Pierre Soulages (1919-2022)
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Pierre Soulages (1919-2022)

Peinture 81 x 60 cm, 20 novembre 1954

Details
Pierre Soulages (1919-2022)
Peinture 81 x 60 cm, 20 novembre 1954
signé 'soulages' (en bas à gauche); signé 'SOULAGES' (au revers)
huile sur toile
81 x 60 cm.
Peint en 1954

signed 'soulages' (lower left); signed 'SOULAGES' (on the reverse)
oil on canvas
31 7⁄8 x 23 5⁄8 in.
Painted in 1954
Provenance
Kootz Gallery, New York.
M. Harry I. Caeser, Lichtfield (acquis auprès de celle-ci en 1955)
Collection particulière, Paris
Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Literature
P. Encrevé, Soulages, l'Œuvre Complet, Peintures, 1946-1959, Paris, 1994, vol. I, p. 31, no. 161 (illustré en couleurs, p. 191).
Exhibited
New York, Kootz Gallery, Pierre Soulages, mai 1955.
Sale Room Notice
Veuillez noter que ce lot, qui n’avait pas été marqué par un symbole dans le catalogue, est maintenant soumis à une garantie de prix minimum et a été financé avec l’aide d’un tiers qui enchérit sur le lot et peut recevoir une rémunération de Christie’s.

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Antoine Lebouteiller
Antoine Lebouteiller Head of Department

Lot Essay

« Je travaille vraiment avec la lumière plus qu'avec la peinture. » - Pierre Soulages

Avec sa structure dynamique étayée de larges coups de pinceau noirs révélant des lueurs et des fenêtres de lumière, Peinture 81 x 60 cm, 20 novembre 1954 est une composition singulière signée Pierre Soulages. Elle se trouve exposée au public pour la première fois depuis soixante-dix ans. Exécutée dans les années 1950, décennie qui marqua la reconnaissance du peintre en France comme aux États-Unis, cette œuvre révèle la force et l'équilibre du langage pictural de l’artiste. Les tons chauds de brun-rouge confèrent une belle luminosité aux barres de peinture sombres, évoquant l'intensité des clairs-obscurs des maîtres anciens. Entre les mains de Soulages, le noir révèle la luminosité de la couleur, et produit de majestueux effets de résonance.

« Je ne dépeins pas, je peins. Je ne représente pas, je présente. » - Pierre Soulages

Soulages a réalisé ses premières peintures abstraites en 1947, utilisant d'abord du brou de noix, une teinture sombre obtenue à partir de l’écorce de noix naturelles. Sur ses toiles, les formes calligraphiques du pinceau n'enregistrent pas le mouvement, le geste ou l'émotion, comme dans l'expressionnisme abstrait américain, mais elles assemblent plutôt un tout unifié, permettant d'arrêter le temps. Dans sa jeunesse, Soulages avait été inspiré par les peintures rupestres préhistoriques, ainsi que par l'architecture romane et les sculptures celtiques qu'il avait vues dans les environs de Rodez, sa ville natale. Travaillant à l'huile dans les années 1950, il commence à introduire des notes de couleurs chaudes et froides dans ses tableaux. La peinture translucide ou grattée génère de la brillance, le tout dans une architecture de plus en plus complexes de barres et de blocs sombres.

Le présent tableau a été vendu pour la première fois en 1955 par Samuel Kootz, qui était depuis l'année précédente le marchand attitré de Soulages à New York. Ayant suscité l'attention de conservateurs et de galeristes comme James Johnson Sweeney et Sidney Janis, la carrière de Soulages connaît alors un essor rapide aux États-Unis. En 1951, ses peintures sont présentées à travers tout le pays dans le cadre de Advancing French Art, une exposition collective organisée par Louis Carré. La Phillips Collection à Washington, D.C. est la première des institutions américaines à acquérir une œuvre du peintre aveyronnais. Sa participation à l'exposition Younger European Painters, en 1953, accroît sa notoriété, notamment auprès de nombreuses galeries new-yorkaises, et lui permet de nouer avec Kootz un partenariat qui durera douze ans.

