Lot Essay
Il n’existe que quatre versions de la main de Pieter Brueghel le Jeune (1564-1636) de cette festive composition, imprégnée de toute la joie de vivre que savait représenter l’artiste dans son œuvre.
Brueghel illustre ici un repas de noces en accord avec les traditions de l’époque. Comme nous indique la présence des deux gerbes de paille accrochées au mur, le jour de fête a lieu après les moissons, période favorisée pour les noces. La mariée est assise au milieu de la table, sous sa couronne en papier. Les mains jointes et les yeux baissés, elle ne parle pas mais reste pensive parmi les invités, comme le souhaite la tradition. À droite de la mariée, le notaire est assis sur une chaise rehaussée ; son voisin de table, un moine franciscain, parle avec le notable à qui appartient le chien qui se cache sous la table.
Quant au marié, une première interprétation de la composition le reconnaît en la figure à gauche qui verse de la bière. À l’époque, il était coutume pour le marié de servir les invités et de ne rejoindre la mariée que le soir venu. Il a cependant été suggéré que la physionomie de ce personnage aux traits plus fins semble indiquer qu’il s’agit plutôt du serviteur du notable (voir K. Ertz in Pieter Breughel der Jüngere – Jan Brueghel der Ältere. Flämische Malerei um 1600. Tradition und Fortschritt, [cat. exp.], Lingen, 1997, p. 386). Le marié n’est de toute façon pas, selon la tradition, à chercher à table, et il est même tout à fait possible qu’il ne figure pas du tout dans la composition.
Le Repas de noces suit le modèle de Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569), exécuté vers 1568. Le tableau du père se trouve à Bruxelles jusqu’en 1594, date à laquelle il rentre dans la collection de l’archiduc Ernest d’Autriche (1553-1595). Il passe par la suite aux mains de Rodolphe II (1552-1612), empereur du Saint-Empire, et demeure en la possession des Habsbourg avant d’être transféré au Kunsthistorisches Museum à Vienne où il figure comme un joyau de la collection.
Des quatre versions connues du Repas de noces de la main du fils, seule la version ci-présente est pourvue d’une date. Il est marqué '1622', date qui correspond à l’orthographe du nom dans la signature 'P. BREVGHEL' (avant 1616 il signe 'BRVEGHEL'). Son nom écrit de la même façon apparaît sur la version du tableau qui se trouve actuellement dans la collection du musée des Beaux-Arts à Gand, datant également ce tableau d’une période ultérieure dans la carrière de l’artiste.
Comme l’indique Klaus Ertz (op. cit. supra, p. 646), il semble improbable de conclure d’après la date de ces deux tableaux que Pieter Brueghel le Jeune n’aborde ce sujet que dans la maturité de sa carrière. Il est plus plausible d’imaginer que l’artiste avait déjà repris cette composition pendant les années quatre-vingt-dix quand l’original du père se trouvait encore à Bruxelles.
Que le fils ait pu travailler d’après le tableau de son père est hautement probable au regard des importantes correspondances chromatiques dans leur travail respectif. Il serait étonnant de prétendre que Pieter le Jeune ait peint en rouge les manches de la chemise du personnage versant de la bière à gauche par hasard, ou qu’il ait décidé de remplir les bols de bouillie blanche, comme dans l’original.
Néanmoins, le fils a su apporter son style propre à la composition de son célèbre père. Nous pouvons citer parmi les éléments personnels de Pieter le Jeune une forte préférence pour les rouges vifs. Ainsi, l’homme assis au milieu de la composition qui met une cuillère dans sa bouche est habillé tout en rouge, et son compagnon en bout de la table porte un bonnet rouge. Leurs homologues dans l’œuvre du père sont habillés en noir et en gris.
Un autre trait caractéristique du fils est qu’il n’inclut pas les zones lisses que nous trouvons dans le tableau original. Il préfère par exemple rythmer la surface du sol en dessinant des petites fissures dans la terre sèche, ce qui a pour résultat de transformer cette zone en un élément décoratif de la composition.
Pieter le Jeune choisit également d’inclure un motif un peu plus osé qui ne se trouve pas dans la composition de son père. En haut à gauche, caché dans l’ombre, un couple qui s’embrasse sert de faire-valoir à la vertu de la mariée, figure au cœur du tableau. Ces changements, dont la liste ici n’est pas exhaustive, transforment le caractère du tableau original qui est plus tamisé, plus réservé, en une véritable célébration de joie et de vie.
