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Statue Singarin

Province Sepik oriental, Papouasie-Nouvelle-Guinée

Details
Statue Singarin
Province Sepik oriental, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Hauteur : 191 cm. (75 ¼ in.)
Provenance
Collection Paul Wirz (1892-1955), Bâle
Collection Lorenz Eckert, Bâle
Hans Hess, Bâle
Collection Josef Müller (1887-1977), Soleure, acquis ca. 1950
Collection Monique (1929-2019) et Jean Paul (1930-2016) Barbier-Mueller, Genève (inv. n° 4081)
Literature
Marquetty, M., Exposition d'art africain, d'art océanien. Galerie Pigalle, Paris, 1930, p. 23 et n° 322
Peltier, P. et al., Ombres de Nouvelle-Guinée. Arts de la grande île d’Océanie dans les collections Barbier-Mueller/Shadows of New Guinea. Art of the Great Island of Oceania from the Barbier-Mueller Collections, Paris, 2006, pp. 127 et 413, n° 64
Hourdé, C.-W. et Rolland, N., Galerie Pigalle. Afrique, Océanie, Paris, 2018, pp. 100 et 288, n° 322
Exhibited
Paris, Galerie du Théâtre Pigalle, Exposition d’art africain, d’art océanien, 28 février - 1er avril 1930
Paris, Mona Bismarck American Center, Ombres de Nouvelle-Guinée. Arts de la grande île d’Océanie dans les collections Barbier-Mueller, 3 octobre - 25 novembre 2006
Further details
Figure, Singarin, East Sepik Province, Papua New Guinea

Brought to you by

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

PHILIPPE PELTIER

De la région de l’embouchure du Sepik proviennent ces figures étonnantes où les formes du corps humain, les plus souvent masculines, sont traitées en silhouette sur laquelle se détachent, sculptés en relief, un visage et une, parfois plusieurs, figures animales. L’ensemble est peint de motifs qui évoquent les ornements portés lors des cérémonies. Dans certains exemples l’organisation de la sculpture se complexifie : les bords de la silhouette sont découpés afin de donner naissance par exemple à des figures animales. Tel n’est pas le cas ici. L’objet de la collection Barbier-Mueller est austère, ses formes d’une apparente simplicité. D’après Christian Kaufmann (voir Peltier, P. et al., Ombres de Nouvelle-Guinée. Arts de la grande île d’Océanie dans les collections Barbier-Mueller, Paris, 2006, p. 413, n° 64), elle fait partie des exemplaires les plus anciens au nombre desquels figurent des objets appartenant aux collections des musées d’ethnographie de Berlin et de Hambourg (voir Kelm, H., Kunst vom Sepik, Berlin, 1968, n° 32 et 43, pour Berlin, inv. n° VI 22.202 et VI 42.328 ; Reche, O., Der Kaiserin-Augusta Fluss, Hambourg, 1914, n° 1, Taf. XIX, pour Hambourg, inv. n° H.S. 1823). Toutes furent probablement taillées à la lame de pierre.

Nous possédons très peu de renseignements sur ces objets. Les villages d’où ils proviennent, situés dans la zone linguistique angoram, furent très vite convertis au catholicisme et les cultes traditionnels disparurent rapidement. Les informations les plus fiables sont celles données par Otto Reche dans le livre qu’il publia afin de rendre compte de l’expédition du musée de Hambourg qui remonta le Sepik au début du mois de septembre 1909. Reche, citant les informations recueillies par le chef de l’expédition, Friedrich Fülleborn, rapporte que ces pièces étaient gardées au fond des maisons des hommes, derrière une paroi de pétioles de sagoutiers peints. Il précise qu’elles représentaient des kadibon, des esprits ancestraux (Reche, O., op. cit., p. 123). D’autres sources donnent aussi le terme d’atei (Newton, D., New Guinea Art in the Collection of the Museum of Primitive Art, New York, 1967, n° 36-38). Le fait que ces figures ancestrales soient exposées, dissimulées derrière une paroi au fond de la maison des hommes, est congruent avec les pratiques en cours dans cette région du bas Sepik. Leurs formes fantomatiques apparaissaient dans la pénombre de l’enclos. Et leur accès était réservé aux hommes les plus importants du village bien que leur découverte par les jeunes garçons fasse partie des rituels d’initiation. Vides en temps normal, elles pouvaient être activées lorsqu’un village préparait une expédition guerrière ou une grande partie de chasse. Questionnées, elles prédisaient le déroulement et les résultats de ces expéditions.

Par sa présence hiératique, la découpe parfaite de sa silhouette, sa tête impassible, cet objet à la simplicité trompeuse est le témoin émouvant d’une époque à jamais révolue. Il va sans dire qu’un nombre restreint de ces objets ont survécu.


From the region around the mouth of the Sepik River come these astonishing figures in which the forms of the human body, most often masculine, are treated as silhouettes on which, sculpted in relief, a face and one, sometimes several, animal figures stand out. The ensemble is painted with motifs that evoke the ornaments worn during ceremonies. In some examples, the organization of the sculpture becomes more complex: the edges of the silhouette are cut away to represent animal figures, for example. This is not the case here. The object in the Barbier-Mueller collection is austere - its shapes seemingly simple. According to Christian Kaufmann (see Peltier, P. et al., Ombres de Nouvelle-Guinée. Arts de la grande île d'Océanie dans les collections Barbier-Mueller, Paris, 2006, p. 413, no. 64), it is one of the earliest examples, including objects from the collections of the Berlin and Hamburg Ethnographic Museums (see Kelm, H., Kunst vom Sepik, Berlin, 1968, no. 32 and 43, for Berlin, inv. no. VI 22.202 and VI 42.328; Reche, O., Der Kaiserin-Augusta Fluss, Hamburg, 1914, no. 1, Taf. XIX, for Hamburg, inv. no. H.S. 1823). All were probably carved with a stone blade.

We have very little information on these objects. The villages from which they come, located in the Angoram linguistic zone, were quickly converted to Catholicism and traditional cults soon disappeared. The most reliable information is provided by Otto Reche in the book he published to report on the Hamburg Museum expedition up the Sepik in early September 1909. Reche, citing information gathered by the expedition's leader, Friedrich Fülleborn, reports that these pieces were kept at the back of the men's houses, behind a wall of painted sago palm petioles. He specifies that they represented kadibon, ancestral spirits (Reche, O., op. cit., p. 123). Other sources also refer to them using the term atei (Newton, D., New Guinea Art in the Collection of the Museum of Primitive Art, New York, 1967, nos. 36-38). The fact that these ancestral figures are on display, hidden behind a wall at the back of men's houses, is congruent with current practices in this region of the Lower Sepik. Their ghostly forms appeared in the half-light of the enclosure. And access to them was reserved for the most important men in the village, although their discovery by young boys was part of the initiation rituals. Normally empty, they could be activated when a village was preparing a war expedition or a large hunting party. When questioned, they would predict the course and outcome of these expeditions.

With its hieratic presence, the perfect shape of its silhouette and its impassive head, this deceptively simple object is a moving reminder of an era that will never end. Needless to say, very few of these objects have survived.

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