.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
.jpg?w=1)
La Nouvelle Heloise, ou lettres de deux amans. Neuchtael et Paris : Duchesne, 1764.
Details
ROUSSEAU, Jean-Jacques (1712-1778)
La Nouvelle Heloise, ou lettres de deux amans. Neuchtael et Paris : Duchesne, 1764.
Précieux exemplaire de Julie de Lespinasse, salonnière proche des Encyclopédistes et épistolière elle-même infortunée en amour, avec sa signature au titre des quatre volumes.
“lisez [...] une page de Jean-Jacques, et je vous réponds que vous entendrez ma langue” (lettre au comte de Grillon, 14 janvier 1774).
Plus que toute autre lectrice contemporaine, Julie de Lespinasse (1732-1776) devait trouver écho à ses propres tourments dans la passion malheureuse contée par Rousseau dans la Nouvelle Héloïse : la violence de ses sentiments pour le marquis de Mora, qu'elle devait rencontrer quelques années après la publication du livre, la différence de fortune et de naissance entre eux, enfin l'impossibilité de leur mariage, tout relie les deux Julie dans leur infortune en amour. Elle-même épistolière, Julie de Lespinasse révèle la nature exaltée de ses sentiments dans de nombreuses lettres au marquis de Mora puis au comte de Guibert, second objet de ses passions contrariées. Dans un style étonnamment vigoureux, frôlant parfois le pathétique, elle s'y dépeint en héroïne tragique victime de l'ardeur de ses passions. Le marquis de Ségur, son premier biographe, consacre un chapitre entier de son ouvrage à l'amour dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : lorsqu'il évoque la révolution provoquée dans le coeur des femmes par les oeuvres de Rousseau, il affirme que "Mademoiselle de Lespinasse est la plus illustre victime de cette contagion romanesque."
"Elle est un personnage de roman, l'est à un tel point qu'on ne sait si elle a subi l'influence de sa lecture ou si les romans d'alors, qui nous paraissent le plus faux, ne sont pas la vérité d'alors." (A. Beaumier, La Vie amoureuse de Julie de Lespinasse, p. 190).
“Naturellement ardente, impétueuse, excessive, dès qu’elle eut entrevu l’abîme de la passion, elle s’y jeta à corps perdu, et ne put jamais se reprendre. Elle aime l’amour pour lui-même, et plus peut-être encore que son objet. Ce fut, en un instant, le centre et le but de sa vie. ‘Lisez dans le fond de mon âme, écrira-t-elle avec bonne foi, voyez-y plus encore et mieux que je ne vous dis. Peut-on exprimer ce qu’on sent, ce qui anime, ce qui fait qu’on respire, ce qui est plus nécessaire, oui, plus nécessaire que l’air, car je n’ai pas besoin de vivre et j’ai besoin d’aimer !’" (marquis de Ségur, Julie de Lespinasse, pp. 297-298).
Fille illégitime de Julie d'Albon, Julie de Lespinasse bénéficia d'une éducation exemplaire à Lyon. Arrivée à Paris en 1754, elle fit sensation dans le salon de sa tante Mme du Deffand, au point que certains invités prirent l'habitude d'arriver avant l'ouverture officielle pour s'entretenir avec elle. Grande amie de d'Alembert, à qui elle inspira une tendresse passionnée, Lespinasse ouvrit plus tard son propre salon rue Saint-Dominique, accueillant de nombreux rédacteurs de l'Encyclopédie et grands esprits de son temps, parmi lesquels Diderot, Turgot, Condorcet, ou encore David Hume : "si les assises officielles de l'Encyclopédie se tenaient rue Saint-Honoré, le minuscule salon de la rue Saint-Dominique en était le 'laboratoire'."