Brueghel illustre ici un repas de noces en accord avec les traditions de l’époque. Comme nous indique la présence des deux gerbes de paille accrochées au mur, le jour de fête a lieu après les moissons, période favorisée pour les noces. La mariée est assise au milieu de la table, sous sa couronne en papier. Les mains jointes et les yeux baissés, elle ne parle pas mais reste pensive parmi les invités, comme le souhaite la tradition. À droite de la mariée, le notaire est assis sur une chaise rehaussée ; son voisin de table, un moine franciscain, parle avec le notable à qui appartient le chien qui se cache sous la table.
Quant au marié, une première interprétation de la composition le reconnaît en la figure à gauche qui verse de la bière. À l’époque, il était coutume pour le marié de servir les invités et de ne rejoindre la mariée que le soir venu. Il a cependant été suggéré que la physionomie de ce personnage aux traits plus fins semble indiquer qu’il s’agit plutôt du serviteur du notable (voir K. Ertz in Pieter Breughel der Jüngere – Jan Brueghel der Ältere. Flämische Malerei um 1600. Tradition und Fortschritt, [cat. exp.], Lingen, 1997, p. 386). Le marié n’est de toute façon pas, selon la tradition, à chercher à table, et il est même tout à fait possible qu’il ne figure pas du tout dans la composition.
Le Repas de noces suit le modèle de Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569), exécuté vers 1568. Le tableau du père se trouve à Bruxelles jusqu’en 1594, date à laquelle il rentre dans la collection de l’archiduc Ernest d’Autriche (1553-1595). Il passe par la suite aux mains de Rodolphe II (1552-1612), empereur du Saint-Empire, et demeure en la possession des Habsbourg avant d’être transféré au Kunsthistorisches Museum à Vienne où il figure comme un joyau de la collection.
Des quatre versions connues du Repas de noces de la main du fils, seule la version ci-présente est pourvue d’une date. Il est marqué '1622', date qui correspond à l’orthographe du nom dans la signature 'P. BREVGHEL' (avant 1616 il signe 'BRVEGHEL'). Son nom écrit de la même façon apparaît sur la version du tableau qui se trouve actuellement dans la collection du musée des Beaux-Arts à Gand, datant également ce tableau d’une période ultérieure dans la carrière de l’artiste.
Comme l’indique Klaus Ertz (op. cit. supra, p. 646), il semble improbable de conclure d’après la date de ces deux tableaux que Pieter Brueghel le Jeune n’aborde ce sujet que dans la maturité de sa carrière. Il est plus plausible d’imaginer que l’artiste avait déjà repris cette composition pendant les années quatre-vingt-dix quand l’original du père se trouvait encore à Bruxelles.
Que le fils ait pu travailler d’après le tableau de son père est hautement probable au regard des importantes correspondances chromatiques dans leur travail respectif. Il serait étonnant de prétendre que Pieter le Jeune ait peint en rouge les manches de la chemise du personnage versant de la bière à gauche par hasard, ou qu’il ait décidé de remplir les bols de bouillie blanche, comme dans l’original.
Néanmoins, le fils a su apporter son style propre à la composition de son célèbre père. Nous pouvons citer parmi les éléments personnels de Pieter le Jeune une forte préférence pour les rouges vifs. Ainsi, l’homme assis au milieu de la composition qui met une cuillère dans sa bouche est habillé tout en rouge, et son compagnon en bout de la table porte un bonnet rouge. Leurs homologues dans l’œuvre du père sont habillés en noir et en gris.
Un autre trait caractéristique du fils est qu’il n’inclut pas les zones lisses que nous trouvons dans le tableau original. Il préfère par exemple rythmer la surface du sol en dessinant des petites fissures dans la terre sèche, ce qui a pour résultat de transformer cette zone en un élément décoratif de la composition.
Pieter le Jeune choisit également d’inclure un motif un peu plus osé qui ne se trouve pas dans la composition de son père. En haut à gauche, caché dans l’ombre, un couple qui s’embrasse sert de faire-valoir à la vertu de la mariée, figure au cœur du tableau. Ces changements, dont la liste ici n’est pas exhaustive, transforment le caractère du tableau original qui est plus tamisé, plus réservé, en une véritable célébration de joie et de vie.