La peinture de Soulages a rencontré un grand succès à l'apogée de l'expressionnisme abstrait, l'équilibre de ses toiles tranchant avec celles de ses contemporains américains. À l'inverse des compositions monochromes et anguleuses de Franz Kline, les œuvres de Soulages sont, comme le décrit le conservateur Sam Hunter, « beaucoup moins immédiates dans la sensation, consciemment modifiées et adoucies. Ses peintures jettent des reflets étranges et fumés qui suggèrent la lumière mystérieuse de Rembrandt ou des tenebrosi du Seicento. Ces effets approfondissent et enrichissent ses empilements de croix, simples ou doubles, et de zigzags de peinture noire, conférant à son art une curieuse émotivité et une parenté avec le grand art du passé. » (S. Hunter, « Pierre Soulages », in Art Digest, 1er mai 1954, p. 10). Peinture 81 x 60 cm, 20 novembre 1954 est riche de cette atmosphère particulière, qui irradie d'une splendeur intemporelle à travers le passé comme le présent.


''I’m really working with the light more than with the paint.'' - Pierre Soulages

With its dynamic structure of broad, commanding black brushstrokes revealing gleams and windows of light, Peinture 81 x 60 cm, 20 novembre 1954 is an exquisite early composition by Pierre Soulages. It has been unseen in public for seventy years. Painted during the 1950s—the decade in which he rose to acclaim in both France and the United States—it exhibits the strength and balance of Soulages’ newly mature idiom. Warm reddish-brown tones lend a rich underglow to the dark, architectonic bars of paint, which are lit with the drama of Old Masterly chiaroscuro. In Soulages’ hands, black becomes a way of discovering luminosity and colour, and conjuring a rich diversity of resonant effects.

''I do not depict, I paint. I do not represent, I present.'' - Pierre Soulages

Soulages had made his first abstract paintings in 1947, working initially in
brou de noix, a dark stain brewed from walnut husks. Their calligraphic forms did not record movement, gesture or emotion, in the manner of American Abstract Expressionism, but rather assembled a unified whole, bringing time to a standstill. Soulages sought an elemental grandeur in his art: he had been inspired as a youth by prehistoric cave paintings, and by the Romanesque architecture and ancient Celtic carvings he saw near his hometown of Rodez. Working in oil by the 1950s, he began to introduce notes of warm and cool colour into his paintings. Brilliance was glimpsed through translucent or scraped-back paint, and among increasingly complex configurations of dark bars, blocks and beams.

The present painting was first sold in 1955 by Samuel Kootz, who had become Soulages’ dealer in New York the previous year. Having caught the attention of curators and gallerists including James Johnson Sweeney and Sidney Janis, Soulages’ career took off rapidly in the United States during this period. In 1951 his paintings toured venues across the country in Advancing French Art, a major group show organised by Louis Carré. The Phillips Collection in Washington, D.C. became the first of many US institutions to purchase one of his works. His participation in the 1953 show Younger European Painters increased his profile further, leading to offers from many galleries in New York, and to a fruitful twelve-year partnership with Kootz.

Soulages’ paintings had a wide appeal during the heyday of Abstract Expressionism, even as their poise set them apart from the canvases of his American contemporaries. Contrasting them with the monochrome, angular compositions of Franz Kline, the curator Sam Hunter described Soulages’ works as ‘much less immediate in sensation, consciously modified and mellowed … his paintings throw off strange, smoky reflections that suggest the hallucinating light of Rembrandt or the Seicento tenebrosi. These effects deepen and enrich his piled-up crosses, double crosses and zig-zags of black paint, giving his art a curious emotionality and a relationship to the grand art of the past’ (S. Hunter, ‘Pierre Soulages’, in Art Digest, 1 May 1954, p. 10). Peinture 81 x 60 cm, 20 novembre 1954 is rich in this distinctive atmosphere, glowing with a timeless splendour that resounds across past and present.

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