L'exemplaire présente les caractéristiques de l'édition 17C décrite par McEachern, avec la page 81 paginée 8L au tome 1, la faute “dee Matières” au vol. 2 mais la page 256 bien numérotée, qui permet de la différencier de l'édition 17B. Bien qu'il ait donné la première édition de la préface, il fallut attendre 1764 pour que Duchesne donne une édition du texte. Julie de Lespinasse possédait aussi un exemplaire de l'édition originale publiée par Rey en 1761, décrit dans la catalogue de la Bibliothèque Jean Bonna (XVIIIe siècle, n° 139), également signé par elle au titre de chaque volume. McEachern, 17C ; Cohen-De Ricci, col. 905-906.
4 vol. pet. in-8 (194 x 122 mm). Illustré d'un frontispice d'après Cochin et de 12 planches d'après Gravelot réparties dans les quatres volumes. Petites croix rouges manuscrites marginales au tome 2, des cahiers X à Bb. Reliure de l'époque : veau fauve marbré, triple filet doré en encadrement, dos lisse orné de petits fers dorés, pièces de titre et de tomaison en maroquin rouge et fauve, filet doré sur les coupes, tranches rouges. (Rousseurs et brunissures éparses, petits défauts de papier, charnières frottées, charnière supérieure du t. I fendue en partie inférieure, quelques accrocs aux plats).
Provenance : Julie de Lespinasse (ex-libris manuscrit au titre de chaque volume "Mademoiselle de Lespinasse") -- Mme Suard, Philippe-Albert Stapfer, bibliothèque du château de Talcy (vente du 16 novembre 1931, lot n° 97) -- Docteur Lucien Graux (1878-1944 ; ex-libris ; sa vente, 26 janvier 1957, lot n° 117).
Precious copy of Julie de Lespinasse, salon holder close to the finest thinkers of her time, with her autograph manuscript signature at the title of each volume. Like Rousseau's Julie, she was unfortunate in love and their tormented passions share a lot of similarities. Lespinasse's love letters were published in 1809, revealing an exalted writer opening up about the strength of her feelings and depicting herself as a tragic heroin victim of her passions.
La Nouvelle Heloise, ou lettres de deux amans. Neuchtael et Paris : Duchesne, 1764.
Précieux exemplaire de Julie de Lespinasse, salonnière proche des Encyclopédistes et épistolière elle-même infortunée en amour, avec sa signature au titre des quatre volumes.
“lisez [...] une page de Jean-Jacques, et je vous réponds que vous entendrez ma langue” (lettre au comte de Grillon, 14 janvier 1774).
Plus que toute autre lectrice contemporaine, Julie de Lespinasse (1732-1776) devait trouver écho à ses propres tourments dans la passion malheureuse contée par Rousseau dans la Nouvelle Héloïse : la violence de ses sentiments pour le marquis de Mora, qu'elle devait rencontrer quelques années après la publication du livre, la différence de fortune et de naissance entre eux, enfin l'impossibilité de leur mariage, tout relie les deux Julie dans leur infortune en amour. Elle-même épistolière, Julie de Lespinasse révèle la nature exaltée de ses sentiments dans de nombreuses lettres au marquis de Mora puis au comte de Guibert, second objet de ses passions contrariées. Dans un style étonnamment vigoureux, frôlant parfois le pathétique, elle s'y dépeint en héroïne tragique victime de l'ardeur de ses passions. Le marquis de Ségur, son premier biographe, consacre un chapitre entier de son ouvrage à l'amour dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : lorsqu'il évoque la révolution provoquée dans le coeur des femmes par les oeuvres de Rousseau, il affirme que "Mademoiselle de Lespinasse est la plus illustre victime de cette contagion romanesque."
"Elle est un personnage de roman, l'est à un tel point qu'on ne sait si elle a subi l'influence de sa lecture ou si les romans d'alors, qui nous paraissent le plus faux, ne sont pas la vérité d'alors." (A. Beaumier, La Vie amoureuse de Julie de Lespinasse, p. 190).
