拍品專文
Ce lot sera vendu avec une copie de sa facture d'achat auprès de la galerie Jean-Jacques Dutko, datée 1995.
Sous les élégantes lignes d’un meuble d’Eugène Printz se repère la main d’un technicien du bois, auquel aucun secret de la matière n’échappe. Né en 1879 dans une famille d’ébénistes du Faubourg Saint Antoine, Printz eut pu suivre une tradition servile, répétant à l’infini les variations d’un mobilier de style réalisé à la perfection. Avant même que ne soient présentées ses propres créations, pointe cependant une singularité dans le choix du premier décorateur pour lequel il travaillera, Pierre Chareau. Pour Chareau, Printz réalisera quelques modèles lors de l’exposition de 1925. Si le vocabulaire de Printz ne ressemble pas à celui de Chareau, on retrouve chez les deux artistes une même passion du détail, de la belle finition, jusqu’au travail du métal, tout à la fois traditionnel par son exécution, novateur dans son rendu. Oscillant entre deux tendances, moderniste et baroque, l’ébéniste tracera un chemin singulier dans les Arts Décoratifs : des styles anciens, il conserve l’esprit des éléments décoratifs, qu’il allège, épure, transforme, où la passion d’un répertoire classique se perpétue en coiffeuses, cabinet, ou tables à jeu (lot 57). Du modernisme, l’intérêt des matériaux et procédés nouveaux, la laque, qu’elle soit végétale en collaboration avec Jean Dunand, ou artificielle (lot 55), le métal, de formes géométrisées mais jamais simplifiées. Contrairement à certains de ses contemporains souhaitant redéfinir l’espace de vie, ses créations et décorations ne s’imposent pas, elles s’intègrent avec harmonie aux intérieurs les plus modernes ou anciens, créant un dialogue, des points de contacts entre les époques, tout aussi à l’aise aux côtés d’un lampadaire de Dubreuil ou d’une commode Louis XV. Cette approche, presque modeste, n’empêche en rien les audaces, le goût du risque et de la difficulté : ses placages de palmier recouvrent parfois l’intégralité de ses créations, rompant avec une tradition française n’utilisant cette essence qu’avec parcimonie ou exception tant il est délicat de la travailler sur de grandes surfaces (lot 57). Toujours rare et précieux - une grande partie de son catalogue de modèles étant limitée à peu d’exemplaires et les variantes encouragées - il réalise ses meubles avec un soin méticuleux : il observe ses clients, les voit vivre, et enfin dessine ce qui ne constituera que le trait d’union vers le geste de l’artisan, fait de maquettes s’agrandissant au fil de la conception, jusqu’à ce qu’enfin, le maître ébéniste juge la pièce achevée et que l’œuvre finale apparaisse.
« Il est une épithète qui vient tout de suite s’accoler à son nom : celle d’ébéniste. »
Le Menuisier de France, cité dans Eugène Printz de J.-J. Dutko et G. Bujon, Les éditions du Regard, p. 14, 2018.
This lot will be sold with a copy of its original invoice from galerie Jean-Jacques Dutko, dated 1995.
Beneath the elegant lines of a furniture piece by Eugène Printz, one perceives the expert hand of a wood technician, for whom no secret of the material escapes. Born in 1879 into a family of cabinet-makers on the Faubourg Saint Antoine, Printz could have followed a submissive tradition, endlessly repeating the variations of a furniture style made to perfection. However, even before his own creations were presented, there was originality in the choice of the first decorator he worked for—Pierre Chareau. Printz produced a number of models for Chareau at the 1925 exhibition. Although Printz's creative vocabulary did not resemble that of Chareau’s, both artists shared a passion for detail and refined finishing, right down to their metalwork, which was at the same time traditional in its execution and innovative in its rendering. Oscillating between two trends, modernist and baroque, the innovative cabinetmaker traced a notable path in the Decorative Arts movement: from the old styles, he retained the spirit of the decorative elements, which he lightened, purified and transformed, and where his passion for a classical repertoire was perpetuated in dressing tables, cabinets or game tables (lot 57). In terms of modernism, there was an interest in new materials and processes, lacquer, whether vegetable in collaboration with Jean Dunand, or artificial (lot 55), metal, geometric shapes, but never simplified. Unlike some of his contemporaries, who wanted to redefine living spaces, his creations and decorative elements do not impose themselves, but blend harmoniously into the most modern or old-fashioned of interiors, creating a dialogue, points of contact between eras—equally at home alongside a floor lamp by Dubreuil or a Louis XV chest of drawers. His palm-tree veneers sometimes cover the entirety of his creations, breaking from a French tradition of using this exotic wood species only sparingly, or as an exception, given how delicate it is to work it on large surfaces (lot 57). Always rare and precious — most of his models were limited to a few copies where variations were encouraged —his furniture was created with meticulous care: he observed his customers, watched them live, and finally established what would be the only link to the craftsman's gesture, made up of models that grew larger as the design progressed—until finally, the master cabinetmaker judged the piece to be finished and the final work appeared.
“There is an epithet that immediately goes along with his name: that of cabinetmaker.”Le Menuisier de France, quoted in Eugène Printz by J.-J. Dutko and G. Bujon, Les éditions du Regard, p. 14, 2018.
