拍品專文
UNE RARETE INSIGNE
Ce chef d’œuvre emblématique de la sculpture romantique est d’une rareté absolue. En effet, cette première version de « l’hippogriffe » ne fut éditée qu’à trois exemplaires seulement. La première, numérotée 1, fut un temps visible à la Cohen Gallery de New-York, avec une base différente formant une pendule. La seconde, numérotée 2, fut présentée par la Sladmore Gallery de Londres. La troisième est celle que nous présentons. Elle appartint à un grand amateur et connaisseur du XIXe siècle, spécialiste internationalement reconnu de l’œuvre de Camille Corot : Martin Dieterle.
La quatrième épreuve de l’hippogriffe, conservée au Metropolitan Museum de New-York (10.133.1), appartient déjà au corpus de la seconde version, dans laquelle l'animal fantastique est représentée la bouche fermée.
UN MANIFESTE DU ROMANTISME
Séduit par le surtout de table dit « des chasses » réalisé par Barye pour son frère aîné le duc d'Orléans (Paris, Musée du Louvre ; Baltimore, Walters Art Museum) ; le duc de Montpensier, cadet des cinq fils du roi Louis-Philippe, commande au sculpteur une garniture de cheminée en 1840. Angélique et Roger montés sur l'hippogriffe en constitue la pièce centrale et maîtresse.
Libre dans le choix du sujet, Barye emprunte son sujet au Roland furieux de l'Arioste (1532, chant X). « Roger brise les chaînes d'Angélique, la place sur l'hippogriffe, qui docile à l'éperon s'envole dans les plaines de l'air. Et tandis que l'orque pleure le morceau tendre et savoureux dérobé à son appétit, Roger couvre de baisers la gorge de sa compagne qui se presse contre lui. »
Cet épisode romanesque du poème lyrique a nécessairement stimulé l'imagination de nombreux illustrateurs, parmi lesquels figurent des artistes aussi illustres que Cochin ou Fragonard. Mais c'est à la faveur du romantisme que la délivrance d'Angélique connaît, sous les pinceaux d'Ingres ou le crayon de Doré, un regain d'intérêt. Tous les ingrédients du romantisme sont présents: la créature fantastique, la passion amoureuse qui décuple le courage du guerrier, la lutte contre les éléments, la relecture des textes anciens... Barye pour la première fois se hasarde à traduire ce fougueux élan dans le bronze. Il fait montre dans son groupe d'un sens merveilleux du mouvement. L'hippogriffe semble fendre l'air en s'envolant au-dessus de l'orque. Mais cette course effrénée n'empêche pas l'alanguissement du corps d'une Angélique reconnaissante.
À cette puissance générale s'oppose la finesse des détails: rivets de l'armure de Roger ou plumes du quadrupède ailé. Barye, qui a su par ailleurs échapper à l'influence de son époque pour donner à la sculpture de nouvelles perspectives, signe avec Angélique et Roger monté sur l'hippogriffe, en même temps qu'une illustration magistralement vivante de l'Arioste, un manifeste du romantisme.
Ce chef d’œuvre emblématique de la sculpture romantique est d’une rareté absolue. En effet, cette première version de « l’hippogriffe » ne fut éditée qu’à trois exemplaires seulement. La première, numérotée 1, fut un temps visible à la Cohen Gallery de New-York, avec une base différente formant une pendule. La seconde, numérotée 2, fut présentée par la Sladmore Gallery de Londres. La troisième est celle que nous présentons. Elle appartint à un grand amateur et connaisseur du XIXe siècle, spécialiste internationalement reconnu de l’œuvre de Camille Corot : Martin Dieterle.
La quatrième épreuve de l’hippogriffe, conservée au Metropolitan Museum de New-York (10.133.1), appartient déjà au corpus de la seconde version, dans laquelle l'animal fantastique est représentée la bouche fermée.
UN MANIFESTE DU ROMANTISME
Séduit par le surtout de table dit « des chasses » réalisé par Barye pour son frère aîné le duc d'Orléans (Paris, Musée du Louvre ; Baltimore, Walters Art Museum) ; le duc de Montpensier, cadet des cinq fils du roi Louis-Philippe, commande au sculpteur une garniture de cheminée en 1840. Angélique et Roger montés sur l'hippogriffe en constitue la pièce centrale et maîtresse.
Libre dans le choix du sujet, Barye emprunte son sujet au Roland furieux de l'Arioste (1532, chant X). « Roger brise les chaînes d'Angélique, la place sur l'hippogriffe, qui docile à l'éperon s'envole dans les plaines de l'air. Et tandis que l'orque pleure le morceau tendre et savoureux dérobé à son appétit, Roger couvre de baisers la gorge de sa compagne qui se presse contre lui. »
Cet épisode romanesque du poème lyrique a nécessairement stimulé l'imagination de nombreux illustrateurs, parmi lesquels figurent des artistes aussi illustres que Cochin ou Fragonard. Mais c'est à la faveur du romantisme que la délivrance d'Angélique connaît, sous les pinceaux d'Ingres ou le crayon de Doré, un regain d'intérêt. Tous les ingrédients du romantisme sont présents: la créature fantastique, la passion amoureuse qui décuple le courage du guerrier, la lutte contre les éléments, la relecture des textes anciens... Barye pour la première fois se hasarde à traduire ce fougueux élan dans le bronze. Il fait montre dans son groupe d'un sens merveilleux du mouvement. L'hippogriffe semble fendre l'air en s'envolant au-dessus de l'orque. Mais cette course effrénée n'empêche pas l'alanguissement du corps d'une Angélique reconnaissante.
À cette puissance générale s'oppose la finesse des détails: rivets de l'armure de Roger ou plumes du quadrupède ailé. Barye, qui a su par ailleurs échapper à l'influence de son époque pour donner à la sculpture de nouvelles perspectives, signe avec Angélique et Roger monté sur l'hippogriffe, en même temps qu'une illustration magistralement vivante de l'Arioste, un manifeste du romantisme.