 158 centimetres. They are all equipped with a post at the back to be carried, presented or hung from a pole at the entrance to the uli presentation hut. The Barbier-Mueller uli, as well as André Breton's, which presided the workshop studio at 42 rue Fontaine in Paris, are Selambungin Sonondos. In addition to these 28 ulis, twelve of the fourteen smaller ulis, often referred to as black ulis, are also classified as Selambungin Sonondos. Examples include the Walden-Loeb-Vérité uli and the Michel Périnet uli.

Behind the name Arthur Speyer lies a dynasty of very prolific dealers who gathered a large number of objects from German museums. As early as the 1920s, “duplicates” were sold or exchanged, enriching museum collections with missing objects. Arthur Speyer I acquired his first uli in 1922, and his son Arthur Speyer II was very active during the period 1924-1958. Arthur Speyer III, the grandson, played an increasingly important role after the war. We have identified 30 ulis with Arthur Speyer as provenance, and for 18 of them, the original museum is the Berlin Museum. Two were obtained from the Stuttgart museum, one from Bremen, two from Mannheim and one from Leipzig during the 1950- 1968 period. For the Barbier-Mueller uli, as well as five Speyer ulis, we do not have the museum of origin, but the Berlin museum is the most likely. The uli changed owners several times, passing through the hands of Surrealist artist Serge Brignoni, dealer Charles Ratton and then American collector Jay C. Leff. The uli was purchased at the Parke-Bernet Galleries sale on October 4, 1969.

The exhibition Visual Encounters. Africa, Oceania, and Modern Art at the Fondation Beyeler marked a turning point in public awareness of primitive art. Organized by Oliver Wick and Antje Denner, it followed a philosophy similar to that of William Rubin's approach 25 years earlier: MoMA's legendary exhibition “Primitivism” in 20th Century Art. Affinity of the Tribal and the Modern, presented a selection of works featuring African and Oceanic art along with masterpieces of modern art. The Beyeler exhibition focused on just a few emblematic cultures, bringing together families of objects. For Oceania, there were nine uli, including the Barbier-Mueller uli, nine Nukuoro figures, mundugumor flute stoppers and rapa dance paddles from Easter Island. This is the pantheon for ambassadors of Oceanic art, whose aura extends far beyond their culture of origin to make them universal masterpieces.

The catalogue essays presented information on the culture of origin, not just a perspective on their potential influence on Western art. Placing the objects in their cultural context in the catalogue, while presenting them in the purely artistic context of the Visual Encounters, was an innovative approach that was much appreciated by the public. It has now become a legendary exhibition, with the Barbier-Mueller uli as one of its ambassadors.

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