拍品專文
Dès 1785, un an après l’achat du château de Rambouillet, Louis XVI élabore une rénovation afin de réconcilier Marie-Antoinette avec ce domaine de chasse dont elle n'apprécie pas l'aspect « gothique » et qu'elle aurait surnommé « crapaudière » (Antoine Maës, 2016, p. 12). Le projet initial d’un nouveau château néoclassique étant trop onéreux, le roi confie à son directeur des Bâtiments du Roi, le comte d’Angiviller, le réaménagement du parc et la création d’une laiterie, comme à Trianon. Déjà au XVIe siècle Marie de Médicis fit construire ce type de fabrique de jardin, puis Louis XIV dans sa Ménagerie de Versailles et le prince de Condé à Chantilly, mais la véritable multiplication et l’engouement pour ces constructions ornementales se constatent durant la seconde moitié du XVIIIe siècle en parallèle du développement des jardins à l’anglaise. « Les dames venaient prendre le lait, battre le beurre, & faire des fromages pour se délasser (…) des amusements champêtres » (Jacques-François Blondel, Cours d’Architecture, 1773) dans les laiteries de préparation tandis que les laiteries d’agrément sont un lieu de rencontre et de dégustation, constituées comme de véritables « temples du lait ». La laiterie de la Reine à Rambouillet est au carrefour de cette admiration d’un mode de vie pittoresque et des redécouvertes archéologiques initiées depuis le début du siècle.
Hubert Robert, peintre et dessinateur des jardins du Roi, est en charge de l’uniformité architecturale de cet écrin en grès blanc élevé en 1786, tandis que l'architecte Jacques-Jean Thévenin en élabore les plans. Héritage des modèles antiques, la Laiterie emprunte son vocabulaire plastique aux constructions romaines, et plus particulièrement à la rotonde des thermes de Dioclétien. Le décor quant à lui réemploie le thème de la pastorale à travers six médaillons, deux frises et un groupe en marbre commandés au sculpteur Pierre Julien. Ces sculptures sont accompagnées d’un ameublement complet dit « à l'étrusque » en acajou par le menuisier Georges Jacob et d’un service en porcelaine de la manufacture de Sèvres. Le groupe d’Amalthée est l’élément central de ce brillant ensemble néoclassique, intégré dans un impressionnant rocher artificiel en pierre de Vergelé toujours visible aujourd’hui et accompagné d’un ingénieux système hydraulique.
Julien, élève de Guillaume II Coustou, étudie à l’Académie française de Rome de 1768 à 1773 avant d’être agréé et reçu à l’Académie en 1778 et 1779. Alors souffrant à Lyon, le sculpteur répond pourtant à la sollicitation d'Hubert Robert pour le comte d’Angiviller dans une lettre du 29 novembre 1785 « J’espère, Monsieur, pouvoir vous donner bientôt des preuves de mon zele en vous adressant, si vous le desiréz, les esquisses de l’ouvrage de Rambouillet, je vous supplieray de me faire passer les observations qui vous seront dictées par la sureté de votre goût, et l’étendüe de vos lumieres » (op. cit. p. 31). Ne disposant que d’un court délai pour cette commande, le sculpteur du Roi rejoint son atelier parisien et produit ces modèles en quelques mois. La pièce maîtresse, le groupe de la nymphe Amalthée, nourrice de Jupiter accompagnée de la chèvre dont le lait nourrit le jeune dieu (Ovide, Les Fastes, chapitre V), répond parfaitement au programme iconographique de la fabrique. Le musée du Louvre en conserve une esquisse préparatoire (inv. RF 2309) de même que l’œuvre aboutie en marbre (inv. CC 230), considérée par Joachim Lebreton (1760-1819), secrétaire perpétuel de l’Institut de France, comme « la plus gracieuse statue de femme que les modernes aient produite.»
Notre présente sculpture constitue très certainement une étape inédite du processus de production de Pierre Julien, entre l’esquisse, le plâtre et l'œuvre finie. Cette hypothèse est largement renforcée par la grande qualité d’exécution, la finesse du traitement et la préciosité des détails de cette terre cuite. Provenant de la célèbre collection de l'industriel Camille Groult (1832-1908), la statuette a figuré, comme l’indique son étiquette, à l’Exposition universelle internationale de 1889 à Paris (cat. 02), avant d’être vendue à Drouot en 1954 et de réapparaitre sur le marché de l’art français en 2017. Si d’autres exemplaires en terre cuite et en plâtre de l’Amalthée de Julien existent, seule notre figure est traitée dans ces dimensions.
Hubert Robert, peintre et dessinateur des jardins du Roi, est en charge de l’uniformité architecturale de cet écrin en grès blanc élevé en 1786, tandis que l'architecte Jacques-Jean Thévenin en élabore les plans. Héritage des modèles antiques, la Laiterie emprunte son vocabulaire plastique aux constructions romaines, et plus particulièrement à la rotonde des thermes de Dioclétien. Le décor quant à lui réemploie le thème de la pastorale à travers six médaillons, deux frises et un groupe en marbre commandés au sculpteur Pierre Julien. Ces sculptures sont accompagnées d’un ameublement complet dit « à l'étrusque » en acajou par le menuisier Georges Jacob et d’un service en porcelaine de la manufacture de Sèvres. Le groupe d’Amalthée est l’élément central de ce brillant ensemble néoclassique, intégré dans un impressionnant rocher artificiel en pierre de Vergelé toujours visible aujourd’hui et accompagné d’un ingénieux système hydraulique.
Julien, élève de Guillaume II Coustou, étudie à l’Académie française de Rome de 1768 à 1773 avant d’être agréé et reçu à l’Académie en 1778 et 1779. Alors souffrant à Lyon, le sculpteur répond pourtant à la sollicitation d'Hubert Robert pour le comte d’Angiviller dans une lettre du 29 novembre 1785 « J’espère, Monsieur, pouvoir vous donner bientôt des preuves de mon zele en vous adressant, si vous le desiréz, les esquisses de l’ouvrage de Rambouillet, je vous supplieray de me faire passer les observations qui vous seront dictées par la sureté de votre goût, et l’étendüe de vos lumieres » (op. cit. p. 31). Ne disposant que d’un court délai pour cette commande, le sculpteur du Roi rejoint son atelier parisien et produit ces modèles en quelques mois. La pièce maîtresse, le groupe de la nymphe Amalthée, nourrice de Jupiter accompagnée de la chèvre dont le lait nourrit le jeune dieu (Ovide, Les Fastes, chapitre V), répond parfaitement au programme iconographique de la fabrique. Le musée du Louvre en conserve une esquisse préparatoire (inv. RF 2309) de même que l’œuvre aboutie en marbre (inv. CC 230), considérée par Joachim Lebreton (1760-1819), secrétaire perpétuel de l’Institut de France, comme « la plus gracieuse statue de femme que les modernes aient produite.»
Notre présente sculpture constitue très certainement une étape inédite du processus de production de Pierre Julien, entre l’esquisse, le plâtre et l'œuvre finie. Cette hypothèse est largement renforcée par la grande qualité d’exécution, la finesse du traitement et la préciosité des détails de cette terre cuite. Provenant de la célèbre collection de l'industriel Camille Groult (1832-1908), la statuette a figuré, comme l’indique son étiquette, à l’Exposition universelle internationale de 1889 à Paris (cat. 02), avant d’être vendue à Drouot en 1954 et de réapparaitre sur le marché de l’art français en 2017. Si d’autres exemplaires en terre cuite et en plâtre de l’Amalthée de Julien existent, seule notre figure est traitée dans ces dimensions.