“Naturellement ardente, impétueuse, excessive, dès qu’elle eut entrevu l’abîme de la passion, elle s’y jeta à corps perdu, et ne put jamais se reprendre. Elle aime l’amour pour lui-même, et plus peut-être encore que son objet. Ce fut, en un instant, le centre et le but de sa vie. ‘Lisez dans le fond de mon âme, écrira-t-elle avec bonne foi, voyez-y plus encore et mieux que je ne vous dis. Peut-on exprimer ce qu’on sent, ce qui anime, ce qui fait qu’on respire, ce qui est plus nécessaire, oui, plus nécessaire que l’air, car je n’ai pas besoin de vivre et j’ai besoin d’aimer !’" (marquis de Ségur, Julie de Lespinasse, pp. 297-298).
Fille illégitime de Julie d'Albon, Julie de Lespinasse bénéficia d'une éducation exemplaire à Lyon. Arrivée à Paris en 1754, elle fit sensation dans le salon de sa tante Mme du Deffand, au point que certains invités prirent l'habitude d'arriver avant l'ouverture officielle pour s'entretenir avec elle. Grande amie de d'Alembert, à qui elle inspira une tendresse passionnée, Lespinasse ouvrit plus tard son propre salon rue Saint-Dominique, accueillant de nombreux rédacteurs de l'Encyclopédie et grands esprits de son temps, parmi lesquels Diderot, Turgot, Condorcet, ou encore David Hume : "si les assises officielles de l'Encyclopédie se tenaient rue Saint-Honoré, le minuscule salon de la rue Saint-Dominique en était le 'laboratoire'."
L'exemplaire présente les caractéristiques de l'édition 17C décrite par McEachern, avec la page 81 paginée 8L au tome 1, la faute “dee Matières” au vol. 2 mais la page 256 bien numérotée, qui permet de la différencier de l'édition 17B. Bien qu'il ait donné la première édition de la préface, il fallut attendre 1764 pour que Duchesne donne une édition du texte. Julie de Lespinasse possédait aussi un exemplaire de l'édition originale publiée par Rey en 1761, décrit dans la catalogue de la Bibliothèque Jean Bonna (XVIIIe siècle, n° 139), également signé par elle au titre de chaque volume. McEachern, 17C ; Cohen-De Ricci, col. 905-906.
4 vol. pet. in-8 (194 x 122 mm). Illustré d'un frontispice d'après Cochin et de 12 planches d'après Gravelot réparties dans les quatres volumes. Petites croix rouges manuscrites marginales au tome 2, des cahiers X à Bb. Reliure de l'époque : veau fauve marbré, triple filet doré en encadrement, dos lisse orné de petits fers dorés, pièces de titre et de tomaison en maroquin rouge et fauve, filet doré sur les coupes, tranches rouges. (Rousseurs et brunissures éparses, petits défauts de papier, charnières frottées, charnière supérieure du t. I fendue en partie inférieure, quelques accrocs aux plats).
Provenance : Julie de Lespinasse (ex-libris manuscrit au titre de chaque volume "Mademoiselle de Lespinasse") -- Mme Suard, Philippe-Albert Stapfer, bibliothèque du château de Talcy (vente du 16 novembre 1931, lot n° 97) -- Docteur Lucien Graux (1878-1944 ; ex-libris ; sa vente, 26 janvier 1957, lot n° 117).
Precious copy of Julie de Lespinasse, salon holder close to the finest thinkers of her time, with her autograph manuscript signature at the title of each volume. Like Rousseau's Julie, she was unfortunate in love and their tormented passions share a lot of similarities. Lespinasse's love letters were published in 1809, revealing an exalted writer opening up about the strength of her feelings and depicting herself as a tragic heroin victim of her passions.
Brought to you by

Adrien Legendre
Head of Department
Check the condition report or get in touch for additional information about this
If you wish to view the condition report of this lot, please sign in to your account.