Sous les élégantes lignes d’un meuble d’Eugène Printz se repère la main d’un technicien du bois, auquel aucun secret de la matière n’échappe. Né en 1879 dans une famille d’ébénistes du Faubourg Saint Antoine, Printz eut pu suivre une tradition servile, répétant à l’infini les variations d’un mobilier de style réalisé à la perfection. Avant même que ne soient présentées ses propres créations, pointe cependant une singularité dans le choix du premier décorateur pour lequel il travaillera, Pierre Chareau. Pour Chareau, Printz réalisera quelques modèles lors de l’exposition de 1925. Si le vocabulaire de Printz ne ressemble pas à celui de Chareau, on retrouve chez les deux artistes une même passion du détail, de la belle finition, jusqu’au travail du métal, tout à la fois traditionnel par son exécution, novateur dans son rendu. Oscillant entre deux tendances, moderniste et baroque, l’ébéniste tracera un chemin singulier dans les Arts Décoratifs : des styles anciens, il conserve l’esprit des éléments décoratifs, qu’il allège, épure, transforme, où la passion d’un répertoire classique se perpétue en coiffeuses, cabinet, ou tables à jeu (lot 57). Du modernisme, l’intérêt des matériaux et procédés nouveaux, la laque, qu’elle soit végétale en collaboration avec Jean Dunand, ou artificielle (lot 55), le métal, de formes géométrisées mais jamais simplifiées. Contrairement à certains de ses contemporains souhaitant redéfinir l’espace de vie, ses créations et décorations ne s’imposent pas, elles s’intègrent avec harmonie aux intérieurs les plus modernes ou anciens, créant un dialogue, des points de contacts entre les époques, tout aussi à l’aise aux côtés d’un lampadaire de Dubreuil ou d’une commode Louis XV. Cette approche, presque modeste, n’empêche en rien les audaces, le goût du risque et de la difficulté : ses placages de palmier recouvrent parfois l’intégralité de ses créations, rompant avec une tradition française n’utilisant cette essence qu’avec parcimonie ou exception tant il est délicat de la travailler sur de grandes surfaces (lot 57). Toujours rare et précieux - une grande partie de son catalogue de modèles étant limitée à peu d’exemplaires et les variantes encouragées - il réalise ses meubles avec un soin méticuleux : il observe ses clients, les voit vivre, et enfin dessine ce qui ne constituera que le trait d’union vers le geste de l’artisan, fait de maquettes s’agrandissant au fil de la conception, jusqu’à ce qu’enfin, le maître ébéniste juge la pièce achevée et que l’œuvre finale apparaisse.
« Il est une épithète qui vient tout de suite s’accoler à son nom : celle d’ébéniste. »
Le Menuisier de France, cité dans Eugène Printz de J.-J. Dutko et G. Bujon, Les éditions du Regard, p. 14, 2018.
This lot will be sold with a copy of its original invoice from galerie Jean-Jacques Dutko, dated 1995.
Beneath the elegant lines of a furniture piece by Eugène Printz, one perceives the expert hand of a wood technician, for whom no secret of the material escapes. Born in 1879 into a family of cabinet-makers on the Faubourg Saint Antoine, Printz could have followed a submissive tradition, endlessly repeating the variations of a furniture style made to perfection. However, even before his own creations were presented, there was originality in the choice of the first decorator he worked for—Pierre Chareau. Printz produced a number of models for Chareau at the 1925 exhibition. Although Printz's creative vocabulary did not resemble that of Chareau’s, both artists shared a passion for detail and refined finishing, right down to their metalwork, which was at the same time traditional in its execution and innovative in its rendering. Oscillating between two trends, modernist and baroque, the innovative cabinetmaker traced a notable path in the Decorative Arts movement: from the old styles, he retained the spirit of the decorative elements, which he lightened, purified and transformed, and where his passion for a classical repertoire was perpetuated in dressing tables, cabinets or game tables (lot 57). In terms of modernism, there was an interest in new materials and processes, lacquer, whether vegetable in collaboration with Jean Dunand, or artificial (lot 55), metal, geometric shapes, but never simplified. Unlike some of his contemporaries, who wanted to redefine living spaces, his creations and decorative elements do not impose themselves, but blend harmoniously into the most modern or old-fashioned of interiors, creating a dialogue, points of contact between eras—equally at home alongside a floor lamp by Dubreuil or a Louis XV chest of drawers. His palm-tree veneers sometimes cover the entirety of his creations, breaking from a French tradition of using this exotic wood species only sparingly, or as an exception, given how delicate it is to work it on large surfaces (lot 57). Always rare and precious — most of his models were limited to a few copies where variations were encouraged —his furniture was created with meticulous care: he observed his customers, watched them live, and finally established what would be the only link to the craftsman's gesture, made up of models that grew larger as the design progressed—until finally, the master cabinetmaker judged the piece to be finished and the final work appeared.
“There is an epithet that immediately goes along with his name: that of cabinetmaker.”Le Menuisier de France, quoted in Eugène Printz by J.-J. Dutko and G. Bujon, Les éditions du Regard, p. 14, 2018.