Lot Essay
Un mobilier redécouvert
L’extraordinaire ensemble de fauteuils régence du château de La Roche-Guyon est présenté au public pour la première fois en 1926, à l’occasion d’une exposition à la manufacture des Gobelins - toutefois sans aucune provenance.
C’est seulement le 21 mars 1935, lors de la vente de la collection de l’antiquaire Francis Guérault, que la suite des dix fauteuils – alors divisée en cinq lots – est présentée avec la provenance « collection du duc de La Roche-Guyon ». Sur ces cinq paires, seules quatre sont à ce jour identifiées :
La première paire est achetée par le marchand Ancel pour le compte de Moïse de Camondo (1860-1935), qu’il place en son hôtel particulier, 63 rue de Monceau et aujourd’hui conservée au musée Nissim de Camondo (inv. CAM 38.1 et 38.2).
La deuxième paire est offerte en 1973 au Metropolitan Museum, New York (inv. 1974.356.192) par Emma A. Sheafer après l’avoir achetée en 1964 à la galerie Rosenberg et Stiebel, New York.
Dans les années 1990 est découverte une troisième paire présentée par la galerie Aveline-Jean-Marie Rossi, Paris.
Enfin, la quatrième paire est celle que nous présentons ici.
Le commanditaire
Livrés pour le château familial de La Roche-Guyon (Val-d’Oise) vers 1730, le commanditaire de ces fauteuils n’est à ce jour toujours pas clairement identifié ; il subsiste un doute entre Alexandre, duc de la Rochefoucauld (1690-1762) et la duchesse de la Rochefoucauld, la mère d’Alexandre – bien que l’hypothèse du fils soit plus probable.
Nos deux fauteuils sont inventoriés pour la première fois en 1736 à la mort de la duchesse de la Rochefoucauld : « Dix fauteuils de bois de noyer sculpté à manchettes garnies de crin couverts d’ouvrage de la Savonnerie a fleurs de différentes couleurs servants dans la chambre de Compagnie estimés ensemble à la somme de six cents livres ». Leur absence avérée au château en 1728 et leur présence en 1736 laisse supposer qu’ils aient été fabriqués durant cette courte période. Nous retrouvons ces sièges dans des inventaires de 1786 et de 1848. Alors que l’autre mobilier majeur du château par Nicolas Heurtaut – commandé par la duchesse d’Anville, et parmi lequel un canapé et six fauteuils sont aujourd’hui conservés au Louvre (inv. OA 10290-10296) - est vendu au XXe siècle au marchand d’art Duveen, les fauteuils en Savonnerie sont eux acquis vers 1930-1935 par l’antiquaire Francis Guérault.
Les sièges en Savonnerie de La Roche-Guyon dans l’histoire du mobilier
Bien que réalisés vers 1730 dans un style très 1720 - que l’on retrouve dans l’emploi des coquilles, de la console d’accotoir en S décalée de l’axe du pied avant - ces fauteuils présentent un certain nombre de caractéristiques stylistiques des années 1700 que sont le grand dossier droit, les traverses rectilignes du dossier – hormis la traverse supérieure à ressaut central-, les larges manchettes garnies reliées au dossier et les pieds droits très peu galbés.
Ce décalage stylistique peut s’expliquer par l’emploi de la garniture utilisée. En effet, les garnitures en Savonnerie nécessitent des bois de siège à grands dossiers, donc de style Louis XIV. Par ailleurs, la solidité des couvertures en Savonnerie constitue l’une de ses qualités.
En effet, la manufacture de la Savonnerie produit peu de couvertures pour les sièges, contrairement aux tapis ou garnitures d’écrans et paravents.
Très peu de sièges couverts en Savonnerie sur fond jaune dit « Tané commun » sont connus. Parmi eux, citons le fauteuil de la collection Heidelbach- vente 16 octobre 1933, Paris, lot 31 - ou encore la suite de fauteuils à décor d’oiseaux d’après Desportes. Cependant, les fauteuils de La Roche-Guyon présentent sur leur couverture en Savonnerie un dessin de très grande qualité.
