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CAVALIER SENOUFO
Côte d'Ivoire, Région du Korhogo
Patine sacrificielle très ancienne, à l'engobe beige nuancée de rouge, signe que ce cavalier a été enduit de miel.
Test au Carbone 14 datant entre 1812 et 1920.
Hauteur: 44 cm. (17 ¼ in.)
Provenance
Léon Degand, Bruxelles, critique d'art moderne et spécialiste de l'abstraction. Proche ami d'Olivier Le Corneur avec lequel il a écrit en 1946 L'Art abstrait.
Collection Jacqueline Loudmer, Paris
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SENUFO RIDER

To the Senufo, the ancestral spirits (‘the dead’) are active members of the kinship group. They impose their moral codes on the community throught the Sandogo society, a group of mainly female diviners. The members of the society are known as sandobele (sing. sando). Whenever problems arise within the lineage, the sandobele can use divination to determine whether there is defilement (fworo) and who is responsible for it. In this way the sandobele act as protectors of the lineage. They ensure that marriage arrangements are complied with, and they exercice powerful social control.
According to the Senufo, divination is made possible by the madebele, or bush spirits. These ambivalent characters can can cause a great deal of trouble, but some of them are willing to act as helping spirits for a diviner – in return for their cooperation they impose strict rules on the sandoble. The success of a diviner depends on being on good terms with these madebele. Anyone plagued with misfortune or faced with difficulty, distress or uncertainty of any kind can seek assistance from these ritual experts.
The diviners’ sculptural repertoire includes standing anthropomorphic statues, seated female figures and mounted figures. These glorify the bush spirits. Some bush spirits prefer to travel on horseback, and the diviner may have a figure of a horseman made in order to please them. Moreover, the depicting of a helping spirit as a horseman emphasises its important position, for horses were the exclusive property of rulers and prominent people and are still considered symbols of power and authority. At the same time, a bush spirit on horseback can travel faster and visit more places, which makes for quicker and more efficient divination. However, equestrian figures are not essential to the divination process ; what is more, they are extremely expensive. They are in fact status symbols, as only sandoble with a large clientele can afford them. On the one hand, they are indicators of the sando’s skill ; on the other hand, they indicate the sando’s esteem, respect and deference towards her helping spirits.
A similarly heavily patinated figure (without spear) on a horseback was once in the collection of René and Mercedes Lavigne (Christie's, Londres, 24 mars 1988, lot 66). A similar coiffure can be found on a female figure that once belonged to Charles Ratton, puis à Arman et Nahon (cf. Gottschalk (B.), "Sénoufo. Massa et les statues du poro", Düsseldorf, 2002 : p. 200).

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Mathilde Bensard
Mathilde Bensard

Lot Essay

L'aspect hiératique et archaïque de ce cavalier le place dans la plus haute antiquité "Sénoufo". Ce personnage clé de la mythologie est le "grand ancêtre" qui arriva sur terre et s'incarna en cavalier. Il s'agit d'un rare témoignage, à l'apogée stylistique de l'art rituel Sénoufo. L'attitude du cavalier dénote sa maîtrise et son autorité. Sa lance représente son pouvoir magique. Son cheval aux proportions rigoureuses ajoute à l'émanation de puissance de cette sculpture.

Cette extraodinaire patine de miel et sacrifices animaux nous signale un objet “chargé” au plus haut degré de la puissante divinité Sénoufo. “La charge” de ce cavalier, indique qu’il a été au centre du culte durant plusieurs générations.

Le cavalier, sculpté à une échelle nettement plus grande que sa monture, porte une coiffe ou un casque tricorne, symbole de son haut rang. Ce magnifique cavalier est d’autant plus rare qu’une très grande partie de la statuaire Sénoufo a été brisée, détruite, ou perdue lors de l’apparition du culte du Massa, mouvement indigène iconoclaste et syncrétique, dans les années 1950 au Mali et en Côte d’Ivoire.

Pour les Sénoufo, les esprits des ancêtres (« les morts ») représentent des membres actifs du groupe de filiation. Ils imposent leurs codes moraux sur la communauté à travers la société Sandogo, un groupe principalement constitué de femmes devins. Les membres de cette société sont appelés sandobele (sing. sando). Chaque fois que des problèmes se posent dans la lignée, les sandobele peuvent utiliser la divination pour déterminer s’il y a eu une souillure (fworo) et qui en est le responsable. De cette manière, les sandobele agissent en tant que protecteurs du lignage. Ils s’assurent que les arrangements de mariage sont respectés et exercent un puissant contrôle social.

D’après les Sénoufo, la divination est rendue possible grâce aux madebele, ou esprits de la brousse. Ces personnages ambivalents peuvent causer de grands troubles, mais certains d’entre eux sont prêts à aider les devins. En retour de leur coopération ils imposent des règles strictes sur les sandobele. Le succès d’un devin dépend des bonnes relations qu’il entretient avec ces madebele. Toute personne en proie à un malheur, faisant face à des difficultés, à la détresse ou à l’incertitude, peuvent demander l’assistance de ces experts rituels.

La sculpture divinatoire comprend des statues anthropomorphes, des statues féminines assises ou des cavaliers. Elles sont sculptées à la gloire des esprits de la brousse. Certains de ces esprits préfèrent voyager à cheval, et le devin sculptera peut être une figure équestre pour lui plaire. En outre, le fait de représenter un esprit aidant sous la forme d’un cavalier souligne sa position importante, les chevaux étant la propriété des dirigeants et de personnalités. Ces animaux étaient considérés comme des symboles de pouvoir et d’autorité. De plus, un esprit de la brousse à cheval peut voyager plus rapidement et visiter plus d’endroits, rendant la divination plus rapide et efficace. Cependant, les figures équestres ne sont pas essentielles aux rituels divinatoires, qui plus est, elles sont extrêmement coûteuses. Elles sont donc des symboles de statut, car seuls les sandobele qui disposent d’une large clientèle en ont les moyens. D’un côté, elles sont les témoins du talent de sando, de l’autre, elles indiquent l’estime, le respect et la déférence du sando envers ses esprits aidants.

Une statue équestre similaire à l’épaisse patine (sans lance) fit partie de la collection René et Mercedes Lavigne (Christie’s, Londres, 24 mars 1998, lot 66). Une figure féminine à la coiffure similaire appartint à Charles Ratton, puis Arman et Nahon (cf. Gottschalk (B.), Sénoufo. Massa et les statues du poro, Düsseldorf, 2002, p. 200).

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