L’extraordinaire ensemble de fauteuils régence du château de La Roche-Guyon est présenté au public pour la première fois en 1926, à l’occasion d’une exposition à la manufacture des Gobelins - toutefois sans aucune provenance.
C’est seulement le 21 mars 1935, lors de la vente de la collection de l’antiquaire Francis Guérault, que la suite des dix fauteuils – alors divisée en cinq lots – est présentée avec la provenance « collection du duc de La Roche-Guyon ». Sur ces cinq paires, seules quatre sont à ce jour identifiées :
La première paire est achetée par le marchand Ancel pour le compte de Moïse de Camondo (1860-1935), qu’il place en son hôtel particulier, 63 rue de Monceau et aujourd’hui conservée au musée Nissim de Camondo (inv. CAM 38.1 et 38.2).
La deuxième paire est offerte en 1973 au Metropolitan Museum, New York (inv. 1974.356.192) par Emma A. Sheafer après l’avoir achetée en 1964 à la galerie Rosenberg et Stiebel, New York.
Dans les années 1990 est découverte une troisième paire présentée par la galerie Aveline-Jean-Marie Rossi, Paris.
Enfin, la quatrième paire est celle que nous présentons ici.
Le commanditaire
Livrés pour le château familial de La Roche-Guyon (Val-d’Oise) vers 1730, le commanditaire de ces fauteuils n’est à ce jour toujours pas clairement identifié ; il subsiste un doute entre Alexandre, duc de la Rochefoucauld (1690-1762) et la duchesse de la Rochefoucauld, la mère d’Alexandre – bien que l’hypothèse du fils soit plus probable.
Nos deux fauteuils sont inventoriés pour la première fois en 1736 à la mort de la duchesse de la Rochefoucauld : « Dix fauteuils de bois de noyer sculpté à manchettes garnies de crin couverts d’ouvrage de la Savonnerie a fleurs de différentes couleurs servants dans la chambre de Compagnie estimés ensemble à la somme de six cents livres ». Leur absence avérée au château en 1728 et leur présence en 1736 laisse supposer qu’ils aient été fabriqués durant cette courte période. Nous retrouvons ces sièges dans des inventaires de 1786 et de 1848. Alors que l’autre mobilier majeur du château par Nicolas Heurtaut – commandé par la duchesse d’Anville, et parmi lequel un canapé et six fauteuils sont aujourd’hui conservés au Louvre (inv. OA 10290-10296) - est vendu au XXe siècle au marchand d’art Duveen, les fauteuils en Savonnerie sont eux acquis vers 1930-1935 par l’antiquaire Francis Guérault.
Les sièges en Savonnerie de La Roche-Guyon dans l’histoire du mobilier
Bien que réalisés vers 1730 dans un style très 1720 - que l’on retrouve dans l’emploi des coquilles, de la console d’accotoir en S décalée de l’axe du pied avant - ces fauteuils présentent un certain nombre de caractéristiques stylistiques des années 1700 que sont le grand dossier droit, les traverses rectilignes du dossier – hormis la traverse supérieure à ressaut central-, les larges manchettes garnies reliées au dossier et les pieds droits très peu galbés.
Ce décalage stylistique peut s’expliquer par l’emploi de la garniture utilisée. En effet, les garnitures en Savonnerie nécessitent des bois de siège à grands dossiers, donc de style Louis XIV. Par ailleurs, la solidité des couvertures en Savonnerie constitue l’une de ses qualités.
En effet, la manufacture de la Savonnerie produit peu de couvertures pour les sièges, contrairement aux tapis ou garnitures d’écrans et paravents.
Très peu de sièges couverts en Savonnerie sur fond jaune dit « Tané commun » sont connus. Parmi eux, citons le fauteuil de la collection Heidelbach- vente 16 octobre 1933, Paris, lot 31 - ou encore la suite de fauteuils à décor d’oiseaux d’après Desportes. Cependant, les fauteuils de La Roche-Guyon présentent sur leur couverture en Savonnerie un dessin de très grande qualité.